Le troisième et dernier jour du festival de l’enfer voit un soleil radieux inonder le site, l’idéal pour profiter de cet environnement magique et alterner un programme riche en têtes d’affiches et la découvertes des valeurs montantes sur les scènes annexes.
Et pour vivre intensément cette journée, c’est tout naturellement qu’une petite mise en jambes vers la mainstage 2 s’impose, pour assister au premier concert dominical sur le coup de 10h30.
Venu d’Italie, Arthemis envoie un heavy metal basique, qui, même s’il ne détient pas la palme de l’originalité, fait passer un bon moment et c’est bien là l’essentiel.
Formé en 1999 par le guitariste Andy Martongelli, le quatuor ne ménage pas ses efforts pour balancer leurs compositions calibrées eighties, qui fait la part belle aux solos, joués avec une grande dextérité.
Voilà un hors d’œuvre idéal pour se mettre en forme, afin d’apprécier au mieux la richesse des réjouissances qui va suivre.
Suite au départ de l’emblématique chanteur Jo Amore, Nightmare doit faire face à un nouveau challenge suite à l’intégration de Maggy Luyten, ex Virus IV, derrière le micro.
Si les doutes liés au changement de registre vocal étaient permis, ils ont tout de suite été dissipés. Maggy fait preuve d’une remarquable aisance et réussit à moduler sa voix en fonction des atmosphères, que ce soit sur les morceaux mélodiques, ou ceux plus heavy comme « Eternal Winter ».
La présentation de « Serpentine » fera son petit effet, car ce titre inédit sera sur le prochain enregistrement dont la sortie est prévue en novembre. Mieux, il va être chanté en duo avec Kelly Sundown, connu pour ses participations avec Darkology, Adagio ou encore Beyond Twilight. Ce grand moment, sonnera la fin d’un set convaincant, ou l’on retiendra l’adaptation réussie de Maggy Luyten, qui, à n’en pas douter, trouvera sa place au sein de Nightmare.
Après Nightwish en 2015, c’est au tour de Tarja Turunen, son ancienne chanteuse, de se produire sur la même scène, quasiment un an après jour pour jour.
Passé la surprise de la veille lors de Whitin Tempation et son duo avec Sharon, Tarja débute le set avec « No Bitter End », une nouveauté extraite du prochain opus « The Shadow Self » disponible le 5 août . Cette excellente entrée en matière offre un gros son métal, avec une guitare à la limite de la saturation, mais qui laisse le côté symphonique s’exprimer avec le violoncelle de Max Lilja. (ex Apocalyptica)
La maitrise vocale de la finlandaise est remarquable, surtout lorsqu’elle module ses envolées lyriques qui accentuent le côté majestueux des compositions.
Mais la partie la plus attendue va faire monter l’ambiance d’un cran, avec un medley de 4 titres, dont le choix est idéal pour replonger dans la période du groupe qui l’a fait connaitre..
L’enchainement de « Tutankhamen » , « Ever Dream », « The Riddler » et « Slaying the Dreamer » restera inoubliable, et démontre toute l’importance de Tarja dans la carrière de Nighwish entre 1996 et 2005.
C’est une prestation en tous points réussie qui a illuminé ce milieu d’après-midi, grâce au talent hors normes d’une artiste souriante qui a su conquérir un large public.
C’est reparti pour un périple aventureux afin de rejoindre « La Valley », chose pas si simple qu’il n’y parait au vu de l’affluence qui sature l’environnement des scènes principales.
Il ne fallait pas rater la performance de Kadavar, qui confirme son énorme potentiel scénique dès l’entame de « Lord Of The Sky ». Pas moins de 5 titres de leur excellent dernier opus « Berlin » seront à l’honneur, joués avec une fougue communicative, comme en témoignent les réactions très chaudes du public.
Le trio allemand, toujours en mouvement, envoie du lourd, emmené par une rythmique plombée et un Tiger Bartelt intenable, qui martèle sa basse comme si sa vie en dépendait.
Lupus Lindemann arrache des solis de folie, et se lâche vocalement, avec une tonalité éraillée mais néanmoins puissante.
Kadavar démontre avec brio qu’il toutes les cartes en main pour faire parties des futurs grands dans les années à venir. L’énergie de ce doom / stoner influencé par les seventies mais résolument moderne, a véritablement conquis une « Valley » qui a réservé une longue ovation aux 3 musiciens qui ont tout donné pendant 50 minutes intenses.
Le côté vintage revient en force, avec un nombre incalculable de groupes qui s’inspirent de cette vague en proposant un style dont les précurseurs se nomment Led Zeppelin ou encore Free !
Rivals Sons fait partie de cette mouvance, et là aussi nous avons affaire à un groupe qui possède tous les ingrédients pour devenir une nouvelle référence du hard rock bluesy.
Mise en valeur par un son irréprochable, la performance des californiens est remarquable, à commencer par le chant de Jay Buchanan qui ne faiblira pas durant l’heure de jeu. D’autant que les réponses complices de la foule accompagnent le frontman à chacune de ses sollicitations.
La guitare de Scott Holiday n’est pas en reste, grâce à un jeu diversifié, fait de riffs percutants alterné avec un feeling toujours maitrisé.
