Interview Red Beans & Pepper Sauce – Raismesfest 2025 & « La Rotonde / Terres-de-Caux (76)

Publié : 13 décembre 2025 par Alain B. dans Interviews, Musique, News
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Red Beans & Pepper Sauce propose une musique incandescente où la soul et le classic rock se mélangent avec une intensité rare. L’efficacité redoutable des compositions est propulsée par un jeu de guitare à la fois précis et tranchant, une rythmique puissante, des claviers omniprésents rappelant Deep Purple, et la voix gorgée de feeling de Jessyka Aké, véritable frontwoman, irrésistible sur scène.
Red Beans and Pepper Sauce est un groupe authentique, dont l’intensité live nous transporte au cœur des plus grandes légendes du blues et du Rock, avec une énergie sans faille. La sortie du 8ème album « Supernova », est l’occasion rêvée pour faire le point avec deux de ses membres, que je remercie pour leur disponibilité et gentillesse.

L’entretien a été réalisé avec le guitariste Laurent Galichon lors du concert au Raismesfest (59) le 13 septembre 2025, et avec la chanteuse Jessyka Aké lors du concert à « La Rotonde » de Fauville-en-Caux (76)  le 22 novembre 2025.

– Peux-tu revenir sur la création de Red Beans & Pepper Sauce et présenter le groupe  ?

Laurent : La création de Red Beans & Pepper Sauce remonte à 2010, et je reste le seul membre présent depuis l’origine. Jess (Jessyka Aké/chant) est arrivée en 2011, Serge Auzier (claviers) et Niko Sarran (batterie) nous ont rejoints en 2015, puis ce fût le tour de Pierrot (Pierre Cordier/basse), un ami de longue date, d’intégrer le groupe.

– Si tu devais définir votre style musical, quel serait-il ?

Laurent : C’est difficile à dire, car il y a ce côté « fusion », d’où ressort un style qui tourne autour du classic rock des groupes anglais de la fin des années 70, dont les leaders étaient Led Zeppelin et Deep Purple. A cette grosse base s’ajoute la musique soul provenant des États Unis, qui fait partie des influences de la plupart d’entre nous. C’est comme les deux faces d’une même pièce, qui, même si elles ne sont pas si proches que cela, restent dans le cahier des charges. Mais on aime ces deux trucs, donc parfois on les mélange, pour arriver à fusionner le classic rock et la soul énergique, électrique. Nous sommes davantage dans une ligne Fly & The Family Stone que Shade !

– «Supernova» est déjà votre 8ème album studio. Quels sont les évolutions ou où les différences marquantes par rapport aux précédents opus, si il y en a bien sur ?

Laurent : On a un peu voyagé à l’intérieur des ces deux influences dont je parlais précédemment. Sur l’album précédent, nous étions plus orientés vers le classic rock. Excepté un morceau, on avait laissé un la soul de côté. Et là, j’ai voulu rééquilibrer avec ce mélange des deux, même en jouant un morceau aux inspirations funky dans un festival de métal, cela reste très rock, donc les gens nous suivent.

– De nombreux invités ont apporté leur contribution à l’album «Supernova». Est ce que les morceaux ont été composé en tenant compte de chacun d’entre eux, ou ils se sont adaptés à la création en improvisant avec leur touche personnelle ?

 Laurent : Lors de la reprise de Sly & The Family Stone, nous savions à peu près qui nous allions inviter dessus. Pour le reste, nous avons d’abord créé les morceaux. Par exemple sur le titre « Hel », aux influences classic rock avec un gros riff de guitare, nous nous sommes dits que ce serait super de faire venir Fred Chapellier, qui adore ce style. Ça s’est fait comme ça, une fois les compositions prêtes, les invitations ont été lancées.

– Et par rapport à ces invités, quels sont les éléments qui ont dicté le choix de collaborer avec eux ?

