Par Laurent Bendahan – Photos Alain Boucly
Le Heavy Week-End est un nouveau festival dont l’esprit est inspiré du fameux fest américain Power Trip, à savoir réunir les plus grands noms du hard rock et du heavy metal mondial. L’affiche a effectivement tenu ses promesses. Déjà, dès l’entrée dans l’aire du festival, nous avons remarqué que l’accueil du public a soigneusement été organisé. De nombreux parkings pour les voitures et des points d’infos ont été mis à disposition. Quant à la circulation aux abords de la scène, elle s’est faite de manière fluide tout au long du festival, même durant les têtes d’affiche. Ajoutez à cela un service de sécurité très cordial et vous obtenez un fest cool où il fait bon vivre.
Extreme : Un show très attendu qui commence sur les chapeaux de roues. Gary Cherone est dans une forme éblouissante et arpente la scène de long en large. Pat Badger (basse) et Kevin Figueiredo (batterie) forment une section rythmique solide. Ce mélange de heavy façon US et de funk fait mouche à chaque coup ! Nous en avons profité pour admirer le jeu de Nuno Bettencourt qui pendant son solo, ne manque pas de rendre hommage à l’une de ses principales influences, Eddie Van Halen. Et c’est parti pour un petit «Eruption» des familles ! Gary lui aussi rend hommage à ses pères avec cette reprise survitaminée du «We Will Rock You» de Queen. Ajoutez à cela les tubesques «More Than Words» et «Get The Funk Out» et vous obtenez une prestation éclatante !
Scorpions : La légende germanique a décidé de nous faire vivre cette année une tournée historique fêtant les quarante ans de « Love At First Sting ». Les hits de ce bestseller comme «Coming Home», «Big City Nights», «Rock You Like A Hurricane» ou «Still Loving You» figurent dans la setlist depuis des décennies. En revanche, des chansons comme «I’m Leaving You», «Crossfire» et «The Same Thrill» n’ont pratiquement jamais été jouées en live. Il manquait cependant un titre à l’appel, «As Soon As The Good Times Roll», ce qui est fort dommage car il est vraiment taillé pour la scène. Rudolf était en très grande forme. C’est comme si le temps n’avait aucune emprise sur lui. En revanche, Klaus paraissait très fatigué, ne bougeant pratiquement pas et prenant peu de risques vocalement. Il faut se rendre à l’évidence. Scorpions est le genre de groupe qu’il ne faut pas rater en concert, car qui sait de quoi demain sera fait ?
Sortilège : À force de tourner, Zouille et ses compères sont devenus des bêtes de scène. Il ressort de ce quintet un sentiment d’unité, de cohésion à tout épreuve. Ce pari de revenir sur le devant de la scène avec un répertoire vieux de quarante ans n’était pas gagné d’avance. Composer de nouveaux morceaux auxquels les « diehard » adhéreraient, et qui se mêleraient aisément aux anciens morceaux, était un autre pari encore plus audacieux. Ce soir-là, la légende du hard français a prouvé qu’elle n’est pas un phénomène de mode pour les nostalgiques. Elle est là pour durer ! Qu’on se le dise !
Pretty Maids : Voir les Danois fouler les planches relève du miracle. En effet, le chanteur Ronnie Atkins est actuellement atteint d’un cancer et connait des hauts et des bas. Par ailleurs, il a entamé depuis 2018 une carrière solo. Sans que le public ne le sache, Pretty Maids avait simplement splitté, l’entente avec son frère d’armes Ken Hammer (guitare) n’étant plus au beau fixe. Contre toute attente, le duo s’est rabiboché ! Vu de notre fenêtre, c’est comme si le groupe ne s’était jamais arrêté. Ronnie chante toujours comme un Dieu, quant à Ken, il reste le maître du riff. Des brûlots tels que «Back To Back», «Red Hot And Heavy» et «Future World» ont définitivement passé l’épreuve du temps. Espérons que le groupe continuera sur sa lancée en écrivant un nouvel opus. La vie est bien trop courte pour perdre du temps avec des conneries.
