Kaz Hawkins sera en concert @ Paris « Le Bal Blomet » le 13 octobre 2022
Quand on découvre sa voix, on se retrouve immédiatement embarqué sur les rives du Mississippi, dans les rues de Clarksdale ou de Memphis, en compagnie de ces grandes chanteuses de blues, de soul, de folk, de funk, de rhythm’n’blues… qui ont débuté dans la ferveur des choeurs de gospel. Pourtant Kaz Hawkins a vu le jour en Irlande du Nord et elle a fait ses classes dans les bars de Belfast où l’emmenait son père. Dans le chaos d’un pays déchiré par la ségrégation et la guerre civile.
Encore peu connue en France, Kaz a choisi de poser ses bagages chez nous. « Je suis tombée amoureuse de votre culture. Ici, je ne porte pas d’étiquette. Je suis libre d’entamer un nouveau chapitre ». Une déclaration d’amour réciproque quand on sait le chaleureux accueil que lui a réservé le public des festivals « Blues autour du Zinc », à Beauvais et « Cognac Blues Passions ».
Pour comprendre ces fêlures et cette émotion qui donnent à son chant une telle intensité, il faut remonter dans le temps. Celui où, petite fille, elle écrivait des poésies en cachette pour tenter d’oublier la douleur d’une innocence bafouée. C’est aussi l’époque de son premier radio-crochet auquel elle participe en interprétant «Secret Love» de Doris Day. Impressionné le directeur artistique de l’émission l’oriente alors vers un autre répertoire: celui d’Etta James. Un conseil qui va bouleverser la vie de la fillette de 12 ans. En écoutant la cassette « Saint-Louis Blues », rapportée du marché par sa grand-mère, Kaz range sa jolie robe en forme de meringue, ses partitions de «No, no Nanette» ou de «Tea for Two» pour se plonger dans cette musique qui la console. «J’ai entendu son chagrin et je m’y suis retrouvée. Je voulais chanter comme elle, mais sans chercher à l’imiter» se souvient-t-elle. Un héritage symbolique qui l’amènera plus tard à adopter le nom de celle qui l’inspire depuis toujours (pour l’état civil Etta James était née Jamesetta Hawkins).
Viendront ensuite les concerts avec des reprises d’Etta mais aussi d’Aretha Franklin ou de Joe Cocker. Des années marquées également par la violence dont elle porte encore les cicatrices. «La musique était une sorte de refuge, comme un doudou ! Lorsque je chante je me sens en sécurité. C’est mon histoire qui a fait de moi l’artiste que je suis, mais ce n’est pas ce qui me définit» confie-t’elle.
Autodidacte Kaz Hawkins a commencé à jouer sur une guitare prêtée par des copains qui lui enseigneront quelques bases. Il n’en faut pas davantage pour qu’elle commence à écrire et composer ses propres chansons.
Après 4 albums, 2 EP (maintenant introuvables), un live et une compilation, «My Life and I», distribué pour la première fois à l’international, apparaît comme un superbe trait d’union entre hier et aujourd’hui. Un pont franchi, le regard tourné vers ces « jours meilleurs » qu’elle appelle dans un grand éclat de rire.