Interview Red Beans & Pepper Sauce @ Cléon « La Traverse » – mars 2019

Publié : 16 septembre 2019 par Alain B. dans Interviews, Musique, News
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Interview de Red Beans & Pepper Sauce réalisée à Cléon « La Traverse  » le 29 mars 2019

A l’occasion de la sortie du nouvel album de Red Beans & Pepper Sauce qui sera disponible le 27 septembre 2019, nous avons souhaité faire connaissance avec ce groupe qui va devenir incontournable sur la scène hexagonale. Cette dernière production, intitulée « Mechanic Marmalade », est une pure merveille que je vous conseille d’acquérir dès sa sortie ! Et ne manquez pas la tornade Red Beans & Pepper Sauce en live, comme en témoigne le concert époustouflant donné le 31 août dernier à Bethancourt en Vaux, lors du « Festival Plein Air ».

Entretien avec Jessyka Aké (chant) et Laurent Galichon (guitare) effectué par Marie-France BOUCLY

Bonjour Jessyka et Laurent, et merci de nous accorder cette interview pour Ride The Sky.

– Pourquoi ce nom Red Beans & Pepper Sauce ?

Laurent : C’est un clin d’œil au sud des Etats Unis, où les haricots rouges sont à la base de leur cuisine. ça représente également le côté Blues de notre musique, même si il n’est pas toujours au premier plan, c’est toujours là en pointillés. Il y a aussi une part de Classic Rock sur certains morceaux, mais les racines Blues restent omniprésentes. Nous avons trouvé le parallèle intéressant avec les haricots rouges et le sud des Etats Unis, un peu comme les tomates sont liées à la Provence ou les artichauts à la Bretagne ! (rires)

– Pour ceux qui ne vous connaissent pas, peux-tu faire un petit historique du groupe depuis sa création?

Laurent : Nous avons commencé à travailler sur le projet en 2010, mais l’équipe actuelle, composée de Niko, Serge, Denis, Jess et moi même, est ensemble depuis 2014. Nous avons sorti 2 albums, et le troisième est en préparation. Nous nous connaissions déjà tous plus ou moins avant de monter le groupe, étant des musiciens issus de la scène du Blues du sud, dans l’Hérault pour être plus précis. Nos rencontres ont eu lieu lors de circonstances diverses, comme dans les bars Rock ou lors de soirées Jazz avec Niko. Au tout début, j’ai commencé à écrire des morceaux, sans vraiment imaginer les jouer. C’est en les faisant découvrir à d’autres potes musiciens, qu’ils m’ont encouragé à développer le potentiel de ces titres. Petit à petit les dates ont commencé à s’enchainer etaprès avoir donné quelques concerts régionaux, nous avons étérepérés par des animateurs de radio du Collectif des Radios Blues. C’est comme ça que nous avons atterri au tremplin du festival de Cahors en 2013, pour un résultat très positif. Le premier prix nous a été décerné, plus le prix France Blues, pour un total de 4 récompenses sur les 7 mises en jeu ! Les tremplins se sont enchainés, arrivant à chaque fois en finale à défaut de gagner, ce qui a contribué à se faire un nom dans le milieu du Blues Rock français. Petit à petit les organisateurs de festival et les salles nous font confiance, ce qui permet d’augmenter le nombre de concerts, avec la possibilité de se produire loin de chez nous, comme aujourd’hui, ou nous sommes à plus de 9 heures de route de la maison. On a déjà joué dans quasiment toutes les régions de France et aussi en Allemagne, en Suisse, aux Pays Bas, en Belgique au Luxembourg, et ça continue d’évoluer. J’espère qu’avec la sortie du prochain album en septembre, la progression va se poursuivre avec de plus grosses dates etc…

– Comment définirais- tu la musique de Red Beans ?

Jessyka : Energique, puissante, fat, énervée ! (rires)

– Quelles sont vos influences majeures?

Jessyka : Blues, Rock … Rivals Sons par exemple, pour citer un groupe actuel.
Laurent : Il y a tous ceux qui sont dans la lignée revival Classic Rock ou Blues Rock, comme Gary Clark Jr, qui en est le parfait exemple. Gary Clark est une influence sur 2 tableaux. Il fait du Blues avec une orientation Rock, mais il a aussi cette tendance comme Hendrix, à aimer fusionner les styles. ça n’est pas juste faire du Blues et du Rock, comme Led Zeppelin ou Deep Purple, mais un mélange d’influences, comme l’a bien fait Hendrix avec la culture Jazz héritée de son père ajoutée à celle du Blues qu’il a acquise dans le circuit. Il a ensuite été influencé par les anglais, les Beatles, les Stones, etc, et a mélangé tout ça pour faire sa musique. Et aujourd’hui Gary Clark reprend le flambeau ! C’est une influence majeure pour nous. Après, évidemment, le Classic Rock des Led Zep, Deep Purple, ZZ Top, etc, c’est notre culture commune.

