Bonne nouvelle, un rayon de soleil inonde le site en milieu de journée, rien de tel pour réchauffer l’atmosphère ! D’autant que le groupe en charge d’inaugurer le programme va également tout donner pour faire monter la température de plusieurs degrés. Second lauréat du tremplin Ch’ti Rock, TT Twister va délivrer un Hard Rock, certes basique, mais de fort belle facture. Les nordistes font preuve d’une énergie sans faille, lors d’un set bien en place et sans temps morts, avec une aisance scénique remarquée, car il n’est pas toujours évident d’occuper l’espace sur une scène de cette grandeur ! Les 2 groupes régionaux  issus du tremplin ont été à la hauteur du challenge, qui a été relevé avec brio, démontrant ainsi  un potentiel intéressant pour l’avenir.

Rares sont les groupes programmés à Raismes qui explorent l’univers grunge, d’autant que cette année sera la bonne pour Goodgrief, après l’annulation de 2024. Si le style peut parfois désorienter les habitués d’un Rock plus « conventionnel », il faut bien reconnaitre que le quatuor français a de solides arguments à faire valoir. Les sonorités plus actuelles nous renvoient dans les années 90, au cours desquelles Pearl Jam ou encore Alice In Chains furent les plus fidèles représentants d’une mouvance qui aura marqué toute une époque. Ces influences majeures se ressentent particulièrement au niveau vocal, avec un timbre qui colle parfaitement à cet univers, mais également dans le jeu des guitares, tranchantes à souhait. L’ensemble distille tous les ingrédients pour passer un moment sympa avant de rentrer dans le vif du sujet.

Justement, le contraste est saisissant lorsque The Mercury Riots investi la scène ! Deux ans après leur première venue, les californiens qui avaient impressionnés par leur dynamisme reviennent mettre le feu ! Le temps de composer un nouvel album et de renforcer une expérience live déjà prometteuse, le quatuor est bien décidé à en découdre. Pas question de faire semblant, nous allons avoir droit à quarante minutes de pur Hard Rock n’Roll, rythmé, débordant d’énergie, partageant un enthousiasme communicatif. Sept morceaux extraits de « In Solstice » ont été interprétés, sur la dizaine prévus sur la set-list, soit la quasi totalité de l’opus, sur le marché depuis 2024. Il est clair que les compositions ont été crées pour tout exploser en live, démontrant que The Mercury Riots est véritablement dans son élément sur scène. Et même en dehors, quand le guitariste Felipe Rodrigo descend dans la fosse pour envoyer ses riffs au plus près d’une foule aux anges de vivre un tel moment. Une nouvelle fois, les 4 lascars on livré une prestation intense, qui a su faire bouger le public qui n’attendait que cela !

Il faut souligner la gestion parfaite du timing des changements de plateau, qui est respecté à la minute près. Il aura suffit d’un petit quart d’heure de mise en place pour accueillir The Karma Effect, dont le style correspond en tous point à l’ADN du festival. Nous sommes en présence d’un jeune groupe anglais, formé en 2020, influencé par les racines du Blues et du Rock, représentés par Nazareth ou Free. Il suffit de voir leurs looks pour s’en convaincre, nous sommes en présence d’un collectif à l’esprit vintage, dont le classic Rock a tout pour plaire. Les compositions sont bien en place, valorisées par d’harmonieuses mélodies, bien rythmées, qui vont séduire le plus grand nombre. Dans le chapitre des découvertes, The Karma Effect a pleinement  rempli son contrat, grâce à une qualité musicale et d’interprétation appréciée de tous.

Egalement originaire du Royaume Uni, Cats In Space diffuse son Rock à l’orientation FM depuis une dizaine d’années. Les claviers sont omniprésents au sein de compositions bien calibrées US, aux chœurs très présents et refrains entrainants. L’ensemble est cohérent, abouti musicalement, avec un sens de la mélodie imparable. Les accents progressifs viennent confirmer les qualités techniques de chaque protagoniste, notamment sur « Kickstart The Sun », une balade qui évolue au fil du morceau, dans des sphères d’une densité plus accrocheuse. Même s’il manque cette étincelle qui pourrait nous faire vibrer davantage, le style pour le moins « sirupeux » ne s’y prêtant pas, il faut bien reconnaître que la qualité de Cats In Space s’est exprimé de la plus belle des manières, permettant d’apprécier cette belle découverte.

Dans un registre plus psychédélique, Komodrag & The Mounodor peut surprendre dans un premier temps, à la vue de l’équipement sur scène, qui ne laisse pas un centimètre d’espace pour se mouvoir. En effet, relever le défi de positionner 2 batteries, des percussions, 3 amplis guitare, 1 ampli basse et un orgue Hammond est un petit exploit ! je vous laisse imaginer ce que cela peut donner dans un bar ! Le rassemblement de ces 7 musiciens résulte de la fusion de 2 groupes bretons, Moundrag et Komodor. Le résultat est sans appel : une musique sortie des années 70, un son vintage au service de créations qui méritent la palme de l’originalité de cette édition 2025. Le spectacle est au rendez-vous, car tout s’enchaine sans temps morts, ça bouge dans tous les sens dans un élan de spontanéité où les musiciens se lâchent totalement. Le public répond comme un seul homme aux sollicitations, jusqu’à la communion totale lorsque le bassiste Gaëtan « Goudzou » Convert descend dans la fosse, où son micro l’attendait ! Le partage des influences atteindra les sommets lors de la reprise de MC5 en 1970 avec « Ramblin’ Rose », envoyée avec fougue, pour terminer un set qui aura à coup sûr, transmis une sacrée dose de bonheur, en s’attaquant d’aussi belle manière aux fondements du Rock.

