La convaincante prestation de Rebel Angels lors de la dernière Convention Rock’N Metal de Fismes est restée gravée dans toutes les mémoires. Grâce à cette interview, c’est l’occasion de découvrir plus en détails ce groupe qui enchaine les dates et démontre son potentiel musical à chaque sortie.
Entretien avec Benjamin Vagnard (Batterie). Avec la participation de Jérémie Vagnard (Chant / guitare)
Bonjour Benjamin, et merci de nous accorder cet entretien pour Ride The Sky.
Bonjour Alain, tout d’abord mille mercis, nous sommes ravis d’accorder cette interview à ce fanzine que nous dévorons à chacune de ses sorties et qui est devenu au fil du temps une référence en France pour les passionnés comme nous.

Peux-tu présenter Rebel Angels et retracer l’historique depuis sa création ?
Rebel Angels, c’est une histoire de rock, de famille et de transmission.Fan absolu de classic rock et de hard des 80’s, j’ai très tôt transmis le virus à mon fils Jérémie, bercé aux Guns N’ Roses, Aerosmith, Alice Cooper ou encore Cinderella. À la maison, les vinyles tournaient en boucle, les riffs s’imprimaient, et l’amour de la musique est devenu notre langage commun. Je suis batteur — on me surnomme “Daddy Rock” à la maison — et je tiens le groove derrière les fûts. Mon fils Jérémie est aujourd’hui au chant (depuis tout récemment) et à la guitare lead. Il a affûté son jeu à l’American School of Modern Music et apporte cette énergie mélodique, ce feu brut qui incarne l’âme du groupe. À nos côtés, deux autres musiciens passionnés complètent le line-up, tous animés par la même volonté de faire vivre un rock authentique, racé, sans triche.
Avant Rebel Angels, nous avons joué plusieurs années sous le nom d’Under Influence, un groupe de reprises rock & hard rock. De 2015 à 2021, on a sillonné les bars parisiens et les scènes de banlieue, en électrique comme en électro-acoustique, avec des reprises de Bon Jovi, Clapton, Billy Idol, Judas Priest, Poison, les Stones, Dylan ou les Beatles… Un vrai tour d’horizon des grands classiques qui ont forgé notre ADN.
Fin 2021, l’envie de composer s’est imposée naturellement. On a commencé à écrire nos propres morceaux, à les intégrer dans nos sets. Et Rebel Angels est né, avec l’ambition de porter notre voix, nos émotions, notre son. L’aventure ne fait que commencer.
Si vous deviez définir de style de Rebels Angels, quel serait-il ?
Si je devais définir le style de Rebel Angels, je dirais sans hésiter : du classic rock de cœur & racé. Un rock vintage 80’s qui claque, qui groove, qui parle autant aux tripes qu’aux oreilles. On attache une importance particulière à l’énergie, aux mélodies qui marquent, aux refrains qu’on retient et surtout à l’émotion qu’on met dans chaque note. On soigne nos riffs pour qu’ils sonnent vrai et restent en tête et on aime jouer avec les nuances. Certains morceaux peuvent être traversés d’une vibe americana rock, d’un esprit Dylan ou Stones, quand d’autres tapent plus fort, plus hard rock frontalement. Ce mélange, c’est ce qui fait notre couleur : on varie les ambiances, sans jamais perdre notre identité. C’est du classic rock, mais avec notre empreinte à nous. Chacun de nos titres raconte une histoire, crée un climat, embarque l’auditeur dans un univers. Et c’est cette richesse-là qu’on veut défendre sur scène comme en studio.

Quelles sont vos influences respectives ?
Nos influences sont multiples, mais clairement ancrées dans les grandes heures du hard rock et du classic rock.
Je suis tombé dans la marmite au tout début des années 80, et ce terreau-là reste central pour moi. Les groupes anglais, américains et australiens de cette époque sont mes piliers : Def Leppard, UFO, les premiers Whitesnake, Thin Lizzy, Quireboys, mais aussi Aerosmith, Kiss, Cinderella, Great White, Tesla, Angel City, Heaven, et évidemment AC/DC. Jérémie, lui, a grandi avec les Guns N’ Roses en bande-son permanente. Slash reste une référence majeure pour lui. Mais ses influences vont plus loin : Led Zeppelin, Dylan, Neil Young, Bon Jovi, Poison, les Red Hot, et même Ghost plus récemment… sans oublier une petite touche d’électro.
On est donc à la croisée des chemins entre le rock vintage, le hard mélodique et l’énergie plus contemporaine. Et c’est ce mélange-là qui façonne notre son.
Comment sont répartis les rôles dans le processus de composition ?
La composition chez Rebel Angels, c’est avant tout une affaire d’échange, de feeling… et de groove partagé. Tout commence souvent par une discussion avec Jérémie : on se met d’accord sur l’intention, la couleur que nous souhaitons donner au morceau. Ensuite, je lui partage une idée, une émotion ou une ambiance que j’ai en tête et que j’ai envie de traduire en musique. Il rebondit avec un riff, une structure, parfois une petite démo qu’il a maquettée. On teste ça en répète dans notre Thunderdome Studio maison. À partir de là, on affine le morceau ensemble, on ajuste les parties, la dynamique, le placement du bridge, sa durée… On l’enregistre en live via un Zoom, puis on laisse reposer. Un peu comme un bon vin, il faut lui laisser le temps de respirer pour savoir ce qu’on garde et ce qu’on fait évoluer. Une fois la structure établie, on passe aux paroles. Et là encore, on travaille souvent à deux. Souvent, nous partageons la maquette à notre ami Gilles, notre ingénieur du son et producteur avec qui on bosse sur l’album. Il nous fait un premier retour, souvent très juste. Ses remarques nous aident à affiner, à pousser un cran plus loin. On intègre ce qui nous parle, puis on enregistre une démo propre qui servira de base à la version définitive. C’est un vrai travail de co-création, où chacun apporte sa patte, mais toujours au service du morceau.