Jess : Mes influences Soul sont nombreuses, avec Etta James, Stevie Wonder et Beyonce pour les artistes plus actuels, mais Etta James reste la N°1.

– Comment se passe le processus de création ? Qui compose les textes, la musique ?

Jess : ça se passe à distance ! Nous sommes éparpillés géographiquement, car je vis depuis 3 ans à Paris. Sergio (claviers) s’occupe de la majorité des textes et Laurent de la musique.
Laurent : Les choses sont facilitées, car nous avons tous des « home studio ». Ça permet de composer les bases et de les envoyer à tous les musiciens. Jess y ajoute les mélodies, Serge les textes, et petit à petit tout le monde se renvoie la balle. Après, c’est un travail d’ensemble où tout le groupe est impliqué.
Jess : C’est comme une partie de tennis à 5 !

Laurent : Je peut être à l’origine de la mélodie, ou la développer avec Jess, puis les autres s’occupent des arrangements.

– Qu’est-ce qui t’inspires pour trouver le riff, la mélodie, les textes ?

Laurent : Je n’en sais rien !
Jess : Les films !
Laurent : Oui, pour les textes, car j’en écris quelques uns aussi.
Jess : Nous échangeons beaucoup avec Serge. Par exemple, il s’est inspiré de mon arrivée sur Paris et le changement de vie qui s’en est suivi. Ma façon d’être sur scène et ce côté « panthère » lui a donné l’idée du titre « Black Panther ». On va dire que ça tourne pas mal autour de ma vie ! (rires)

Laurent : Si tu écoutes les Bluesman, BB King, ce sont leurs vies qu’il racontent. Ils te disent ce qu’ils ont fait lundi dernier, qu’il leur est arrivé un truc bizarre samedi soir avec une meuf… On a voulu garder cette particularité du Blues, et c’est dans cet esprit que Jess parle d’elle, qu’elle puisse raconter sa vie aussi. Cela ne m’empêche pas d’écrire d’autres choses de mon côté, au sujet d’évènements qui m’inspirent, politiques ou autres.

– Laurent, quel est ton top 5 des guitaristes ?

Laurent : Hendrix, Hendrix, Hendrix, Jeff Beck, Hendrix ! (rires)
Plus sérieusement, c’est compliqué. Hendrix en premier, ça c’est sur. Pour les autres, c’est difficile de faire des préférences, ça dépend des moments. Il y a Eric Clapton, pour cette capacité à faire de longs solos, jamais chiants et toujours parfaits, et Jimmy Page parce que j’adore la musique de Led Zeppelin. Aujourd’hui il y a Derek Trucks, incontournable dans Allman Brothers, qui est aussi capable de jouer un solo de 5mn sans que ce soit lassant. Dès qu’il attaque un solo, toute la salle est debout, retient sa respiration, car on sait que cela va être un grand moment !

Je vais citer un vieux Bluesman, pas forcément le plus véloce ou le plus grand soliste, mais j’adore le jeu et le son d’Albert Collins, « Master of Telecaster ». Il sait faire sonner juste une note! C’est la raison pour laquelle c’est mon préféré chez les Bluesman!

– Jessyka, quelles sont les chanteuses qui t’ont influencée ?

Etta James, c’est primordial, mais il y a aussi Michael Jackson pour la gestuelle et la partie scénique, sans oublier Lenny Kravitz. Plus récemment, j’ai découvert The Temperance Movement, un groupe anglais que j’aime beaucoup, avec un chanteur au top. J’écoute aussi beaucoup Rival Sons, Beyoncé évidemment pour l’aspect scénique, et plus généralement toutes les « voix ».

– A propos du prochain album, est-ce la continuité de « Red », ou avez vous exploré de nouvelles directions musicales ?

Laurent : Il y a toujours du changement, et je sais qu’avec Niko, nous n’aimons pas refaire les mêmes choses. En termes de production, d’enregistrement, ce sera forcément différent. Après, une fois que les morceaux sont là, on se pose la question de savoir comment on les arrange. Il se trouve qu’à l’écoute des maquettes, c’est encore un peu plus Rock.
Jess : A la base, nous étions davantage dans un registre Blues, jazz, et là, on prend vraiment un virage marqué vers le Classic Rock.