C’est au tour de Vanden Plas de proposer leur metal progressif, à une audience désormais plus compacte dans la fosse, composée de connaisseurs adeptes de ces longs chapitres mélodiques. Les Allemands ont réussi à nous faire rentrer dans leur monde en  alternant les passages « heavy » et les climats plus nuancés, chaque musicien démontrant une qualité d’interprétation irréprochable. Derrière le micro, Andy Kuntz fait preuve d’une grande amplitude, tout en modulant les intonations d’une voix sans aucune faiblesse sur l’ensemble du concert. Deux compositions récentes éditées en 2024 seront mises à l’honneur, « Sanctimonarium » et « My Icarius Flight », issues de « The Empyrean Equation of The Long Lost Things », sans oublier  l’excellent « Postcard To God » pour en terminer avec 70 minutes d’un show, bien servi par un son à la hauteur de la performance. Fidèles à leurs habitudes, les allemands ont régalé les fans, en proposant des compositions originales, qui nous plongent dans un univers épique et diablement jouissif, interprété avec beaucoup de maturité. Ce qui est somme toute logique, pour un groupe qui affiche déjà 40 années de service au compteur.

Assister à un concert de Dewolff, c’est un peu comme un retour aux sources du rock, se replonger dans les seventies pour retrouver l’essence même de la musique qui nous fait vibrer. Déjà présent sur cette même scène en 2019, le trio composé de Robin Piso à l’orgue Hammond et des frères Van de Poel, Luka à la batterie et le chanteur / guitariste Pablo. Ces derniers sont d’ailleurs à l’origine du groupe, formé en 2007 à Geleen, une province néerlandaise du Limbourg. C’est parti pour un déluge de riffs, de virtuosité de la part des 2 frangins qui s’échangent des amabilités en alternant les interventions guitare / clavier, d’une virtuosité à couper le souffle. L’absence de basse ne se fait nullement sentir, car l’omniprésence de la batterie et le mix avantageux va propulser cet ensemble agressif, tout en restant compact. Il se dégage une émotion et un feeling de tous les instants dans la jeu de guitare de Pablo, dont les notes flirtent à la fois tantôt vers les standards du Blues, tantôt vers les riffs plus agressifs version hard rock. On se demande même si certaines parties ne sont pas improvisées ! « War Pigs », la reprise de Black Sabbath en hommage à Ozzy Osbourne sera un temps fort d’un show de haut niveau qui aura marqué les esprits.

Le ton est donné dès l’entame du set de Wishbone Ash, avec « Living Proof » extrait de « Just Testing » sorti en 1980, suivi de « Runaway » et « Outward Bound » , tous deux issus du presque cinquantenaire « New England ». Le son est impressionnant de clarté, restituant parfaitement la rythmique qui propulse l’ensemble avec une sacrée efficacité. Derrière ses fûts, Mike Truscott, arrivé en 2022, trouve l’équilibre idéal entre la technicité et le côté pêchu, flirtant par moments avec des séquences  plus hard d’un rock toujours efficace. Mais c’est surtout Andy Powell qui centralise toutes les attentions. Le seul rescapé de la formation d’origine est dans un grand soir. Les années n’ont pas de prise sur sa voix toujours bien placée et aux intonations d’une grande justesse. Sa Flying V envoie les accords d’une précision et d’une maîtrise inégalable, sans oublier les solos au feeling unique. On se prend à avoir a chair de poule pendant les classiques que sont « F.U.B.B. », « Warrior » ou « The King Will Come« , sans oublier le sublime « Throw Down The Sword ». Nous avons le droit à un best of retraçant la riche carrière de Wishbone Ash, qui survole les périodes allant de « Phoenix » en 1970, jusqu’à 2014 avec « Deep Blue », seul titre rescapé de « Blue Horizons ». L’alternance des chorus avec Mark Abrahams, qui a rejoint la formation en 2018, prouve à quel point l’intensité de la complicité entre les 2 guitaristes est forte, pour distiller les sonorités uniques des ‘twin guitars’, devenues la marque de fabrique du groupe. Pour conclure ce set mémorable, on retrouve avec « Blowin’ Free », tout l’univers musical de Wishbone Ash, composé de climats progressifs, suivis de tempos plus rapides, pour atteindre le final dans un déluge de notes, au cours duquel les guitares semblent se répondre par solos interposés. Quelle démonstration musicale réalisée par ce groupe d’exception, qui prend beaucoup de plaisir à jouer tout en restant au somment après tant d’années passées sur les routes. Comment ne pas être conquis devant un tel show ? Le sourire des festivaliers restés en nombre, en dit long sur la satisfaction d’avoir assisté à une prestation maîtrisée de bout en bout, bien servie par des conditions techniques optimales.

Le millésime 2025 du Raismesfest a tenu toutes ses promesses, grâce à une programmation que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, faite de groupes émergents et de valeurs sûres. C’est toujours un régal de retrouver chaque année cette ambiance familiale, autour de cet événement incontournable. Vivement les 12 et 13 septembre 2026 pour la 26ème édition !

Remerciements à Sylvain Cotté et Philippe Delory

                                                                 Live Report : Alain & Marie-France BOUCLY

                                                                 Photos © 2025 Alain BOUCLY