Marie-France BOUCLY a rencontré Hassan, lors du concert de Ange à Cléon « La Traverse », le 24 février 2018.
Bonjour Hassan et merci d’accorder cet entretien pour Ride The Sky
– Depuis combien de temps as-tu intégré Ange et dans quelles circonstances es-tu arrivé dans le groupe ?
Le premier concert avec Ange a eu lieu à la fin du mois de mai 1996. A l’époque, je travaillais avec Pierre Hanot, un artiste messin, parolier et également professeur d’écriture, qui donnait des cours dans une école fréquentée par Tristan. (Décamps, fils ce Christian, leader et fondateur charismatique de Ange ndr)
J’ai collaboré avec Pierre Hanot sur l’album « En Un Instant Damné », que Tristan a eu dans les mains. Après l’écoute d’un titre qu’il a adoré, il en a parlé à son père qui m’a appelé. A ce moment là, le groupe se nommait Christian Décamps & fils, et le guitariste Jean Pascal Boffo souhaitait arrêter, ce qui m’a donné l’opportunité de prendre la suite.
– Ange fait partie des groupes français historiques, au même titre que Magma ou Little Bob. Quel est d’après toi, le secret de cette longévité ?
Tout d’abord, il ya le talent et le facteur chance. Mais au delà de ça, je suis convaincu que Christian n’a jamais cherché à adhérer à aucune mode. Il a toujours fait ce qu’il avait envie. C’est que qui permet à un « noyau dur » du public de s’y retrouver et de le suivre depuis presque 50 ans. C’est colossal !
– Tu as une carrière solo en parallèle. D’un point de vue artistique, quelles sont les différences et dans quel environnement te sens tu le plus à l’aise ?
Il y a 3 parties dans ma carrière solo. Celle où je suis « sideman », qui me permet d’accompagner d’autres projets artistiques, et mes deux « bébés ». Le premier est la création d’un album de Rock Progressif, un peu Metal, intitulé « Gilded Cage ». Mais n’ayant pas de tourneur, c’est ultra difficile de le promouvoir.
Contrairement à Ange, qui bénéficie justement de la période bénie des années 70, ou son public l’a suivi, mais c’est plus compliqué pour Hassan Hajdi ! Par contre c’est beaucoup plus simple avec le trio Band Of Gypsies, car il est plus facile de « vendre » Jimi Hendrix que Hassan Hajdi. Je suppose que ceci explique cela !
– Jimi Hendrix a été un grande influence pour toi. Quels sont les guitaristes qui t’ont également donné envie de progresser, jusqu’à atteindre ton niveau actuel ?
Franchement, il y en a plein ! J’aime bien le Blues Rock des seventies de Clapton, Johnny Winter, Jeff Beck, Rory Gallagher et les groupes phares des années 70 comme Led Zeppelin. J’ai eu ma période fusion, avec des gratteux comme Larry Carlton, Robben Ford, Mike Stern, et tous ceux de la mouvance jazz fusion. Mais Allan Holdsworth reste le sommet ! Je le trouve complètement original et il a un niveau phénoménal. J’adore ce guitariste qui pour moi est inégalé !
J’ai était totalement transformé quand j’ai entendu Jimi Hendrix, alors que je jouait de la guitare classique. Donc il est difficile de dire que l’un est meilleur que l’autre, car ils sont incomparables. Et surtout, Jimi Hendrix a ouvert une porte que personne n’avait ouvert avant lui. A partir de là, le monde de la guitare électrique a été totalement transformé.
– Tu rends d’ailleurs hommage à Hendrix avec Band Of Gypsies. Pourquoi avoir choisi de reprendre ses morceaux, et de quelle façon ? Restes-tu fidèle à l’original ou y ajoutes-tu une touche plus personnelle ?
J’y ajoute une touche personnelle, même une pointe de modernité au niveau des sons. C’est comme ça que j’ai envie d’interpréter Hendrix, car c’est un novateur, il est supra moderne pour l’époque. Pour respecter ce que j’appelle le « vrai » esprit de Jimi Hendrix, c’est d’essayer de faire comme lui en apportant quelque chose de nouveau, par rapport à ce qui existe déjà. C’est exactement ce qu’il a fait. Il n’a pas apporté une pierre, il a construit un édifice. J’essaie en quelque sorte de poser une pierre sur cet édifice !
