Bonjour Simon, merci de nous accorder cet entretien pour Ride The Sky.
– La musique de Kadavar marque un retour vers le Rock psychédélique des années 70. Peux-tu nous parler des influences du groupe et des tiennes en particulier ?
Comme tu l’as dit, notre musique est très marquée années 60 / 70. C’est même plus large que cela, car nous ne sommes pas enfermés dans un genre particulier, quelque chose qui regroupe le rock en général. Après ce sont les influences classiques comme Hendrix, Led Zeppelin, mais aussi tout ce qui est rock « garage », sixties, 1965 / 66, tout ces groupes de petits jeunes qui sortaient avec des riffs très carrés, tu vois, limite pré-Punk, énergique !
– A propos du dernier album « Berlin », pourquoi l’avoir appelé ainsi ?
C’est un peu la ville qui nous a réuni, là ou ça a commencé pour chacun de nous au niveau musical. C’est aussi une ville magique du point de vue culturel, et c’est là ou nous vivons, donc nous voulions rendre hommage à l’endroit qui nous a permis de faire ce que l’on fait maintenant.
– Quelle est la relation du visuel de la pochette avec le titre de l’album ?
Nous voulions réaliser quelque chose de différent et travailler avec cet artiste photographe. Nous avons collaboré avec elle, mais lui avons laissé beaucoup d’initiatives comme celle de choisir les modèles par exemple. Pendant l’enregistrement de l’album à Berlin, il y avait une exposition sur le thème des photographes dans les années 50 / 60, rassemblant l’Allemagne de l’est et de l’ouest. La photo de l’expo affichée partout représentait une nana avec des énormes lunettes. On la voyait partout dans la ville et ça nous avait marqué. Du coup on a voulu se rapprocher de ce visuel pour illustrer l’album. En même temps, il y a l’ancien aéroport Tempelhof, qui est également le quartier ou nous vivons tous. A partir de là, la démarche de montrer la ville sous certains aspects devient logique et cohérente avec le titre. Et puis, avons aussi voulu nous différencier des albums précédents, ou les 3 compères apparaissaient à chaque fois sur la pochette !
Tout comme musicalement, ou il y a des choses qui n’ont rien à voir avec ce que l’on faisait avant !
– Est ce que les paroles sont en rapport avec la ville de Berlin ?
Oui, tu retrouves ça sur quelques chansons . Plus généralement, du fait que c’est la ville ou nous vivons, il y a obligatoirement des influences. C’est une ville ou tu peux te nourrir d’un environnement positif pour créer, à l’inverse de Paris, ou le côté « oppressant » ressort comme une lutte intérieure qui va à l’encontre de la créativité. A l’inverse de Berlin, qui est agréable à vivre, ou la création est plus positive. Les textes sont un mélange d’expériences que l’on a eu dans cette ville, avec celles vécues en voyageant. Il y a un peu des deux, avec quelques morceaux plus ciblés sur Berlin, comme celui qui aborde le sujet de la ville quand elle était séparée.
– Les morceaux dégagent beaucoup d’énergie et semblent conçus pour l’interprétation live. Est-ce que vous aviez cela en tête au moment de l’enregistrement, avec ce côté brut des compositions ?
Oui ! C’est vrai. Déjà nous avons enregistré live, dans le sens ou tout est joué en une seule prise. C’est comme un live, mais dans un studio si tu veux… Après c’est retravaillé et peaufiné, mais tout le monde joue en même temps, comme tu joues en live. Pour cet album, nous voulions essayer de retranscrire l’énergie diffusée en live, car c’est complètement différent du studio. Eh bien ça n’est pas évident. J’irais même jusqu’à dire que c’est quasiment mission impossible de retrouver cette énergie là ! Physiquement, tu peux t’en approcher en jouant tous en même temps, c’est similaire au live, mais il manque l’impact de la scène, le public. Quand tu composes un morceau, tu essaies d’imaginer comment il pourrait rendre sur scène. On les réfléchis dans leur structure de cette manière là. Il y en a aussi que tu passes avant qu’ils soient définitifs, et tu vois la réaction des gens. Nous avons procédé comme ça pour « Berlin », mais pour le prochain, je ne sais pas. On risque de faire quelque chose de moins brut live. C’est bien que chaque album soit différent, sans perdre ta touche personnelle. C’est aussi le challenge, car tu peux faire 15 albums identiques, le public sait ce qu’il va manger. Mais le fait d’explorer d’autres horizons est aussi une remise en question avec toi même et une façon de respecter son public.
