Interview Sylvain « Steve » Cotté – 25 ans au service du Metal via Underground Investigation & Gang

Publié : 15 décembre 2017 par Alain B. dans Interviews, Musique
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Underground Investigation fait partie de paysage Rock et Metal Français depuis plusieurs décennies, au point que cette structure est devenue incontournable, de part son dynamisme et sa capacité à organiser avec succès, des évènements uniques en leur genre.
La sincérité des réponses de Sylvain « Steve » Cotté permet de comprendre comment s’est effectuée cette remarquable progression, en s’adaptant à un contexte en permanente évolution.

C’est le témoignage d’un véritable PASSIONNE que Ride The Sky a eu la chance de recueillir, tout en gardant ce côté humain et convivial dans le partage de toutes ses aventures! Régalez-vous et n’hésitez pas à vivre ces émotions en participant aux prochaines manifestations d’Underground Investigation !

Merci Sylvain, pour ta participation à cet entretien, et de prendre le temps de nous livrer tes impressions sur ton parcours, depuis les débuts d’Underground Investigation jusqu’à ce jour.

– Tout d’abord, et avant de rentrer dans le vif du sujet, peux-tu expliquer la raison qui t’as motivé à créer l’association Underground Investigation ?

L’association a été créée dans le but d’être l’organe de management de GanG (Gush X à l’époque). Mais très rapidement, nous nous sommes dit qu’il serait bien d’aller au delà et de partager aussi notre passion pour le Metal et notre « expérience » avec d’autres. De fait, comme nous avions déjà un peu touché au fanzinat à l’adolescence, nous avons créé le fanzine. Ensuite nous nous sommes lancés dans l’organisation de concerts, avons développer un catalogue de distribution de merchandising et avons apporté notre aide dans la promotion et le management d’autres groupes.

Je baigne dans le milieu associatif depuis de très nombreuses années, et pouvoir monter une association axée sur ma passion pour le Metal, c’était se donner les moyens d’aller plus loin, de développer des projets, de rassembler des gens autour d’une passion commune et, peut-être, de faire évoluer les choses…

– Quels sont les principaux événements organisés par cette structure ?

Actuellement, nous organisons 3 événements annuels qui sont la Convention Rock n’Metal, le Hard Rock Legend et le British Steel Saturday Night. Mais nous avions également mis en place le Hard Rock Classic Tribute Festival et le Fismes France Hard Rock Rendez-vous.

Ce sont tous des festivals qui associent des prestations live à des Metal Market, des moments de rencontres et d’échanges entre passionnés, endurcis ou novices.
La Convention Rock n’Metal est notre plus ancien événement puisque notre 21ème édition aura lieu en mars 2018 (le 4 mars 2018 ndr). C’est un vaste Metal Market dédié au Rock et au Metal durant lequel une dizaine de groupes se partagent la scène. C’est la manifestation la plus représentative de notre vision du Metal. Les groupes y trouvent la possibilité de s’y présenter ou de ce créer une petite carte de visite « live » et les fans font le plein de marchandises, d’anecdotes et de rencontres intéressantes auprès des très nombreux exposants, amateurs ou groupes présents chaque année.
Le Hard Rock Legend est notre dernier né. C’est une collaboration plus directe avec la ville de Fismes et sa programmation culturelle à « La Spirale ». Chaque année, nous proposons une tête d’affiche de légende. Ainsi, après Blaze Bayley (ex-Iron Maiden) et Uli Jon Roth (ex-Scorpions), nous accueillerons en 2018 Chris Slade, le batteur gallois d’AC/DC. (le 12 mai 2018 ndr)

Enfin, la British Steel Saturday Night s’oriente principalement sur une programmation de groupe de Heavy Metal anglais des 80’s, pour la plupart issus de la fameuse New Wave Of British Heavy Metal. Elle nous permet aussi de faire découvrir quelques outsiders du Heavy Metal actuel que nous sommes amenés à côtoyer avec GanG lors de nos sorties régulière à l’étranger. C’est un peu notre « GanG & Friends Festival » (l’édition 2018 se déroulera le 6 octobre ndr). Nous souhaitons vraiment partager avec notre public nos plus belles découvertes car nous nous disons souvent que sans nous, ces groupes talentueux ne seront malheureusement jamais programmés en France.

– Quelle est la recette du succès, pour avoir su fidéliser un public qui se déplace en nombre à chaque manifestation ?

