La route vous rendra plus fort ou vous brisera. Pour y survivre vous devez être aussi puissant que l’asphalte et vous déplacer le plus rapidement possible, pour que vos concurrents mangent la poussière. Alice Cooper a parcouru les routes de plusieurs continents pendant plus de cinq décennies, donnant des milliers de concerts et parcourant plus d’un million de kilomètres, l’artiste multi-primé aux Grammy® Awards et intronisé au Rock and Roll Hall of Fame® reprend du poil de la bête sur son 22e album solo, « Road » [Verycords/earMUSIC].
Pour boucler la boucle, il canalise l’esprit du Alice ‘à l’ancienne’, plein d’ardeur et avec ce grain immédiatement reconnaissable. C’est tout ce que l’on pourrait espérer d’Alice Cooper et plus encore. Et cette fois-ci, ses compagnons de longue date sont de la partie : Ryan Roxie, Tommy Henrikson et Nita Strauss à la guitare, Chuck Garric à la basse et Glen Sobel à la batterie.
« Dans le passé, le show était plus important que la musique », dit Alice en riant. « Nous avons eu des albums qui se sont classés numéro un, mais c’est toujours ce que nous avons fait sur scène qui a fait parler de nous. Pour « Road », je voulais que le groupe soit impliqué dans la création de toutes les chansons. Je ne les vois que lorsque nous sommes sur la route. Je voulais donc qu’ils soient aussi soudés qu’ils le sont pour le concert, mais sur de nouveaux morceaux. C’est ce que nous avons fait pour cet album. Quand vous avez un groupe aussi bon, je crois qu’il faut le montrer, et c’est ma façon de le faire ».
Habitué à faire les choses à sa manière, Alice a marqué la musique rock de son empreinte grâce à un show grandiose inégalé et des hymnes intemporels tels que « School’s Out », « No More Mr. Nice Guy » ou encore « Poison ». Avec plus de 50 millions d’albums vendus à travers le monde, il a obtenu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame® en 2003, et le Rock and Roll Hall of Fame® l’a intronisé en 2011. Fort d’un des catalogues les plus influents de l’histoire, Rolling Stone a cité « Love It To Death » (certifié platine en 1971) parmi les « 500 plus grands albums de tous les temps ». Ce n’est pourtant pas son seul album à succès et parmi ceux certifiés disques de platine, on peut ainsi citer « Killer » (1971), « School’s Out » (1972), « Billion Dollar Babies » (1973), numéro 1 du Billboard 200) « Welcome to My Nightmare » (1975) et « Trash » (1989). Ce dernier a même été classé par Rolling Stone parmi les « 50 plus grands albums de Hair Metal de tous les temps », tellement ancré dans la culture populaire de générations entières qu’il a non seulement fait un caméo culte dans « Wayne’s World » en 1992, mais également joué aux côtés de John Legend et de Sara Bareilles dans la production 2018 de « Jesus Christ Superstar Live in Concert » d’Andrew Lloyd Weber (NBC). Et qui d’autre que lui est apparu dans les séries « The Muppets et That 70s Show » dans les années 70 et 80 ?
Au-delà de centaines de synchronisations, de nombreux artistes ont repris ses morceaux, d’Etta James aux Smashing Pumpkins en passant par Megadeth ou The Flaming Lips. Beaucoup d’autres l’ont samplé, des Beastie Boys à Disturbed. Il a également collaboré avec d’innombrables grands noms tels que le regretté Vincent Price, Aerosmith, Guns N’ Roses et Jon Bon Jovi, pour n’en citer que quelques-uns. En outre, il a cofondé Hollywood Vampires aux côtés de Joe Perry d’Aerosmith et de Johnny Depp.
Plus récemment, « Detroit Stories », sorti en 2021, a été largement salué par la critique, Classic Rock le qualifiant même comme «son album de heavy rock le plus travaillé et le plus précis depuis 50 ans ». L’album s’est hissé à la première place du Billboard Album Sales Chart, a atteint la première place en Allemagne et a fait 9 entrées dans le Top 10 à travers le monde.