Quels sont les sujets abordés dans vos textes ?
Pour notre premier album, on a fait le pari d’un fil rouge narratif. Tous les textes — une dizaine de morceaux — tournent autour d’un personnage central que nous avons inventé : un anti-héros, un vrai bad boy, à la fois cabossé et touchant. Un peu comme un personnage de bande dessinée projeté dans un road movie rock à l’américaine. Chaque chanson raconte un moment de sa cavale intérieure et physique. Il part en voyage à travers les États-Unis, fuyant un passé lourd pour essayer de se reconstruire. À chaque étape, une ville, une rencontre, une prise de conscience… Les textes évoquent des thèmes universels : l’amour, la fuite, les excès, les vices, les choix qu’on regrette ou qu’on n’assume pas, la solitude, la renaissance. Il y a du feu, du cœur et beaucoup d’émotion. Mais je ne vais pas trop en dire pour ne pas spoiler l’histoire complète. Ce qu’on peut dire, c’est que chaque chanson est un chapitre. Et que l’album, dans son ensemble, forme un véritable voyage, un Road Movie Album. À vivre fort, de la première à la dernière note.
Vous avez joué lors de la 27ème Convention de Fismes en mars dernier. Quelles ont été vos impressions et quel souvenir en gardez vous ?
Nous gardons un souvenir intense, gravé dans nos cœurs et dans nos tripes.
Franchement, c’était un moment super fort, à tous les niveaux. L’organisation nous a accueillis comme des rois, la team technique était ultra pro et le son sur scène… un pur bonheur ! Ce qui nous a particulièrement touché, c’est le public. Beaucoup nous découvraient ce jour-là, et l’accueil qu’ils nous ont réservé a été incroyable. On a senti l’écoute, l’énergie, la connexion. Partager notre musique avec un public aussi passionné, ça donne des frissons. Il y avait aussi une vraie ambiance entre groupes, une bienveillance, des échanges sincères. Et puis, jouer à Fismes, c’est plus qu’une date : c’est un passage symbolique pour tout groupe rock – hard rock en France. Une scène mythique, chargée d’histoire. Pour nous, c’était un honneur d’y être. Ce concert, on ne l’oubliera jamais.

Qu’écoutes-tu en ce moment ?
En ce moment, il y a pas mal de bons sons qui tournent en boucle sur ma platine.
J’ai un gros coup de cœur pour le dernier Dead Daisies, «Light’Em Up». Pour moi, c’est leur meilleur album à ce jour : gros son, bonnes compos et une énergie comme j’aime. Je suis aussi à fond sur le nouvel album des Quireboys, «Wardour Street» — la version avec Spike. C’est un vrai retour aux sources, très proche de l’esprit de leur tout premier disque. Et avec Luke Morley (guitariste de Thunder ndr) à la guitare, ça envoie grave ! Autre belle découverte : Rock City Machine Co, leur premier album est une pépite. Des compos efficaces, un vrai son 80’s, bref un “must have” pour tout fan de classic rock. J’écoute aussi pas mal le dernier Ricky Warwick, «Blood Ties». C’est très bien écrit, très varié, avec des clins d’œil à Thin Lizzy et Black Star Riders qui ne peuvent que me parler. Et puis, plus récemment, je me suis replongé dans un bootleg de la dernière tournée de Paul McCartney. Sa chanson «Now and Then», finalisée avec un peu d’IA, est très touchante. Encore plus quand on l’écoute en live… Une belle émotion.

