C’est en plein cœur des vignes du Muscadet que se déroule le pèlerinage annuel devenu incontournable en France comme en Europe. Cette 11ème édition du Hellfest, qui s’annonce comme un des évènements majeurs pour tout fan de Hard Rock et de Métal a une nouvelle fois battu tous les records. Sold-out depuis de nombreux mois, ce sont 160 000 festivaliers qui ont foulé les terres clisonnaises sur l’ensemble des 3 jours, du jamais vu!
Dès l’entrée sur le site, la découverte des nouveaux aménagements en met plein la vue. A commencer par un des points noirs de l’an dernier, avec la Warzone qui est totalement métamorphosée. Le décor sur plusieurs niveaux est de toute beauté, avec au milieu l’immense statue en hommage à Lemmy qui domine le site. Celle-ci à d’ailleurs été inaugurée par le guitariste de Motörhead, Phil Campbell, lors d’un moment rempli d’émotion.
Une importance a également été donné aux détails, comme les nouveaux stands de nourriture, toujours de qualité, ou le décor retravaillé autour de l’Extrem Market.
Mais il est temps de laisser la musique s’exprimer, avec un programme aussi chargé que diversifié pour cette première journée.
Direction l’Altar pour prendre sa première dose de décibels avec les français de Witches, emmenés par Sybille au chant et à la guitare.
Le quatuor officie dans un registre death metal qui va rapidement réveiller le public déjà présent à une heure aussi matinale.
Les titres s’enchainent sans temps mort lors de ce show mené tambour battant.
Sybille communique aisément, remerciant les fans de leur présence avant de poursuivre avec l’efficace « No Matter if the Wind », tiré du dernier ep « The Hunt ».
Les applaudissements nourris lors du final, sont la preuve que Witches s’est donné à fond pendant 30 minutes très intenses, et resteront à coup sur gravées dans leur mémoire.
Delain aura l’honneur et le privilège d’inaugurer la Mainstage 1, avec son metal symphonique flamboyant. L’immense backdrop occupe toute la largeur de la scène, auquel s’ajoute 2 panneaux affichant le nom du groupe, disposés de chaque côté.
Le parterre est encore clairsemé, car une foule de plus en plus importante se retrouve bloquée lors du filtrage à l’entrée de la cathédrale. Mais cela n’empêche pas Charlotte Wessels de démontrer ses capacités vocales, tout en arborant un sourire communicatif avec les membres du combo hollandais.
La nouvelle guitariste Merel Bechtold fait étalage d’une belle maitrise technique sur sa 7 cordes, et démontre qu’elle est maintenant parfaitement intégrée. Sa présence a d’ailleurs été remarquée lorsqu’elle a foulé les planches du PPM Fest en 2014 avec le groupe Mayan.
Même si quelques soucis de micro ont perturbé le début du set, Delain a délivré prestation nettement plus aboutie qu’en 2010, qui s’est clôturée par le classique « Pristine » extrait de l’album « Lucidity » sorti il y a déjà 10 ans.
Audrey Horne est désormais habitué aux Mainstages, car le groupe Norvégien s’y produit pour la 3ème fois ! Mais au grand désarroi du chanteur Toschie, quand il déclare: » plus nous jouons ici et plus nous sommes placés de bonne heure sur l’affiche » !
Il n’en reste pas moins que c’est un réel bonheur de voir l’énergie déployée dans l’interprétation de « Pretty Little Sunshine » ou lors d’« Out Of The City » marqué par l’influence indéniable de Thin Lizzy.
les 2 guitaristes IceDale et Thomas Tofthagen multiplient les poses de guitar heroes tout droit sorties des années 80, complètement en phase avec leur musique et les riffs assassins qui sortent de leurs Gibson.
L’énergie est de mise, tout comme la participation d’un public qui répond présent aux sollicitations du frontman lors du refrain de « Waiting for THe Night », en conclusion d’un bon moment de Hard n’ Roll.
C’est sur cette même scène que Nashville Pussy va envoyer les titres les plus percutants de son répertoire. Un seul mot d’ordre pour le groupe mixte américain, ne pas faire dans la dentelle et se donner à 100% à chaque seconde !
Et c’est réussi ! Blaine, Ruyter, Bonnie et Rob vont balancer à la face du public, le best of de leurs 5 albums avec les tueries que sont « I’m So High » ou encore « Go To Hell » pour finir par « Heart Attack » pendant lequel Blaine rempliera son chapeau de bière avant de se désaltérer. Ruyter, fidèle à ses habitudes, arrachera les cordes de sa « SG », sous les ovations d’une audience qui a surpris par son calme olympien devant une telle débauche d’énergie.
Voilà une formation qui sort des sentiers battus avec pas moins de 18 artistes, venus de tous les horizons de la planète métal française. On y retrouve les membres de Lofofora, Tagada Jones, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb A et Aqme, rassemblés au sein du Bal des Enragés pour nous régaler avec les hymnes rock et métal sans se prendre au sérieux ! Entre un « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana et un « Ace Of Spaces » de Motörhead, les gaillards ont mis le feu dans la fosse devenue très compacte. C’est de la folie sur scène comme dans la foule, ou les slams se succèdent au rythme des reprises imparables. La débouche d’énergie sera toujours aussi intense quelque soit la formation présente, afin de partager avec succès une bonne humeur communicative.
Pour sa première apparition au Hellfest, Halestorm a rassemblé la grande foule devant la Mainstage 1. Emmenés par Lzzy Hale au chant et à la guitare, le groupe américain jouit d’une belle notoriété suite à de nombreuses tournées européennes. la frontwoman centralise l’attention, grâce à son timbre de voix bien en place, même si par elle donne l’impression de forcer pour gagner en puissance, notamment sur « Love Bites » en début de set.