Laurent : Comme je te disais, le nom du groupe est toujours d’actualité, car ça reste du Rock qui vient du Blues. Il se trouve que dans cet album il y a plus de riffs, c’est plus costaud. Niko a changé de kit batterie, avec une nouvelle Ludwig, équipée d’une grosse caisse de 26″ comme John Bonham, donc forcément, ça épaissit le son du groupe. Nous en sommes au troisième album avec cette équipe, et l’on s’inspire de l’énergie du live. Cela se ressent dans les compositions qui sonnent plus Rock. Du coup, on s’oriente tous vers un jeu plus énergique !

– Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’enregistrement, le mixage, la production ? (le lieu et avec quelles personnes?)

Laurent : Nous faisons tout chez nous. Ensuite pour les prises de batterie, guitare et chant, ou l’acoustique compte beaucoup, nous allons chez Niko, qui a son studio personnel très bien équipé. Mais on ne loue pas un studio dans lequel on va rester une semaine à enregistrer, comme le font de nombreux groupes. Nous avons travaillé depuis le début pour se donner le plus d’indépendance possible, sans avoir de maison de disques, ni de booker, ni de tourneur. Je m’occupe essentiellement du booking, mais tout le monde participe, y compris pour la réalisation de l’album. Je sais que c’est à la mode d’aller chercher un grand nom, et du coup, on a décidé de faire l’inverse, en gérant tout nous même, jusqu’à la finalisation du mix et du mastering effectuée par Niko. Cela permet d’être absolument libre et de faire ce que l’on veut, même si on peut être amené à faire des erreurs, mais aussi à faire des choses qui seraient bridées par un type qui chapeaute l’ensemble. Mais peut être qu’on le fera un jour, quand le moment sera venu de changer, quand on sera arrivé au bout du processus !

– Avez-vous déjà le titre ? Combien de morceaux contiendra t’il ?

Laurent & Jess : « Mechanic Marmalade » !! C’est un titre qu’a trouvé Niko un jour sur la route dans le camion entre 2 dates. Ça sonnait bien et notre concept de tout faire nous même à la maison se rapproche bien de l’idée de faire une confiture maison. Que des bons produits ou plutôt du bon matos, et ça confit lentement, tout doucement, tout le temps qu’il faut pour que ce soit cuit à point. Il y 9 morceaux, dont une cover de Gary Clark Jr.

– La date de sortie est-elle prévue ?

Laurent : Le 27 septembre 2019.

– Quels sont vos projets, promo, tournées, festivals ?…

Laurent : On termine la tournée de cet album, (« Red » ndr) puis on attaquera le « Marmalade Tour ». ça ne s’arrête jamais complètement mais on rentre quand même de temps en temps à la maison !

Concernant les projets, il y a la réalisation de 2 clips et le concertde présentation d’album à Béziers (le 25 septembre, Zinga Zanga). Il sera suivi de concerts à Montpellier (Le Jam en octobre et l’Oliver en Décembre), et à Quillan le 11 octobre. Nous allons revenir en région parisienne aux alentours du mois de novembre, à Levallois Perret et Marne la Vallée, et probablement en janvier dans une salle parisienne. Il y a aussi un concert prévu début 2020 à St Etienne avec Manu Lanvin qui va être bien fun. Et puis un de nos objectifs est également de développer le groupe à l’étranger, car nous y avons un excellent retour du public.

– Vous avez carte blanche pour terminer cet entretien :

Laurent : A table ! (rires)

Jess : C’est l’apéro ?
Laurent : Je voudrais parler du public. Il y a un truc que je trouve super, car même en jouant à des endroits éloignés les uns des autres, on retrouve parfois les mêmes têtes. On a vu des fans qui faisaient plusieurs centaines de kilomètres pour venir nous voir, et c’est quelque chose qui me bluffe totalement ! En tant que fan, j’en ai fait des bornes pour voir mes idoles et là, ça me touche vraiment, quand tu vois quelqu’un qui te tire la manche après la balance « Hey les mecs, je suis venu pour vous! » Le type a traversé la moitié de la France ! Pour nous c’est capital ! Ça change tout !
Jess : On leur dit merci !

Laurent : C’est là ou je voulais en venir ! Ils sont essentiels au truc, car s’ils ne sont pas là, ça ne marche pas ! Ils font partie de l’équipe !

Réalisation: Marie-France BOUCLY

Photos: © 2019 Alain BOUCLY

Remerciements à Laurent, Jessyka, Paul Moulenes (La Traverse – Cléon) et Richard Michalik (Fest Plan Air – Bethancourt En Vaux)