Malgré un météo incertaine, les rayons de soleil ont inondés le site du château de la princesse d’Arenberg, pour accueillir les premiers festivaliers à l’heure de l’apéritif. Il fallait mieux être ponctuel pour découvrir The Ladyboys, lauréat du tremplin organisé en mai dernier par le Ch’ti Rock, qui va ouvrir les hostilités sur cette grande scène qui trône dans ce parc verdoyant.
Le Glam rock du quatuor lillois s’avère efficace, avec des compositions aux mélodies simples et entraînantes, auxquelles s’ajoutent des refrains fédérateurs. The Ladyboys a fait preuve de conviction lors de cette belle entrée en matière, dans la pure tradition des groupes US des 80’s.

Le registre d’Abbygail se situe davantage dans le hard rock dit « classique », emmené par les 2 guitaristes Luke Debruyne et Maxence Thery qui a rejoint le groupe récemment. Après un premier passage à Raismes en 2017, nos 5 lascars reviennent défendre leurs nouveaux morceaux issus de l’album « Espace From Reality », dont le pressage du vinyle a à peine eu le temps de refroidir, puisqu’il sort officiellement ce jour ! Même si le style d’Abbygail ne révolutionne pas le genre, il faut bien avouer que c’est bien ficelé, parfaitement en place et en phase avec le public. De ce point de vue, le frontman Bertrand connait par cœur les recettes pour fédérer une audience, comme en témoignent les présentations de chaque groupe, à la fois argumentées et humoristiques… Mais revenons à cette prestation, qui respire la joie de jouer, dont les riffs et solos bien sentis, apportent cette touche nécessaire de créativité pour séduire le plus grand nombre.

Armellino, est un projet réunissant Yann Armellino et Vincent Martinez, deux forcenés de la guitare, complété par Alban Armellino à la batterie et Jacques Mehard Baudot à la basse. C’est l’occasion rêvée pour ces musiciens d’expérience, de nous faire découvrir en live, les pépites contenues dans « Heritage Blend » leur premier album sorti il y a tout juste un an. Armellino redonne vie au heavy blues des années 70 et 80, grâce à une complicité remarquée entre Yann et Vincent, le frontman issu de Carousel Vertigo, déjà à l’affiche du Raismesfest en 2014. On reconnait aisément les sources d’inspiration, qui oscillent entre le Whitesnake des débuts, Bad Company ou encore Humble Pie, ces groupes mythiques qui ont marqué toute une génération. Cette riche texture musicale a su puiser dans les racines du Rock pour les adapter à l’époque actuelle et transmettre cet héritage au delà des modes, pour notre plus grand plaisir. Ce set, même s’il manque un brin de folie, a su convaincre grâce à une interprétation particulièrement aboutie.

Le changement est radical dès l’arrivée de Red Beans & Pepper Sauce sur scène, qui va délivrer un set énergique et sans temps morts. Ce mélange de Blues, Hard Rock et soul, remarquablement servi par un son puissant, va marquer les esprits. La formation emmenée par la charismatique Jessyca Aké, dont la performance vocale impressionne, va enchaîner les brûlots incandescents digne des précurseurs du genre que sont Led Zeppelin, Mother’s Finest ou Gary Clark Jr. Leur dernier opus en date « Supernova », ne fait pas exception à la règle, démontrant une vraie identité tout en revendiquant leur ADN musical. La cohésion entre les musiciens est palpable, dans ces instants complices entre Jessyka et Laurent Galichon, l’orfèvre de la guitare qui distille ses notes magiques. La complémentarité avec les envolées aux claviers de Serge Auzier est également de mise, pour apporter cette touche vintage si caractéristique du groupe. Malgré l’averse lors du final, la prestation de Red Beans & Pepper Sauce nous a fait vibrer, grâce à des titres percutants et un dynamisme sans faille.

L’univers de Daran semble déconcerter quelque peu les spectateurs, dont la majorité d’entre eux ont trouvé refuge sous les tentes du Metal Market. Même s’il reste les plus téméraires devant la scène sous une pluie qui a redoublé d’intensité, le trio a fait preuve de professionnalisme en assurant le set dans ces conditions. Jean Jacques, le guitariste chanteur est également un compositeur, connu pour avoir collaboré avec Johnny Hallyday, entre autres. Le chant en français de ce rock incisif est direct, sans fioritures, essentiellement issu de « Grand Hôtel Apocalypse » enregistré en 2024. Musicalement, il manque ce petit quelque chose pour enflammer le public qui a du mal à se montrer réceptif, malgré les efforts qui n’auront pas été ménagés.