– Ton album solo « Gilded Cage » est sorti en 2013. Quelle est son orientation musicale et qu’as-tu voulu transmettre au travers cette démarche artistique ?
J’ai abordé ce premier album avec l’idée d’une sorte de dépassement de soi, de quelque chose que je n’ai jamais osé faire. Auparavant, je m’étais un peu caché derrière les artistes, enfin « caché » est un bien grand mot, même si sur scène on est sous les lumières. Avec Ange il y a l’aura de Christian Décamps. A mon sens, Christian Décamps est le soleil et nous sommes les planètes qui gravitons autour. Dans un projet solo, ça n’est plus la même chose. On devient le centre, comme mis à nu. C’est un challenge, il faut que je le relève car j’adore composer et très envie de continuer à la faire.
– As-tu prévu une suite, et faudra t’il s’attendre à des changements ?
Ah c’est certain ! il faudra s’attendre à des changements et il y aura une suite, ça c’est sur ! « Gilded Cage » est un premier album, et forcément, seules quelques facettes y sont représentées. J’ai des goûts super éclectiques, tout comme Ben le batteur qui m’accompagne (Benoit Cazzulini, également batteur de Ange et Band Of Gypsies ndr). J’adore les Beatles, Miles Davies, Jimi Hendrix, Dream Theater… Je ne peux même pas te dire à quoi ressemblera le prochain album !
– As-tu une attirance particulière pour les albums instrumentaux, et as-tu déjà composé des morceaux dans ce style?
J’en ai plusieurs dans mon ordinateur, qui datent de l’époque où j’ai découvert Joe Satriani et Steve Vai. J’étais fou amoureux de ces 2 guitaristes. Il y en a qui sont sorties sur des petites « compils » de village, mais pas diffusées officiellement ! Elles ne m’intéressent plus, je ferais mieux ! (rires)
– Tu as joué avec de nombreux artistes d’une grande diversité musicale. Comment expliques-tu ta polyvalence et la capacité à t’adapter à tous les styles ?
Je n’explique pas la polyvalence, j’apprécie simplement plein de choses. Je travaille dans différents domaines, ce qui me permet d’accompagner des projets variété, ou d’autres plus proches de mes racines avec le Blues. J’également découvert très tôt les groupes de prog Yes et King Krimson dont je suis fan, et le fait d’avoir intégré Ange a permis de mettre à contribution tout le panel de mes influences. J’adore le Jazz et des guitaristes comme Pat Martino ou Wes Montgomery, ou des approches plus Metal, que j’ai pu amener dans Ange, ou il y a plein de choses à faire et ça c’est génial !
– C’est justement ce côté Hard Rock que tu transmets dans Ange sur certains passages ?
Carrément ! Christian est ultra éclectique, il peut aussi bien demander une atmosphère dure et violente, qu’un climat d’une extrême douceur, afin d’accentuer les contrastes.
– Quels sont tes projets en dehors de Ange ?
Je continue à composer pour sortir un autre album et poursuit le travail avec Band Of Gypsies. J’ai d’ailleurs demandé au programmateur de la salle d’avoir la possibilité de s’y produire.
Ange et véritablement un tournant dans ma vie artistique, comme sur le plan humain. Christian est un vrai moteur, il nous tire vers le haut, ne veux pas que nous soyons médiocres. Il n’est pas du tout la « star » qui est devant en laissant ses musiciens derrière. Au contraire, à un moment donné tu dois être devant !
– Il vous laisse la possibilité de vous exprimer !
Non, il ne nous laisse pas cette possibilité, il nous l’impose ! C’est génial ! il veut nous voir briller… C’est ça qui est incroyable chez lui ! C’est l’une de ses plus grandes qualités.
– Un dernier mot pour les lecteurs De Ride The Sky ?
Continuez à aimer la musique, et à faire en sorte que l’on puisse vivre de ça en vous faisant vibrer. Nous sommes heureux de donner du bonheur aux gens, c’est notre vocation. Heureux de rendre les gens Heureux !
– Et c’est le titre de l’album !
Voilà, je ne l’ai pas fait exprès (rires!)
Merci également au management de Ange, à Christian et Hassan, pour leur disponibilité et leur gentillesse.