Il n’y a pas de recette miracle. L’organisation de concert n’est pas une science exacte et, parfois, malgré tous les efforts déployés, les résultats en terme d’affluence sont médiocres. Il faut toujours se dire que c’est la faute aux absents puisque l’adage dit qu’ils ont toujours torts. Et surtout, faire le maximum pour les présents qui eux, méritent le meilleur.
Les efforts et la persévérance sont généralement les mamelles nourricières du succès. Succès qui reste relatif voire fragile car rien n’est jamais définitivement acquis. Il faut savoir aussi évoluer, se remettre en question, sans pour autant perdre ses convictions ou se travestir pour réussir.
Savoir d’où on vient et où on a envie d’aller me semble aussi essentiel. Nos festivals à Fismes n’auront certainement jamais la dimension d’un Hellfest, mais chacun (public, groupe, bénévole, sympathisant, élus locaux, etc.) pourra toujours y trouver sa place, dans le respect de chacun et selon son degré d’implication dans le Metal.

Je pense que ce qui a fidélisé notre public est justement cette notion de respect que nous appliquons entre nous et les autres. Nous ne trichons pas et ce que nous vous offrons dans le partage de notre passion, c’est vraiment ce que nous sommes.

  • – As-tu une idée du nombre de groupes ayant joué sur les différentes scènes Fismoises depuis le début de l’aventure?

Ouh la la ! Il faudrait « s’amuser » à faire le calcul mais ils sont très très nombreux !

A l’occasion de notre 20ème Convention Rock n’Metal, rien que pour cet événement, j’en avais totalisé 159… Alors j’imagine qu’à travers tous les concerts et festivals que nous avons organisés ou coproduits depuis 1992, on peut facilement doubler ce chiffre…

– Underground Investigation vient de fêter ses 25 années d’existence. Pensais-tu un jour en arriver là, et comment expliques-tu cette longévité ?

Évidemment, non.

Si j’ai dit précédemment que nous savions où nous voulons aller, ça voulait surtout dire que notre expérience, jonchée de bons et moins bons moments, nous a permis de nous construire et de savoir ce que nous voulions ou pas pour l’association et le groupe. Cette expérience, qui continue à se construire de jour en jour, conjuguée avec notre persévérance et la motivation insufflée par l’implication réelle de chacun d’entre nous dans l’association, permettent de faire reposer notre édifice sur une base solide.

Pour ce qui est de la longévité, au fil des années, les liens d’amitiés se sont renforcés par les nombreux projets auxquels chacun d’entre nous a pris part activement. Je ne vais pas dire que ça nous rend indestructibles mais, ça nous rend plus forts, plus proches et plus motivés encore face aux objectifs que nous nous fixons. De cette union et mutualisation des forces découle le succès qui nous donnent envie d’aller plus loin encore. Certains n’étaient à la base que des sympathisants voire des « invités », ils sont devenus aujourd’hui des personnes indispensables au bien être d’Underground Investigation et GanG.

– L’édition d’un fanzine sous la bannière Underground Investigation voit le jour 3 à 4 fois par an. Peux-tu nous en parler plus en détails ?

A une époque où l’on ne parlait pas d’Internet et de multimédias, les moyens de communications se voulaient plus classiques et nécessitaient quelques efforts techniques. Émissions de radio voire de télévision, presse écrite, diffusion de supports enregistrés par voie postale… Il nous fallait un outil de communication pour l’association et nous nous sentions motivés par la formule écrite. Philty et moi avions déjà fait un pseudo fanzine durant nos années collège et la création de l’association était une bonne occasion de remettre le couvert.

Alors durant près de 20 ans nous nous y sommes acharnés à chroniquer la majeure partie des démos et albums que nous recevions, à interviewer la plupart des groupes que nous croisions et à nous faire l’écho des concerts et festivals auxquels nous participions.
Et puis avec les nouveaux médias, la facilité que cela offrait dans la diffusion de tout voire de n’importe quoi, l’offre nous a submergés et nous n’avons pu conserver une telle cadence. D’autant qu’il faut rappeler que nous sommes bénévoles et que nous faisons le fanzine sur notre temps de loisirs. De plus, l’intérêt du public (hormis pour les plus acharnés) s’est vraiment affaibli quant à la presse écrite (c’est tellement plus facile de rester devant son écran d’ordinateur, sur sa tablette ou sur son téléphone portable…). Nous avons donc pris un an de recul pour décider de l’avenir du fanzine et avons décidé de recentrer notre ligne rédactionnelle et de revoir le format ainsi que la périodicité du fanzine. Il n’était pas concevable que l’on cesse cette activité, support de communication de l’association et, qui plus est, branche historique de nos actions.
Dès lors depuis quelques années, le fanzine connaît un second souffle avec la parution de 3 numéros annuels, sous un format papier de qualité et entièrement en couleur. Le sommaire reste composé principalement d’interviews, de chroniques et de live reports dont les auteurs sont aussi bien les membres du bureau que les bénévoles et sympathisants de l’association. C’est en quelque sorte devenu un fanzine écrit par les fans, pour les fans. Nous ne collons pas forcément à l’actualité du « marché » mais ce n’est pas notre bâton de pèlerin. Les dernières années avant notre remise en cause, nous étions considérés comme un magazine professionnel et recevions des plaintes et remontrances de maisons de disques parce que nous ne traitions pas des 3 ou 400 albums que nous recevions… Nous en étions presque arrivés à un point où nous n’avions même plus envie d’écouter un disque. Aujourd’hui, nous avons repris les choses en mains et sommes maîtres de notre sommaire. Tant pis si, à cause de nous, certains vendent moins de disques… Nous ne sommes pas convaincus d’être les plus fautifs !
Sinon, concrètement, le fanzine est disponible à l’unité lors de nos manifestations ou par correspondance. On peut également s’y abonner pour 20 € par an, permettant en plus de la réception des 3 exemplaires annuels, de bénéficier d’une ristourne de 5 € à déduire sur l’un des 3 festivals que nous proposons dans l’année.