Megadeth : Ce concert a fait office de « super best of »puisque tous les hits y sont passés, de « Hangar 18 » à «Holy Wars» en passant par «Angry Again», «Trust», «A Tout Le Monde», «Peace Sells», «Symphony Of Destruction», et la cerise sur le gâteau pour tous fans de la première heure, «The Mechanix», historiquement considéré comme la première mouture de « The Four Horsemen » de qui vous savez. Il ne faut pas se leurrer. Lorsqu’on va voir un show de Megadeth, on n’attend à peu près rien du chant. En effet, Dave Mustaine n’a jamais été un grand vocaliste. Il fut un temps où il tentait de chanter correctement. Aujourd’hui, il ne fait que marmonner dans sa barbe. Le vrai intérêt réside dans la qualité des riffs et de l’écriture. De ce côté-là, il n’y a rien à dire. L’équipe qui entoure le big boss est absolument géniale ! Le batteur Dirk Verbeuren est un tueur, un monstre de puissance et de groove. James Lomenzo, bassiste de son état, est moins exubérant mais il fait office de pilier, solide comme un rock. En bref, la force tranquille. Quant au guitariste, Teemu Mäntysaari, il n’a pas mis longtemps à faire oublier Kiko Loureiro car il interprète les classiques avec une étonnante fidélité. À noter pour les fans assidus qui suivent le groupe en tournée que la setlist n’est jamais la même d’un concert à l’autre. Votre serviteur qui les a vus à Paris et au Hellfest a pu le constater. Merci pour cette attention M. Mustaine !
Deep Purple : Dès le morceau d’ouverture «Highway Star», on sent que Ian Gillan peine. On le voit souvent écarter le micro de sa bouche afin de tousser. Il galérera un max au moment de chanter «Space Truckin’». Il est alors à bout de souffle. Mais il a fait preuve de courage et s’est accroché durant toute la prestation. D’ailleurs, mis à part ces deux morceaux de bravoure qui obligent notre chanteur adopter sa voix hurlée d’antan, le reste de la setlist a été choisi de manière à ce qu’il ne force pas sur ses cordes vocales. Le groupe use également d’un autre subterfuge afin de ne pas crever son chanteur, la présence de solos interminables d’orgue, de claviers et de guitare. C’est pourquoi le concert fut très frustrant. Voir le groupe grignoter vingt-cinq minutes de temps de jeu alors qu’il a tant de bons morceaux dans sa musette, c’est difficile à avaler. Au final, votre serviteur a exactement le même sentiment que pour Scorpions. Si l’on veut voir Purple en live, c’est le moment ou Jamais.
Ayron Jones : Notre guitariste ne fait pas dans le heavy mais il a sa place dans ce type de fest car il puisse ses racines dans le vieux hard/blues des années 70 à la Hendrix, ainsi que dans le grunge à la Nirvana/Alice In Chains. Contre toute attente, ce mélange fonctionne très bien. Tous les éléments nécessaires à une bonne prestation sont présents, de l’énergie à la virtuosité en passant par le sens du groove ! Que demande le peuple ?
Tom Morello : Ce show du guitariste de Rage Against The Machine fut quelque peu bizarre. En effet, la setlist était en grande partie composée de reprises d’artistes ou groupes prestigieux comme Springsteen, Lennon, Måneskin, MC5, ainsi que d’interprétations exclusivement instrumentales de tubes de RATM sous forme de medley. Du coup, le public s’est montré perplexe. Tom est définitivement meilleur lorsqu’il joue aux côtés de sa section rythmique de prédilection, à savoir le bassiste Tim Commerford et le batteur Brad Wilk. Si Zack De La Rocha fait encore sa forte tête pour redonner vie à la légende du rap metal, notre gratteux ferait mieux de reconstituer un groupe dans le style d’Audioslave ou Prophets Of Rage plutôt que de tourner avec une setlist si peu convaincante. Incontestablement la grande déception du festival.