Le titre ciblé hard rock « I Miss The Mistery » aura le don de faire réagir le public lors du refrain, comme pendant le final succédant à un solo de guitare bien senti.
Mais pourquoi inclure un solo de batterie dans une prestation aussi courte? Inévitablement, l’ambiance va retomber, et malgré les efforts de Lzzy pour communiquer, le show aura du mal à décoller.
Malgré des compositions réellement abouties et travaillées, Halestorm a peiné pour convaincre un public plus large, même si les fans ont répondu présents.
L’audace est de mise sous la Valley avec les sud coréens de Jambinai. Composé d’un mix d’instruments traditionnels avec le triptyque guitare, basse, batterie, les fluctuations harmoniques oscillent entre le calme et la violence d’un déluge expérimental.
Le groupe asiatique va enchanter un audience très réceptive aux mélanges de rythmiques métal, avec les sons du piri et les cordes cristallines du kayageum.
Les atmosphères ainsi crées sont envoutantes, et prennent une dimension surréaliste dans la sphère progressive lors de la clôture du set avec le superbe « Connection ».
C’est aussi la force du Hellfest, de proposer un groupe fascinant, en décalage par rapport aux « standards » du métal, qui donne l’occasion de faire une bien belle découverte !
Il est temps de revenir sur scène principale 2 pour se prendre une bonne dose de hard punk rock n’ roll avec Turbonegro. D’entrée de jeu, c’est le hit « The Age Of Pamparius » qui donne le ton, pour une succession de titres à l’efficacité maximale en live. Le morceau d’ouverture a d’ailleurs été joué à nombreuses reprises par Nashville Pussy, présents sur le côté de la scène pour ne pas rater une miette du spectacle proposé par les norvégiens.
Les tenues les plus délirantes des musiciens sont de sortie, car il faut oser porter le short en jeans, les grandes chaussettes de Tony Sylvester et les bretelles rouges vif du guitariste, sans oublier le maquillage outrancier qui accentue la folie visuelle.
Le look est aussi à la fête dans le public, avec les Turbojugend, membres du fan club et reconnaissables avec leurs uniformes de matelots.
Les musiciens ne tiennent pas en place, envoyant les brûlots tels que « Get It On » ou encore « I Got Erection » à la face d’un public complice de toutes les excentricités de Tony, lors d’un final mémorable.
Volbeat monte en puissance au fil des années, car il possède tous les ingrédients pour rassembler un public très large autour de son metal rock de très haut niveau. Les danois sont en grande forme, pour envoyer d’entrée de jeu « The Devil’s Bleeding », extrait du nouvel album. La bande à Michael Poulsen fait preuve d’assurance, pour aligner sans répit les titres tels que « Goodbye Forever » et le sur-vitaminé « Seal The Deal » qui prend toute sa dimension en live.
Servis par un énorme son, excellent de bout en bout, Volbeat fait mieux que confirmer qu’il a tout d’un futur grand groupe , s’il ne l’est pas déjà.
Magma au Hellfest, il fallait oser ! Le pari est dores et déjà gagné au vu de l’affluence venue remplir la Valley pour accueillir ce groupe de légende, davantage reconnu à l’international qu’en France.
Christian Vander batteur et fondateur du projet Magma en 1969, est également le créateur du langage kobaien, mis en valeur par le talent vocal d’Hervé Haknin. Les magnifiques chœurs de Stella Vander et Isabelle Feuillebois renforcent les mélodies envoutantes, servies par un son parfait.
Mais le maitre de cérémonie est bien Christian Vander, littéralement en transe derrière ses fûts, qui coordonne l’ensemble avec maestria. Sa frappe est puissante, d’une précision remarquable, tout comme son exceptionnel jeu de cymbale.
L’œuvre « Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh » en version accélérée est proposée pour terminer un set aussi intense qu’abouti, à l’ambiance musicale unique. La longue et émouvante ovation des 8000 personnes présentes prouve que le pari est gagné !
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0 !!!! Les gerbes de feu qui accompagnent l’arrivée de Rammstein donnent le ton d’un show annoncé comme ce qu’il se fait de mieux actuellement dans la sphère métal.
Le site est littéralement saturé, impossible de circuler pendant la prestation de la tête d’affiche qui a rassemblé un public record lors de cette première journée.
Effectivement, les allemands ont sorti la grosse artillerie, que ce soit au niveau des lights comme de la pyrotechnie, régalant la foule par un visuel millimétré.
La rigueur est également de mise côté musique, à condition d’apprécier la froideur des compositions, qui est distillée quasi mécaniquement. Difficile de ressentir dans ces conditions la moindre émotion, d’autant que le vocaliste Till Lindenmann est avare de communication. L’impression industrielle prend le dessus, la caisse claire à consonance métallique n’y est pas étrangère !
Mais l’essentiel reste la satisfaction d’une audience conquise par une prestation tellement attendue à Clisson, qui se termine par les ailes d’un ange de métal en feu Till s’est tout de même laché avant de partir : « Merci Hellfest, vous étiez incroyable! »
Ce premier jour a tenu toutes ses promesses, avec de nombreuses découvertes et des groupes au top de leur forme. Même si le soleil a joué à cache cache avec les averses, la beauté du site et l’ambiance exceptionnelle qui y règne donne envie de remettre ça demain !
Report & photos © 2016 Alain BOUCLY