Reportage & Photos : Alain Boucly
Après deux années perturbées par les difficultés sanitaires, l’édition 2022 renoue avec le concept initial, basé sur une programmation mettant en avant les groupes à la notoriété internationale, ayant traversé de nombreuses décennies.
Et cette journée de samedi s’annonce prometteuse, grâce à une succession de formations mythiques comme Status Quo ou Alice Cooper, le groupe qui monte à vitesse grand V Rival Sons, et quelques belles découvertes. Cet ensemble savamment dosé a su trouver son public depuis la 1ère édition organisée en 2016, pour faire de cet événement un rendez vous devenu incontournable.
L’honneur d’ouvrir les hostilités est revenu à Manu Lanvin and The Devil Blues, qui distille un Blues vitaminé, voire bien Rock pour certaines compositions. L’énergie transmise sur scène y contribue d’autant plus, que Manu Lanvin ne se prive pas pour mettre le public dans sa poche, en le faisant participer et donner de la voix. Même si la présence d’un harmoniciste sur la majorité des titres redonne une couleur plus bluesy, la prestation d’ensemble reste maitrisée, et sera saluée comme il se doit par une audience conquise.
C’est sous un ciel menaçant que Seasick Steve prend possession de l’immense scène érigée dans le parc du Château de Tilloloy. Pas facile d’occuper un tel espace avec 2 musiciens, l’artiste californien étant simplement accompagné d’un batteur, élément forcément essentiel dans une telle configuration. Le backdrop géant apporte un contraste saisissant, d’autant que le chanteur guitariste ne sera debout qu’à de rares occasions. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, car ce line up minimaliste transmet une sacrée énergie. Les tempos bien marqués et variés propulsent un Blues authentique, dont la voix rauque raconte ses frasques dans les bars miteux, accompagné de sa guitare aux cordes cassées. Grâce à la belle découverte de cette musique sortie des clichés habituels, le pari de Seasick Steve est réussi !
Les amplis blanc soigneusement alignés annoncent l’arrivée de Status Quo, avec les premiers accords de « Caroline ». Le ton est donné, et sans surprise que la machine à hits va nous enchanter avec l’enchainement de leurs tubes incontournables. Après plus de 50 années de carrière et de tournées, Status Quo reste un groupe de scène, emmené par le dernier rescapé Francis Rossi, toujours aussi fringuant, plein d’humour et heureux d’être là. Même si les titres chantés par Richie Malone n’ont pas l’intensité et l’impact Rock d’un Rick Parfitt, les parties de guitare sont assurées dans l’esprit, et c’est bien l’essentiel. La rythmique est quand à elle parfaitement rodée, grâce à la dextérité de Léon Cave derrière ses fûts, qui sans en faire trop, reste toujours précis et efficace.
Même si nous sommes loin de la formation légendaire, « Rossi & Quo » prouve qu’il en a toujours sous le pied, l’assurance pour le public de passer un excellent moment.
La programmation du passage de Rival Sons après Status Quo a pu paraitre surprenante, surtout si l’on tient compte de ce que représente la légende anglaise comparé aux 13 années d’existence du jeune groupe américain.
Mais s’il est un pari à faire sur l’avenir, c’est bien avec Rival Sons qu’il faudra compter. Puisant ses racines musicales dans les seventies, représentée par Free ou Led Zeppelin, la formation originaire de Long Beach revendique ce style vintage dans son inspiration.
Dès l’entame de « Too Bad », extrait du dernier album « Feral Roots », le charisme du frontman Jay Buchanan se révèle un atout majeur. Mais c’est surtout la performance vocale qu’il faut souligner, avec une capacité d’atteindre les intonations les plus hautes tout en gardant une puissance constante quelque soient les registres. Le guitariste Scott Holiday enfonce le clou grâce au feeling d’un jeu tout en finesse, dont la sobriété valorise les morceaux.
Le son de batterie est d’une grande pureté, idéal pour apprécier la frappe soutenue de Michael Miley, à l’efficacité sans faille.
La prestation aboutie démontrée par Rival Sons, apporte la preuve que le genre Rock teinté de Blues aux sonorités vintage réactualisées, a de beaux jours devant lui grâce à cette formation promise aux plus grand succès.
Le Retro C Trop permet également à de jeunes groupes de participer à la fête. Un tremplin, organisé plusieurs semaines avant le festival, permet aux vainqueurs d’intégrer l’affiche. Dirty Dogz a eu la chance de franchir les étapes pour jouer juste avant Alice Cooper. C’est un rêve qui se réalise pour ce quatuor, qui a pu envoyer ses compositions qui sentent bon le Hard Rock australien, devant une foule bien compacte. Ces 30 minutes de bonheur partagé, et une expérience inoubliable, vont à coup sur permettre à Dirty Dogz de franchir un nouveau palier après avoir vécu cette belle expérience.
Après avoir joué au Hellfest la veille, le show Alice Cooper vient conclure cette journée de la plus belle des manières. Le spectacle délivré par l’une des plus grandes légendes du Rock tient toutes ses promesses, aussi bien visuellement que musicalement. La scène sur plusieurs niveaux est splendide, renforçant ainsi l’aspect théâtral du cauchemar d’Alice, avec en point d’orgue, la fameuse guillotine.
Les classiques s’enchainent à un rythme effréné, de « No More Mr. Nice Guy » à « I’m Eighteen », en passant par « Hey Stoopid » et « Poison », c’est un véritable best of qui nous est offert. Le talent des musiciens impressionne, tant par leur niveau que par leur cohésion, sans oublier l’aisance avec laquelle ils occupent l’espace.
Dans la continuité du titre « Black Widow Jam », Glen Sobel est à l’honneur lors de son solo, durant lequel il fait preuve d’une rapidité d’exécution sur ses fûts, couplée à un jeu de cymbales remarquable.
Seule au bord de la scène, la guitariste Nita Strauss, aura également l’occasion de démontrer toute sa technique et virtuosité, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
L’hymne « School’s Out » viendra clôturer un set abouti, bien servi par son énorme et des lights soignées, devant un public venu en grand nombre pour assister à une programmation de qualité, avec des groupes légendaires, mais aussi de nouveaux talents.
Reportage & Photos : Alain Boucly