La salle de la Traverse à Cléon est renommée pour accueillir les plus grandes « pointures » internationales du Blues, avec les 2 évènements annuels devenus incontournables dans ce style très riche dans sa diversité. Après le « Blues From Mars » qui se déroule en mars et avril, c’est le « Blues de la Traverse » qui prend le relai d’octobre à décembre. Mais l’équipe organisatrice, emmenée par Paul Moulenes, sait élargir sa programmation aux genres plus « Rock », voire même Hard Rock, comme le prouve la longue liste des groupes qui ont eu l’honneur de jouer sur cette belle scène. Des légendes telles que UFO, Pat Travers, Michael Schenker, Wishbone Ash, Chis Slade, Skinny Molly ou encore Uli Jon Roth, ont permis de fédérer un autre public autour de ces formations et musiciens de renom. L’affiche de ce soir est dans la même veine avec D-A-D, dont la création remonte au début des années 80 !
Mais place à la musique avec les régionaux de l’étape Barbe Noire, qui officient dans la sphère australienne, fortement influencés par AC/DC. Les morceaux sont simples et efficaces, emmené par un frontman qui a su forger sa propre identité grâce à un registre vocal bien travaillé. Même si les compositions ne détiennent pas la palme de l’originalité, ce groupe venu d’Evreux a bien chauffé la salle en faisant passer un bon moment à une audience réceptive, et c’est l’essentiel !
La fosse est désormais plus dense lorsque Hangarvain prend possession de la scène. Les lueurs bleues fluo s’échappant du pied de micro contrastent avec les lights finement travaillées et mises en valeur par un dosage subtil des fumigènes. Formé en 2013, ce combo italien originaire de Naples distille un Rock énergique, dont la recette est basée sur une rythmique basique, sur laquelle s’ajoute un son et une structure parfois proche du courant alternatif. Malgré des titres à la ligne mélodique peu évidente, le public accroche à ce dynamisme contagieux, gage de qualité pour Hangarvain, qui enchaine les dates en ouverture de D-A-D sur toute la tournée. L’ovation en fin de set en témoigne, les napolitains ont créé la surprise, sans être annoncé à l’affiche d’une part, et grâce une prestation faite de compositions originales d’autre part.
« La Traverse » a la chance d’accueillir Disneyland After Dark, rebaptisé D-A-D suite à une plainte de l’empire Disney pour utilisation frauduleuse du nom, pour la première des 3 dates prévues sur notre territoire. Pendant quasiment 1 mois, le quatuor danois va sillonner les routes européennes pour promouvoir « A Prayer For A Loud », l’indispensable dernier album qui sera fort bien représenté ce soir.
Le ton est donné d’entrée de jeu avec « Burning Star », morceau qui ouvre également cet opus, et qui figure dores et déjà comme incontournable en live. Le son est clair, parfaitement dosé, idéal pour restituer toutes les finesses et subtilités des lignes mélodiques qui sont la marque de fabrique de D-A-D. Les show est rodé, avec notamment le bassiste Stig Pedersen, qui prouve qu’il est possible d’assurer une rythmique en béton avec une basse à 2 cordes ! Impressionnant, tout comme sa collection d’instruments tous plus délirants les uns que les autres. Pas moins de 6 versions différentes se sont succédées, avec la basse en plexi transparent, une autre en forme de croix de malte, la 3ème aux proportions improbables, la suivante repérable avec ses yeux lumineux sortant d’un squelette animal, puis celles au relief de feu arrière de voiture allumé, pour terminer par la fusée !
Le chant est remarquablement assuré par Jesper Binzer, qui s’emploie à communiquer et à faire réagir un public qui n’attend que ça ! Les titres s’enchainent sans temps mort, lors d’un show maitrisé de bout en bout à tous les niveaux avec une mention spéciale au toucher de guitare de Jacob Binzer, remarquable de feeling de et précision. Le très fédérateur « Sleeping My Day Away » va encore faire monter l’ambiance d’un cran, et permet d’apprécier la dextérité de Jacob lors d’un solo d’anthologie, tout en nuances. Les 2 frères Binzer se lancent en acoustique pour le premier rappel, avec une version de « Laught And A Half » du plus bel effet, avant de conclure par le dynamique « It’s After Dark » devant une audience conquise par un set parfaitement abouti.
Ce fut une belle découverte pour une partie du public, peu habituée à entendre un Rock un peu plus « musclé », mais la musique de D-A-D possède tous les atouts pour convaincre. La preuve ce soir ou le groupe a délivré une prestation qui restera gravée dans les mémoires. Pour ceux qui suivent les danois depuis de nombreuses années, c’est une nouvelle confirmation de leur capacité à rester au top, avec les nouveaux morceaux qui passent admirablement le cap de la scène, tout en se démarquant de la concurrence !
Rendez vous est pris à Chauny (02) pour le Rock’N Festival les 15 et 16 mai 2020 où l’on retrouvera D-A-D à l’affiche !
Un grand merci à Paul, Julien, l’équipe de « La Traverse » et Dominique de Muzivox