– Tu as intégré Kadavar en 2013. Comment as-tu eu cette opportunité ?
C’est une longue histoire que je vais essayer d’écourter ! (rires)
Je vivais à Paris et jouais dans Aqua Nebula Oscillator, groupe avec lequel je suis resté 10 ans. Nous avons tourné en Allemagne avec Kadavar durant 6 ou 7 dates, et comme cela se passait bien, un enregistrement live a été réalisé. Il y a des jams tous ensemble sur ce double album, avec sur une face des morceaux de Kadavar et sur l’autre des titres d’Aqua Nebula Oscillator. Par la suite, je me suis installé à Berlin pour monter un autre groupe, et ils m’ont appelé au bout de 6 mois, car ils avaient besoin d’un bassiste suite au départ de Mammut. A 2 reprises, j’ai été leur chauffeur et me suis occupé du merchandising , ce qui a permis de se rapprocher. On voyait que l’on pouvait voyager et passer du temps ensemble et du coup, ils sont venus directement vers mois dès que l’occasion s’est présentée.
– Au niveau du processus créatif, comment se répartissent les rôles entre vous 3 ?
C’est assez bien réparti dans le sens ou le batteur amène beaucoup de riffs, le guitariste également et j’en ramène un petit peu ! Après si tu veux, on joue ces riffs ensemble et chacun apporte une pièce au puzzle, on enlève une partie, on en ajoute une autre… La collaboration a vraiment été équitable sur le dernier album, à un niveau rarement atteint dans mes groupes précédents. Il n’y a rien de directif, au contraire, tout le monde participe donc chacun apporte ses idées et il y a de l’espace pour ça. C’est cool ! Ensuite, le chanteur écrit ses paroles, avec la contribution du batteur. L’ensemble des compositions a finalement vu le jour de manière assez démocratique pour cet album.
– Quel souvenir gardes tu de la prestation de Kadavar au Hellfest 2016 ?
L’équipe de « La Valley » est géniale et nous avons été super bien reçus. le Hellfest est vraiment spécial, car le public est là pour apprécier tous les concerts. Il ne juge pas, et participe vraiment à l’évènement, ce qui n’est pas le cas partout.
Les festivals sont toujours stressants, car tu as peu de temps pour t’installer, tout va très vite et tu ne joues pas forcément très longtemps, donc c’est tout de suite l’action !
Si tu veux, les souvenirs que tu as dans les festoches sont assez similaires, mais concernant le Hellfest, c’est toujours mortel d’y jouer ! En plus à la fin il y avait Black Sabbath que je n’avais jamais vu, c’était un grand moment !
– Dans quel état d’esprit êtes vous avant de monter sur scène ?
On est assez agressifs ! On essaie de se motiver les uns les autres en passant par un peu d’agressivité. Nous ne sommes pas sereins, à se concentrer… Au contraire, on a déjà besoin de lâcher l’énergie pour faire partir le truc. Sinon, cela peut être trop abrupt d’arriver sur scène et d’exploser d’un seul coup. Nous essayons déjà de s’échauffer de cette façon là une bonne demi heure, une heure avant !
– Qu’as-tu pensé du show de ce soir ?
C’était bien ! C’était notre premier show de l’année et forcément tu appréhendes un petit peu. Et le public a répondu présent, bien « dedans », sans retenue, avec beaucoup de monde devant. Nous n’avions jamais joué en banlieue et c’est bien aussi de se produire en dehors de Paris.
– Merci beaucoup Simon, pour ta patience et ta disponibilité.
Non, non, merci à vous, ça m’a fait plaisir de discuter !