Tout au long de l’année 2022, il a collaboré étroitement avec les membres de son groupe et son producteur de longue date, Bob Ezrin, pour mettre au point ce qui allait devenir « Road ».
J’ai dit à tout le monde : « C’est votre album, alors je veux que vous y apportiez tous des chansons », se souvient-il. « Entendre Ryan ou Tommy donne beaucoup de personnalité à l’album. La colonne vertébrale, c’est le groupe. Une fois qu’ils ont partagé leurs idées, Bob et moi nous sommes assis là et avons relié les chansons. C’était comme mettre en scène une pièce de théâtre. Nous sommes de la vieille école ; nous écrivons toujours des albums thématiques. »
L’album s’ouvre sur « I’m Alice ». Un battement de tambour poussiéreux donne le ton, tandis que la guitare gémit au loin. La voix rauque d’Alice, immédiatement reconnaissable, s’installe : « Je sais que vous cherchez à passer un bon moment. Alors, laissez-moi vous présenter un de mes amis. Je m’appelle Alice. Je suis le Maître de la Folie, le Sultan de la Surprise… alors n’ayez pas peur, regardez-moi dans les yeux. »
Ryan a apporté « I’m Alice » et nous nous sommes dit : « Il FAUT que ça ouvre l’album », poursuit-il. « On ne se bat pas. On la laisse être ce qu’elle est. Elle pose les bases pour le reste de l’album ».
Ailleurs, « White Line Frankenstein » s’articule autour d’un riff qui fait hocher la tête et se dirige vers un refrain chantant, « They call me ‘White Line Frankenstein' », avant un solo de Tom Morello, assez chaud pour brûler du caoutchouc.
« Si vous êtes un chauffeur de camion qui est là depuis longtemps, vous dominez la route », ajoute-t-il. « Dans la chanson, ce dur à cuire surréaliste conduit sur des lignes blanches pendant toute sa vie, et il est probablement en train de FAIRE des lignes blanches. Donc, ‘White Line Frankenstein’ serait sa bande originale. C’est monstrueux et définitivement une chanson faite pour la scène ».
Un piano ragtime et une ligne de basse funk traversent la distorsion sur « Big Boots », alors que les paroles décrivent une interaction dans un restaurant avec beaucoup de double sens. « C’est la chanson la plus drôle », dit-il en souriant. « La serveuse dit « Take me on tour » et le type répond « Well, she’s got big boots ». C’est ça la blague ».
Kane Roberts (un collaborateur d’Alice en tournée et en enregistrement dans le passé, qui a brièvement rejoint Cooper sur la route en 2022) fait une apparition spéciale, contribuant à la rauque et déchirante « Dead Don’t Dance ». Parmi les autres contributeurs à l’album, on trouve Tom Morello de Rage Against The Machine qui a coécrit, joué et chanté sur « White Line Frankenstein », ainsi que Keith Nelson de Buckcherry et Wayne Kramer de MC5, qui ont également coécrit de nouvelles chansons avec Alice.
Cette équipe de démolisseurs soniques a repris « Road Rats » de l’album « Lace and Whiskey » de 1977 sous le nom de « Road Rats Forever » en « hommage aux roadies ». À l’autre bout du spectre, « 100 Miles to Go » capture le désir de rentrer chez soi à la fin d’une tournée. Le groupe a terminé son voyage par une reprise de « Magic Bus » des Who. Alice sourit : « Nous aimons l’originale, alors nous l’avons rendue plus hard rock. »
En fin de compte, la route est plus ouverte que jamais pour Alice Cooper.
« Il n’y a pas de temps mort pour moi », conclut-il. « J’ai cet album, cette tournée, Hollywood Vampires et bien d’autres choses encore. La plupart des gens de mon âge veulent se reposer et se détendre. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Physiquement, je n’ai jamais été aussi en forme. Je ne cherche pas à me retirer. Je ne vais pas prendre ma retraite et je ne veux pas que l’on pense que c’est le cas. Je suis au sommet de mon art en ce moment ». – Rick Florino, mai 2023