A ce propos, actuellement, les adhésions/abonnements 2018 pris avant le 31 décembre 2017 vous permettent en plus de recevoir gratuitement en cadeau un mug Underground Investigation…

  • – J’ai cru comprendre que la passion est le moteur de toutes ses activités dédiées à la bonne cause du Metal. Comment fais-tu pour gérer autant de choses alors que les journées ne font que 24 heures, et ne sont pas extensibles ?

Je suis surtout pas tout seul. C’est un vrai travail d’équipe où chacun apporte sa contribution et engendre la motivation des autres. Effectivement, les nuits sont parfois courtes mais nous n’avons pas le choix. Toutes nos actions sont menées sur nos temps de loisirs avec un véritable acharnement de passionnés. J’irai même plus loin, notre passion est aussi un peu devenue un mode de vie. Certains se réjouissent du week-end qui arrive parce qu’ils vont aller à la pêche ou jouer au foot… Nous, c’est parce que nous allons prendre la route pour un concert ou nous retrouver pour unir nos forces dans l’organisation d’un événement public qui sera une réalisation commune et un lieu de partage et d’échange autour de notre musique préférée.

– Tu as également ton propre groupe, Gang, qui semble étroitement lié à Underground Investigation. Un petit rappel historique s’impose…

En fait, Gang (Gush X à l’époque) a été créé 2 ans avant l’association. Underground Investigation devait en être l’organe de management, mais ça ne nous suffisait pas !

Du coup, forcément, Gang et Underground Investigation sont étroitement liés.
Quant à l’historique, je vais tenter de résumer au mieux nos 27 premières années d’existence…
De 1990 à 2000, se sont le prémices de Gang où nous nous sommes forgé une petite réputation dans l’hexagone autour de nombreux concerts, démos et albums (« 1993 », « Unknown but Surely Evil »). Musicalement, nous nous cherchions encore et nous favorisions une approche plus thrash.
De 2000 à 2010 : malgré un line-up instable et faute de batteur permanent, nous sommes surtout restés actif réalisant trois albums (« Piece of War », « Dead or Alive » & « V »), marquant progressivement un retour aux sources du Heavy metal.
Et c’est véritablement entre 2010 et 2017 que nous sommes revenus aux affaires notamment en renouant (enfin !!!) avec la scène. Nous avons effectué une sorte de « coming out », affirmant et assurant sans complexe nos racines Heavy Metal old school.
On a alors enchaîné les albums : « V » en 2010, « HM-666% » en 2011, « Heavy Metal Road 666 (Live 2012) » en 2013, « Inject the Venom » en 2014, « Heavy Metal Samouraï » et « Live is All » en 2015, un live enregistré à Manchester au Royaume-Uni.

Depuis 2015, on enchaîne les tournées et festivals, tant en France qu’en Europe, et les premières parties de groupes mythiques (Venom inc., Tokyo Blade, Tygers of Pan Tang, Paul Di’Anno, Blaze Bayley, O.D.Saxon, Grave Digger, Rage, Tysondog, ADX, Vulcain, Satan Jokers, Girlschool, Uli Jon Roth, Loudness, Y&T,…)

Nous venons de clôturer notre tournée « Froggied Metal Attack » au Carlisle de Hastings en Angleterre à l’occasion du Mearfest qui avait eu l’audace de nous mettre en tête d’affiche. Un moment extraordinaire où venus pour le soutien à la cause de l’enfance nous nous sommes vu portés par le public britannique pendant près d’une heure et demi avec pas moins de trois rappels… Incroyable pour une petite bande de Frenchies comme nous !