Laurent : Nous avons fait de nombreuses rencontres pendant nos tournées qui se son bien passées. Quand nous avons rencontré Yarol, c’était cool. On jouait sur le même festival, et avons bien rigolé ensemble lors de l’after ! Même Fred Wesley, ça n’est pas juste quelqu’un que l’on a contacté comme ça. Il avait passé une soirée avec Niko, le batteur, sur un festival, où n’où n’avions pas joué ni l’un, ni l’autre ! Réunir ainsi toutes ces rencontres, les plus marquantes que nous avions eu, avait du sens. Pour chacun des invités, il ya une histoire différente, ce qui est bien. On voulait transformer en musique les rencontres faites en tournée.

– Quels sont les thèmes abordés dans les paroles de vos chansons ?

Laurent : J’évite d’aborder des choses trop personnelles, sachant que c’est Jess qui va les chanter, même si cela peut arriver. Après, avec Jess nous nous connaissons bien, je peux écrire sur sa vie, comme les bluesmen racontaient la leur. J’aime beaucoup raconter des histoires, inspirées par mon goût pour le cinéma et la fiction. Un peu comme des scénarios qui auraient pu devenir des films. Je parle également du monde qui nous entoure, qui ne va pas super bien !

Jessyka : C’est Laurent qui compose et qui a écrit le dernier album. Les thèmes tournent autour de l’amour, les revendications, mais plutôt dans ces choses absurdes du quotidien. Il s’inspire aussi beaucoup de l’univers des films « Marvel ».

– Justement, Le fait que tu ne soit pas l’auteur des textes, comment parviens-tu à te les approprier pour les intégrer et ainsi transmettre ton propre ressenti en live ?

Jessyka : Il y a beaucoup de liens avec ce qu’il se passe musicalement autour de moi, notamment les guitares de Laurent, les nappes de claviers de Sergio qui me transcendent, tout en tenant compte des textes qui permettent de m’imprégner complètement du morceau. Mais c’est surtout la musique qui me guide. Parfois, Il peut arriver que ma gestuelle n’ait rien à voir avec ce que je dis, mais c’est ce que je ressens musicalement. J’ai besoin que chaque note, chaque son entre en moi et je pense que ça fonctionne bien.

– De nombreux groupes contribuent au renouveau du Blues / Rock vintage en France. Qu’en penses-tu et quels sont ceux que tu apprécies particulièrement ?

Laurent : Ce que j’aime bien, c’est qu’il y en a pour tous les goûts. Il y a une grande diversité, car chacun a sa signature, sa propre personnalité. Il nous arrive d’en croiser certains, comme Little Odetta, mais je pourrais en citer d’autres au risque d’en oublier. Je trouve que c’est très diversifié. La scène blues rock est vivante, même s’il manque d’endroits pour jouer. En France, cela n’est pas simple quand on fait cette musique, il vaudrait mieux faire de la musique festive ou de la chanson française ! Il nous est parfois arrivé de jouer dans des endroits qui n’étaient pas destinés aux festivals, ni de blues, ni de rock, mais les programmateurs ont apprécié ce que l’on fait, et on tenté. Forcément le public était différent, beaucoup plus jeune, et cela s’est toujours  très très bien passé. Les programmateurs Français ont parfois des réticences, ce qui n’est pas le cas en Allemagne ou en Espagne, car dans ces pays on ne se pose pas ce genre de questions.

– Quelles sont les groupes ou artistes qui t’ont le plus influencé ?