« Hollow Bones Pt.1 » sera le seul extrait de « Hollow Bones », leur dernier opus sorti il y a quelques semaines, mais c’est surtout le précédent, « Great Western Valkyrie », qui aura la faveur d’une set list bien équilibrée avec 4 compositions au groove très apprécié.
Rivals Sons confirme un niveau de performance élevé, ce qui prouve que là aussi nous avons affaire à un groupe capable d’atteindre les sommets.
Un retour près de la grande scène principale s’impose pour assister à la troisième participation de Megadeth au hellfest.
Le décor est composé de cylindres d’acier répartis sur tout la largeur de la scène, dans lequel sont incrustés des écrans vidéo du plus bel effet.
Dave Mustaine fidèle à lui même, a du mal à esquisser la moindre expression, encore moins un sourire, mais va réussir à enflammer le parterre de Clisson en diffusant les hymnes Trash issus des standards du groupe.
Hormis les traditionnels titres liés à l’actualité de la nouvelle production, c’est bien du côté des années 90 que Megadeth lorgne pour satisfaire les nombreux fans présents.
Le second guitariste Kiko Loureiro est mieux qu’un faire valoir, car il possède un toucher d’une remarquable fluidité, et vient en parfait complément du jeu de Dave.
L’audience s’active sur « Symphony Of Destruction » avant un final éblouissant qui fait résonner « Peace Sells/Holy Wars » joué par une formation à la cohésion retrouvée malgré les (trop) nombreux changements de line up.
La leader Dave Mustaine a montré qu’il avait toujours la foi, se montrant irréprochable, tant sur le plan vocal que guitaristique.
Place à l’impressionnant show théâtral de Ghost, dont la magie du décor est mise en valeur par des lights de toute beauté. Le cérémonial bien huilé de Papa Emeritus III et ses Ghouls masqués nous transportent dans un univers énigmatique, renforcé par la tombée de la nuit.
La taille de la scène permet de nombreux aménagements, qui s’ajoutent à ceux proposés lors de la tournée française « Black To The Future ». Les effets pyrotechnie sont de sortie, les nones ont été multipliées par 10 pour la distribution d’hosties sur « Boby And Blood », et la plateforme positionnée derrière la batterie, permet à Papa Emeritus de se déplacer sur plusieurs niveaux.
Musicalement, les Ghouls nous gratifient d’une osmose frisant la perfection tant le groupe est rodé par une setlist sans surprise. Entre l’entrée de scène au son de « Spirit » et la magie de « He Is » repris par un public aux anges, les suédois montent en puissance à chaque apparition et se positionne comme la relève en tête d’affiche à très court terme.
L’émotion est palpable sur « Monstrance Clock » lorsqu’une chorale d’enfants de Clisson, accompagné des nones, reprend ensemble « Come together, together as one » pendant plusieurs minutes. Ce final, ponctué par un feu d’artifice, sera le point d’orgue d’un concert abouti, aussi bien sur le plan visuel que musical.
La légende Black Sabbath poursuit sa tournée d’adieu, en faisant une halte à Clisson devant une foule très dense, impatiente de voir une dernière fois les créateurs du heavy metal.
Un véritable écran géant disposé en fond de scène, permet de ne rien rater des riffs assassins de Tony Iommi, des rares mouvements d’Ozzy Osbourne.
Concernant ce dernier, il ne varie pas son jeu d’un millimètre, bien ancré au micro sur lequel il s’appuie, adoptant la même attitude que dans les années 80, immobile comme dans sa jeunesse !
Par contre, la voix unique et inimitable d’Ozzy est bien en place, démontrant un net regain de forme par rapport à 2014.
il a pu profiter d’un break d’une dizaine de minutes pendant lesquelles Tommy Clufetos a envoyé un solo de batterie pour le moins basique, mais servi par un excellent son, confirmé durant l’ensemble du concert.
Les monuments gravés dans l’histoire du métal se succèdent, avec les incontournables « War Pigs », « Childen Of The Damned », « N.I.B. », « Iron Man » ou « Paranoid » qui viendra conclure une prestation qui restera dans les mémoires d’une audience comblée.
Ce 11ème Hellfest a été une nouvelle fois à la hauteur des attentes, grâce aux nouveaux aménagements de la Warzone, aux décorations originales qui donnent au site cette atmosphère unique de jour comme de nuit.
La variété de la programmation a permis à chacun d’y trouver son compte, quelque soient les styles et la notoriété des groupes, tout en laissant la place à de belles découvertes.
Le son a été au top durant les 3 jours, que ce soit sur les mainstages ou les scènes annexes, l’idéal pour apprécier les artistes dans de bonnes conditions.
Un nouveau record d’affluence sera enregistré lors de cette édition 2016, avec 60 000 personnes par jour, preuve du rayonnement de cet évènement en France comme à l’international.
Merci à Ben Barbaud, l’organisation, les responsables presse et tous les bénévoles pour nous permettre vivre ces moments magiques dans une ambiance conviviale et à l’année prochaine !
Report & photos © 2016 Alain BOUCLY