– A ton avis, pourquoi Gang est-il un des rares groupes français qui arrivent à s’exporter au Royaume Uni ou encore dans d’autres pays comme Chypre ?

J’avoue que je me suis souvent posé la question ces derniers temps parce qu’en Angleterre, comme à Chypre ou encore à Athènes, nous avons reçu des accueils qui dépassent de loin ceux auxquels nous étions habitués en France, sans pour autant renier l’exceptionnel engouement de nos plus fidèles supporters tricolore.
J’y pense et puis je n’y réfléchis pas trop non plus car il est préférable de tout donner et de profiter du retour de ces fans formidables.

Ceci dit, je pense que nos plus fervents défenseurs, en France comme à l’étranger, ont compris que nous ne trichions pas, que nous étions vraiment ce que nous offrions et que quelque part, peut-être, nous représentions ce que beaucoup attendaient vraiment au delà de la musique. Nous sommes nous-mêmes, énergiques, volontaires, soudés et avons une féroce envie de partager notre passion pour le Metal.

Après, que l’étranger soit plus réceptif que la France, tient, peut-être à ce que dans des pays comme Chypre ou la Grèce, on se concentre d’avantage sur ce que dégage le groupe sur scène ou sur album plutôt qu’aux pseudos étiquettes et autres querelles de clochers dont on se livre en France dans l’hypothétique espoir de croquer un bout de gâteau malheureusement périmé de longue date.

– Comment vois-tu l’avenir du groupe et as-tu quelques infos à dévoiler concernant les mois à venir ?

Je le vois plutôt bien parti puisqu’en 2018 nous sortirons « All for One », le nouvel album studio du groupe. Cela fait un long moment que nous sommes dessus mais nous ne pouvions pas refuser les opportunités de concerts qui nous étaient offertes.
Ce nouvel album confirmera la tendance amorcée avec « Inject the Venom » à savoir, une recette à base de Heavy Metal old school proche de la NWOBHM qui reste pour nous une référence ultime.
Chaque morceau possède une ambiance différente à base d’énergie survitaminée, il y a aussi un peu de pesanteur et d’ambiances majestueuses, des twins guitars débridées, des riffs incisifs et des arrangements soignées.

On est toujours en cours d’enregistrement « à la maison » au studio BGS Music où avec Bill nous terminons les prises qui auront, volontairement, la couleur authentique du son 80’s avec une dynamique encore plus poussée.

Un scoop (ou pas!) « All for one » fait aussi l’objet de nombreux guests qui ont voulu apporter leur touche à cet album. Il y aura vraiment du beau monde et nous sommes sur le c.. chaque jour car nous recevons sans cesse des propositions de participation de musiciens, amis et fans que nous apprécions énormément.

En autoproduction totale, cet album devrait enfin être disponible vers le printemps 2018 et, parallèlement, nous nous préparons activement à fouler les planches pour délivrer, comme à notre habitude, un show débridé à l’occasion du « All for One Tour 2018-2019 »

– Quelle est l’actualité d’Underground Investigation, et les grands projets pour 2018 ?

Concrètement, nous allons sortir le 3ème et dernier fanzine de l’année 2017 avant d’entamer une nouvelle saison ponctuée par nos 3 événements annuels et par la sortie du nouvel album de Gang.

Nous travaillons également en partenariat avec World Metal Association et la ville de Woincourt (entre autres) à la mise en place du Monsters of Tribute Rock Festival, qui se déroulera le 9 juin 2018.

Nous épaulons Dynasty (Kiss french tribute band) pour son retour à la scène après quelques soucis de line up. Sans oublier nos potes de Spirit et Father Merrin que nous avons à cœur de soutenir pour qu’ils rencontrent un succès que nous jugeons, mérité.

Si tu rajoutes à cela notre soutien et participation aux festivals des amis et partenaires, je pense que ça nous fera une année 2018 bien remplie…

– Je te laisse le mot de la fin

Juste un mot ? C’est le genre de truc que je ne sais pas faire… ahahahah !

En tout cas, un grand MERCI pour ta collaboration et tes questions pertinentes.
J’y ai répondu avec toute cette passion qui nous anime dans Underground Investigation et Gang. Après, soyez curieux, volontaires, déplacez vous, écoutez, appréciez (ou pas) mais n’oubliez jamais que la musique c’est avant tout du plaisir : du plaisir à offrir, du plaisir à recevoir, du plaisir à partager…

Encore un grand merci pour ta disponibilité et la sincérité de tes réponses.

Réalisation et Photos : © Alain BOUCLY