L’affiche a de quoi faire saliver pour les passionnés de Hard Rock, car ça n’est pas si souvent qu’une telle programmation leur est proposée dans la ville aux « 100 clochers ». Raison de plus pour faire le déplacement afin d’accueillir l’European Tribute d’Iron Maiden, Ed Hunters ainsi que les champenois de Gang, dont la dernière venue en Seine Maritime remonte à novembre 2015, à l’Arcade de ND de Gravenchon.
Mais entrons dans le vif du sujet avec Prophecy Of Apocalyspse, qui envoie un Heavy Trash version old School subtilement travaillé. Originaire de Rouen, le groupe donne tout ce qu’il a devant son public, déployant une énergie communicative. Les titres s’enchainent sans temps morts, emmenés par une section rythmique déjà bien rodée, malgré l’arrivée récente de Coralie à la basse et Maxime derrière les futs. La complémentarité des 2 guitaristes Antoine et Laurent permet de distiller une agressivité maîtrisée, donnant ce petit « plus » aux compositions que l’on a hâte de découvrir sur album, même si un EP 3 titres est déjà disponible. Jérémy n’est pas en reste vocalement, démontrant toutes ses capacités durant les 40 minutes d’un set au cours duquel Prophecy Of Apocalyspse a fait preuve d’un potentiel intéressant, pour monter en puissance dans son évolution.
Avec l’arrivée de Gang sur la belle scène du Bifröst, nous voilà plongé à la fin des 70’s, dans la glorieuse époque de la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal). Cette période dorée a vu naitre des groupes tels que Saxon, Tygers Of Pan Tang, Iron Maiden ou encore Def Leppard, devenus incontournables, même légendaires, n’ayons pas peur des mots ! Mais revenons à nos « gangsters », qui prouvent à chaque sortie qu’il sont véritablement taillés pour le live. Cela n’est pas pour rien qu’ils enchainent les dates à l’étranger, du Royaume Uni jusqu’à Chypre, en passant par les Canaries, chose que peu de groupes français sont capables de faire. Gang sur scène, c’est une joie de jouer communicative, un plaisir partagé avec les fans venus passer un bon moment. Cette décontraction n’empêche pas de balancer du très lourd, avec une majorité de titres extraits de l’excellent dernier opus « All For One », à vous procurer d’urgence ! Je vous conseille la version double vinyle au packaging soigné, poster, photos, carte postale… Vraiment un bel objet, sorti en édition limitée numérotée. Le ton est donné avec « Warchild », suivi par « The Devil In Me » enchainé avec l’hymne « Another Tomorrow ». Le refrain fédérateur de « Save Me » fait monter l’ambiance, et restera aussi chaude pendant « The Almighty », qui permettra à Bill de démontrer toute l’étendue de son registre vocal.
Les influences de nos 5 lascars sont a l’honneur avec le classique d’UFO « Doctor, Doctor », et le titre légendaire de Saxon « 747 (Strangers In The Night) » au cours duquel Biggy nous gratifie d’un solo que n’aurait pas renié Paul Quinn.
« All The Found Around » vient conclure une prestation très convaincante, pour un retour gagnant de Gang en Normandie !
Iron Maiden est devenu un mastodonte du Hard Rock, un groupe qui enchaine les albums et les tournées devant des millions de fans à travers le monde. Composé de classiques incontournables, le répertoire de la vierge de Fer est d’une richesse infinie, et il n’y a rien de mieux qu’un tribute pour en faire profiter, grâce à une set list pour le moins inattendue.
Ed Hunters fait partie de cette catégorie, réussissant l’exploit de transmettre l’esprit d’Iron Maiden dans un registre composé de titres rarement joués par le groupe original. D’entrée de jeu, l’album « Brave New World » est mis en évidence, avec « Wicker Man », « Ghost Of The Navigator », « Blood Brothers », sans oublier le titre éponyme. Tout de suite, on ressent un cohésion parfaite, matérialisée par une précision dans les enchainements des 2 guitaristes. Les solis alternent comme par magie, tout en arpentant la scène de long en large, ou faisant le show avec quelques poses bien senties. La fosse s’enflamme lors de « Wratchild », et reste sous pression pendant « 2 Minutes To Midnight » ! Comment passer à côté de ces titres aussi fédérateurs ?
Le contraste avec « Fear Of The Dark » est saisissant ! Ed Hunters prend alors sa véritable dimension avec un Steph déchainé, qui claque ses cordes à la manière d’un Steve Harris… tout vibrant à chaque accord… Et quel son ! L’ensemble est d’une rare intensité, propulsé par la frappe nette et précise de Rod. Voilà un batteur au jeu efficace, qui, sans en faire trop, est toujours dans le bon tempo, tout en distillant les finesses d’un jeu cymbales travaillé. La parfait exemple de la sobriété, qui met en valeur la composition en étant complètement dans l’esprit de celle ci.. Du grand art !
Pari réussi pour Ed Hunters, qui a proposé un gros show, parfaitement au point ! Et quelle prise de risques d’avoir sorti une set list aussi attrayante, faites de titres plus rares… C’était un plaisir, vraiment !
Report & photos © 2020 Alain BOUCLY