Entretien avec Ludovic et Fabrice Loez réalisé par Marie-France BOUCLY lors du Chaulnes MetalFest le 26 mars 2016.
– Peux-tu nous parler un peu de « Rêveries » votre dernier album en date sorti il y a à peine 1 an ?
En fait on ne peux pas le considérer comme un nouvel album, car s’est un réenregistrement des morceaux sortis sur notre première démo en 1990. Nous avions à l’esprit de sortir un bootleg, mais finalement, à l’écoute des morceaux, notre label a préféré sortir ces titres là de façon officielle et avec une meilleure production. En plus, On en a profité pour y inclure 3 reprises.
Nous voulions également un pochette qui corresponde à ce qui se faisant dans les années 90, c’est pour cela que nous avons fait appel à Dan Seagrave pour sa conception.
– Pourquoi avez-vous fait le choix de reprendre les titres de Twisted Sister, Anthrax et Paradise Lost, plutôt que d’autres groupes ?
Ces morceaux nous plaisent vraiment, comme « The Beast » de Twisted Sister que Thierry (batteur du groupe ndr) et moi aimons beaucoup. Du coup, on s’est dit qu’on allait le reprendre. L’album de Paradise Lost nous a beaucoup marqué à l’époque, et pour Anthrax, c’est une demande de reprise pour le film « Aux Yeux des Vivants » de Julien Maury et Alexandre Bustillo. En plus, cela correspond parfaitement à la période ou nous avons composé les morceaux figurant sur cet album, ce qui donne une cohérence à l’ensemble.
– Si vous deviez définir votre musique, que diriez vous ?
C’est du metal atmosphérique, parfois doom, un peu death par moments. On peu dire que Supuration est dans la mouvance death metal atmosphérique. Après, on a du mal à trouver une classification précise, n’ayant pas vraiment un style bien défini.
– Aurais-tu un album à conseiller à quelqu’un qui souhaite découvrir le groupe et pourquoi?
Je pense que les 3 albums de Supuration qui font la trilogie du « Cube », même s’ils ne sont pas indissociables, sont une bonne référence pour découvrir le groupe.
Concernant S.U.P., cela dépend que ce l’on aime écouter, car les tempos sont assez variés. La musique de S.U.P. est un peu plus expérimentale, moins orientée vers le death.
– Au niveau de l’écriture, quels sont les thèmes et les sujets qui vous inspirent et pourquoi ?
Pour la trilogie du « Cube », c’est la réincarnation. Les thèmes fantastiques et la science fiction sont également abordés. Chaque album a son concept qui raconte une histoire complète à chaque fois.
Concernant S.U.P. et Supuration, ce sont 3 histoires qui en forment une seule sur les 3 albums. « The Cube », « Incubation » et « Cube 3 » sorti en 2013.
– Quel bilan fais tu après plus de 25 ans de carrière, chose rare pour un groupe français ?
Le bilan est plutôt positif, car on a réussi à faire ce que l’on voulait. De toutes façons, le but n’était pas de devenir riche et célèbre. Lorsque l’on débute, faut bien être conscient que pour durer, à la base on ne fait pas ça pour gagner des sous. Et quand c’est bien ancré dans la tête, on peut continuer à faire vraiment ce qu’il nous plait.
– Qu’es-ce vous écoutez en ce moment ?
Pas grand choses en ce moment…. Sinon, c’est très varié, de Depeche Mode à Carcass… Je réécoute aussi les albums vinyles des années 80, des vieux Saxon, Killing Joke, rien à voir avec ce que l’ont fait !
– Quelle a été votre source principale d’inspiration?
Les premiers albums de Pestilence m’ont beaucoup marqué. Pink Floyd a également été important, avec notamment « The Wall ».
– Quels sont vos projets discographiques pour Supuration comme pour S.U.P ?
Il va y avoir la sortie de tous les albums en support vinyle sur le nouveau label « Overpowered Records » et les rééditions de ceux de Supuration sur un label américain. Un album de S.U.P. est prévu pour 2017 plus la réédition de la discographie en vinyle avec une parution tous les 3 à 4 mois. Il y en a 6 au total, et le premier « Anomaly » vient de sortir il y a 15 jours et le prochain « Room Seven » est prévu pour le mois de mai.
– Vous êtes un des plus anciens groupes français encore en activité. Que penses-tu de l’évolution du business et de la scène métal en France?
Je pense qu’il y a beaucoup trop de groupes. Du coup, je suis sur que l’on passe à côté de truc intéressants, car à force d’écouter des choses de mauvaise qualité, on se lasse un peu et on a moins envie d’aller chercher de la nouveauté.
En fait , c’est surtout les musiciens qui sont trop nombreux, trop techniques aussi. Oui voilà, il y a trop de musiciens et pas assez de groupes. Je vois plutôt la notion de groupe comme une entité, ou tout le monde se serre les coudes. On y va à fond et on fait le truc ensemble !
J’ai l’impression que maintenant, les groupes de métal font preuve de moins de variété et d’originalité dans leur musique. C’était beaucoup plus éclectique auparavant avec des groupes comme Morbid Angel, Paradise Lost, Pestilence, ou chacun voulait être le plus original possible. Aujourd’hui, tout le monde fait un peu la même chose, avec des trucs saccadés, jouant rapidement mais sans feeling. Après cela dépend des groupes aussi, car on ne peut pas tout écouter !
Réalisation: Marie-France BOUCLY
Photos: © 2016 Alain BOUCLY