Alice Cooper : Avec le maître du rock théâtrale et horrifique, on est assuré de passer un bon moment. Et c’est parti pour un enchaînement continu de tubes, «No More Mr. Nice Guy», «I’m Eighteen», «Bed of Nails», «Billion Dollar Babies», «Hey Stoopid», «Welcome to My Nightmare», «Poison», «Feed My Frankenstein», «I Love the Dead», «Elected», «School’s Out»… N’en jetez plus ! Ceux qui ont vu le gaillard en camisole ces derniers temps diront que cette setlist n’a rien d’original. Mais il n’en faut pas plus à notre bonheur. Au moins, nous n’avons pas l’impression que les instrumentistes tentent d’occuper le temps et l’espace comme ils le peuvent pour permettre à leur chanteur de se reposer sur le côté de la scène. Alice (Vincent Furnier pour les intimes) occupe bel et bien la scène. Il reste un vrai performer et n’use d’aucun subterfuge pour se défiler. Chapeau bas monsieur !
Judas Priest : Pratiquement 55 ans de carrière ! Vous rendez-vous compte ? Le Priest est avec Saxon le plus vieux groupe de heavy metal encore en activité. Une longévité que nous devons avant tout à la ténacité de son chanteur Rob Halford, Metal God de son état, toujours capable de hurler telle une sirène torturée. Le concert fut d’autant plus appréciable qu’il a passé en revue bon nombre de classiques dès la première demi-heure («You’ve Got Another Thing Comin’», «Rapid Fire», «Breaking the Law», «Sinner», «Turbo Lover») Un savoureux bond dans le temps qui a eu le don de titiller notre fibre nostalgique. Un très bon point pour la paire Ritchie Faulkner / Andy Sneap qui a énormément bossé pour restituer les parties de guitares au plus proche de celles de leurs aînés Tipton / Downing. Ajoutez à cela une section basse / batterie en béton armée, et vous obtenez une machine de guerre ! The Priest Rules ! Avis aux collectionneurs, le magazine Rolling Stone a publié un numéro spécial dédié au festival, avec un 45 tours exclusif vinyle rouge de Judas, composé de deux titres, «Crown Of Thorns» et «Painkiller» (Live à Wacken). Dépêchez-vous, c’est une édition limitée !
Nous avons pris un énorme plaisir durant ces trois jours. En effet jusque-là, nous étions habitués aux fest traditionnels, toujours synonymes de marathon avec d’infernaux goulots d’étranglements entre les scènes rendant la circulation impossible. Le Heavy Week-End avec sa scène unique, ses larges axes de circulation, le nombre réduit de groupes, le démarrage de chaque journée à 17h et ce son aux petits oignons pour tous les groupes, le public a eu tout le loisir de savourer les concerts sans s’épuiser. Une formule simple, agréable et efficace. Nous croisons les doigts pour une seconde édition.
Un grand merci à toute l’équipe de Gérard Drouot Productions et de Replica Promotion pour leur accueil.
Laurent Bendahan
Galerie Photos par Alain Boucly
The Last Internationale :
Extreme :
Scorpions :
Sortilège :
Pretty Maids :
Megadeth :
Deep Purple :
Ayron Jones :
Tom Morello :
Alice Cooper :
Judas Priest :
Un grand merci à Oliver Garnier / Replica Promotion pour l’accréditation et l’accueil presse.
Set lists :
Scorpions
Coming Home (*)
Gas in the Tank
Make It Real
The Zoo
Coast to Coast
I’m Leaving You (*)
Crossfire (*)
Bad Boys Running Wild (*)
Delicate Dance
Send Me an Angel
Wind of Change
Tease Me Please Me
The Same Thrill (*)
New Vision
Solo de batterie
Blackout
Big City Nights (*)
Rappel :
Still Loving You (*)
Rock You Like a Hurricane (*)
(*) Extrait de « Love At First Sting »
Deep Purple
Highway Star
Hard Lovin’ Man
Into the Fire
Guitar Solo (Simon McBride)
Uncommon Man
Lazy
Portable Door
Anya
Keyboard Solo (Don Airey)
Bleeding Obvious
Space Truckin’
Smoke on the Water
Rappel :
Green Onions
Hush
Black Night
Judas Priest
War Pigs (Black Sabbath – Intro 1)
Invincible Shield Tour Anthem (Intro 2)
Panic Attack
You’ve Got Another Thing Comin’
Rapid Fire
Breaking the Law
Riding on the Wind
Devil’s Child
Sinner
Turbo Lover
Invincible Shield
Victim of Changes
The Green Manalishi (Reprise de Fleetwood Mac)
Painkiller
Rappel :
The Hellion / Electric Eye
Hell Bent for Leather
Living After Midnight