Freak Kitchen n’est pas inconnu des fidèles du festival, puisque c’est la 3ème fois que les suédois se produisent à Raismes, après 2006 et 2015. Le métal hybride des suédois est un mélange de heavy, prog, rock et jazz, qui semble partir dans tous les sens, mais qui ne laisse rien au hasard, les compositions étant structurées avec une précision chirurgicale. Composé de « IA » Eklundh au chant et à la guitare, Björn Fryklund derrière les fûts et du bassiste chanteur Christer Örtefors, le trio nous propose majoritairement les morceaux issus de « Confusion to the Enemy » et « Move », occultant le dernier opus en date paru en 2024. Seul le titre éponyme, « Everyone Gets Bloody« , interprété en ouverture du set, sera mis à l’honneur. Les gouttes d’eau se faisant plus rares, la technique hors normes des 3 protagonistes et la bonne humeur partagée ont revigoré une audience conquise.

En parlant de retour, celui d’Adrian Vandenberg ne va pas passer inaperçu. Le guitariste hollandais a mis de côté le projet Vandenbger’s Moonking avec lequel il nous a rendu visite en 2014, pour se produire sous la bannière « Performing Whitesnake hits ». Ayant accompagné David Coverdale de 1985 à 1991 et de 1994 à 1997, il est tout à fait légitime pour reprendre le répertoire du serpent blanc. Accompagné du batteur Koen Herfst, de Randy Van der Elsen à la basse et de l’ex Candlemass, Therion, Y. Malmsteen Mats Levén au micro, Adrian va nous gratifier des classiques incontournables de Whitesnake. « Fool for Your Loving », extrait de « Ready an’ Willing » (1980) donne le ton d’entrée de jeu, suivi de « Slide It In » et d’une succession de hits tels que « Bad Boys », « Here I Go Again » ou « Crying in the Rain ». Mats Levén assure les parties vocales dans l’esprit de la voix originale, tandis que le talent de Vandenberg prouve qu’il reste un guitariste hors pair, distillant les notes qui ont marqué la décennie des 80’s avec un toucher mêlant finesse et précision. Seuls deux titres seront issus de la période Vandenberg, extraits de l’album du même nom datant de 1982. On ne va pas bouder son plaisir de réentendre les joyaux que sont « Burning Heart » et « Wait » ! L’hymne « Still of the Night » viendra conclure une prestation aboutie sur tous les plans, devant une affluence de plus en plus dense.

Il est clair que le côté inédit de la tête d’affiche de ce samedi a su fédérer le plus grand nombre, attiré par la montée en puissance de Blues Pills, ce groupe suédois, qui écume les plus gros festivals européens depuis plusieurs années. L’arrivée de la frontwoman Elin Larsson va capter toute l’attention, car elle déborde d’énergie, sillonnant la scène de long en large, tout en faisant étalage d’une voix à la fois puissante et rugueuse, qui, par moments, n’est pas sans rappeler celle de Janis Joplin. Évoluant dans un registre résolument vintage, l’inspiration est directement liée aux 70’s, avec une consonance blues psychédélique, mêlée à des passages davantage orientés Hard Rock. Quatre titres du récent « Birthday », paru en 2024, vont mettre sur orbite le quatuor suédois, avant de piocher dans une discographie déjà conséquente, dont ressortira le millésime 2020 avec « Holy Moly! », représenté par « Proud Woman », « Low Road », « California » et « Bye Bye Birdy » en guise de final. Pour son dernier gig en remplacement du batteur habituel André Kvarnström, absent depuis plusieurs dates suite à une blessure, la souriante Lina Anderberg aura été hyper efficace ce soir.

La prestation de Blues Pills a tenue toutes ses promesses, grâce notamment à Elin Larsson qui a assuré le show jusqu’à descendre dans la fosse, l’idéal pour séduire de nouveaux fans ! Cette première journée, riche en découvertes et confirmations, se terminera par une belle ovation ! Vivement demain !
Remerciements à Sylvain Cotté et Philippe Delory
Live Report : Alain & Marie-France BOUCLY
Photos © 2025 Alain BOUCLY