Laurent : Si on reste dans la musique de Red Beans, même si j’écris les chansons, le groupe se les approprie. En général, j’envoie les compositions, avec la basse et la batterie, et chaque musicien apporte sa touche personnelle. Par exemple, Niko dégage la batterie, et refait un truc des milliards de fois mieux, et surtout, avec ses propres influences. Nous avons un tronc commun, c’est Led Zeppelin, car nous aimons tous ce groupe. Serge, forcément, en tant que claviériste, est davantage inspiré par Deep Purple, tandis que Jess est plus influencée par la soul. Dans la musique de Red Beans, il me semble que l’on entend beaucoup Led Zeppelin, et Hendrix. Mais pas ce côté « la guitare pour la guitare ». Hendrix a été un des premiers à mélanger le Rock et la Soul. Avec une étiquette un peu plus « variété », Lenny Kravitz fait ça admirablement bien depuis 30 ans, Gary Clarke Jr. également.

Jessyka : Mickael Jackson, que je j’ai beaucoup écouté, et que je connais sur le bout des doigts, Tina Turner et Stevie Wonder. Ce sont vraiment les artistes qui tournent en boucle chez moi et dont je ne me lasse pas.

– Les 3 albums que tu emmènerai sur une ile déserte ?

Laurent : Ça c’est chaud ! Il y a des albums, qui ne sont pas forcément mes préférés, mais qui ont été les plus marquants. Par exemple, même si j’écoute beaucoup de classic rock, il y a un truc que l’on définissait de new wave dans les années 80, c’est le live de U2 « Rattle And Hum ». Pourtant, même si ma musique n’en est pas inspirée, ça reste un de mes disques de chevet. Je m’éclate toujours à l’écouter, et puis c’est ma jeunesse, le moment où tu commences à jouer… Celui là, je ne pourrais jamais m’en séparer ! Après il y aura forcément un Hendrix ou un Led Zep. Pour Led Zeppelin, je dirais Led Zep « II », car c’est le premier que j’ai écouté, en boucle, et pour Hendrix, c’est difficile de dissocier les 3 albums, mais ce sera « Electric Ladyland » évidemment.

Et il n’y a pas les Beatles dans tout ça ! Tu veux que je partes sur une île déserte sans un album des Beatles ? Ça ne sera pas possible ! Ça fait 4 albums !

Jessyka : Oh là là ! « Off The Wall » de Mickael Jackson, ça c’est sûr, et un album de Tina Turner, même si j’en ai pas de favori, j’aime le personnage. Pour le troisième, c’est difficile, peut-être un album de Beyonce, dans un registre plus actuel.

– Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Laurent : Je viens d’écouter les 3 titres absolument sublimissimes de Robert Plant, extrait de son nouvel album qui sort à la fin du mois. Mon grand ami Olivier Mas, un fantastique Bluesman du sud de la France, m’e l’a conseillé, et c’est une tuerie, comme d’habitude avec Robert Plant. J’attend avec impatience la sortie de l’album le 26 septembre. Ce que fait ce type à 77 ans est exceptionnel. Il est le seul chanteur de cette génération à n’être pas devenu un tribute de lui même, car il a su se réinventer.

Jessyka : En ce moment, j’écoute Raye une artiste anglaise, et Jeff Buckley, que je ne connaissais pas, mis à part le titre « Hallelujah ». Dernièrement, j’ai  découvert le morceau « Grace », qui je ne dois pas être loin des 1000 écoutes par jour ! Quand j’aime un titre, ça en devient presque obsessionnel, il faut que je l’écoute plein de fois. Et en ce moment, c’est celui là, avec celui de Raye « Where Is My Husband ! »

– Un dernier mot pour Ride The Sky ?

Laurent : Continuez à écouter, continuez à aller voir des concerts, continuez à être curieux, continuez à vous intéresser à la musique, parce que si vous arrêtez, on ne sert plus à rien !

Jessyka : Merci de nous suivre, merci de nous écouter, merci pour votre soutien, et nous vous disons à très bientôt en live !

Remerciements : Philippe Delory / Raismesfest – Sylvain Cotté / Underground Investigation / Guillaume Defrance / « La Rotonde » Terres-de-Caux

Entretien Avec Laurent Galichon et Jessyka Aké réalisé par Alain & Marie-France Boucly

Photos ©2025 Alain Boucly