Les 3 albums que tu emporterais sur une île déserte ?
Benjamin : Ah celle-là… c’est la question piège par excellence ! Il y a tellement d’albums que j’adore que c’est presque cruel d’avoir à choisir. Mais bon, si je dois vraiment trancher, voilà mon trio (ok… avec un petit joker caché) :
Côté UK : Def Leppard – «High and Dry». Un album très rock, brut et mélodique qui a posé les bases de tout ce que j’aime dans le hard rock britannique.
Côté US : Great White – «Hooked» et Cinderella – «Long Cold Winter». Impossible de choisir entre les deux… donc je triche un peu, c’est mon 2 en 1 perso. Deux disques qui tournent en boucle chez moi depuis des années et qui me ramènent direct à l’âme des 80’s.
Côté Australie : Angel City – «Night Attack». Un son puissant, des morceaux pleins d’accroche et cette touche personnelle inimitable.
Voilà, une bonne dose de riffs, de refrains et d’émotions pour survivre en musique, même au bout du monde !
Jérémie : Pas simple de trancher, mais s’il ne devait en rester que trois…
«Contraband» de Velvet Revolver : un condensé de puissance et de tension, un disque qui m’a marqué dès la première écoute. Slash y est magistral et c’est un album qui me donne toujours l’envie de jouer à fond.
«Jar of Lies» d’Alice In Chains : pour la beauté sombre et fragile de ses mélodies. Il y a une intensité émotionnelle unique dans cet album. Parfait pour les longues soirées seul face à l’océan…
Et «Book of Shadows» de Zakk Wylde : un bijou acoustique et introspectif. Cet album me touche profondément, il montre une autre facette de ce guitariste hors norme. C’est à la fois brut, sincère et apaisant.
Trois ambiances, trois disques essentiels pour garder l’équilibre même sur une île perdue.

Quel regard portes-tu sur la scène Rock et Metal française ?
Un regard à la fois admiratif… et un peu nostalgique. Parce que franchement, la scène française est super vivante. Il y a aujourd’hui énormément de groupes talentueux, dans tous les styles, avec une vraie créativité et une énergie qui fait plaisir à voir. C’est un peu paradoxal dans un pays qui, historiquement, n’a jamais eu une grande culture rock. Et pourtant, ça bouillonne de partout. Il y a une vraie effervescence, portée par des musiciens passionnés. Mais en face, il faut bien l’avouer, les lieux pour jouer sont de moins en moins nombreux. Les petites scènes ferment, les cafés-concerts peinent à survivre, et à Paris intra-muros, c’est carrément l’hécatombe… (Rien que la fermeture du Hard Rock Café, c’est un symbole). C’est frustrant, surtout pour les jeunes groupes qui cherchent à se faire entendre.
Côté styles, on sent aussi que le métal extrême et les sons très growl ont la cote. C’est une esthétique que je respecte, mais qui me touche moins. Le classic rock, le hard rock ou le hard mélodique, sont beaucoup moins représentés en France… Et c’est dommage, parce qu’il y a de très bons groupes dans cette veine, mais qui restent bien trop souvent dans l’ombre.

Parles nous un peu de vos projets avec Rebel Angels.
Pas mal de belles choses en préparation !
D’abord, on a une surprise brûlante qui débarque le 26 septembre… mais je ne vais pas tout dévoiler tout de suite. Patience, ça arrive vite. Ensuite, le 30 octobre, on sera sur scène à Paris pour un concert qui nous emballe particulièrement : la Wild Night #4, au côté des mythiques Titan, légende du heavy français. C’est un vrai kiff de partager l’affiche avec eux, et encore plus dans le cadre d’un événement qu’on organise nous-mêmes !
Et dès la rentrée, on attaque la dernière ligne droite de la production de notre tout premier album studio. C’est un projet qui nous tient à cœur, sur lequel on bosse depuis des mois, et on a hâte de le voir prendre vie.
En parallèle, on va lancer la promo de l’album, programmer des dates dans toute la France pour 2026, réaliser quelques clips, et préparer les prochaines éditions des Wild Night, déjà prévues pour 2026.
Bref, la route est belle, pleine de riffs et bien chargée… mais c’est comme ça qu’on l’aime.

As-tu un scoop pour Underground Investigation ?
Oh que oui, et pas des moindres : vous l’avez entre les mains et les oreilles, en super totale exclu et avant première !
C’est notre EP «HOT LIVE from the Legendary Fismes Stage», enregistré cette année même à Fismes, le fief d’Underground Investigation… et nous en sommes super fiers !
Ce live, c’est notre tout premier. Un instantané brut, sincère, vivant, de ce que nous sommes sur scène. Et c’est aussi un vrai symbole pour nous : capté sur cette scène légendaire, chargée d’histoires et de décibels, qui a vu passer tant de groupes qu’on adore.
Un immense merci à Laurent Bocquet de BGS Music et toute son équipe pour leur super boulot, leur oreille affûtée et leur passion. Sans eux, ce disque n’existerait pas.
Et bien sûr, un merci XXL à Sylvain et à sa dream team, pour l’accueil au top et l’invitation à jouer sur cette 27e édition qui restera gravée.
Ah… et il reste une dernière surprise, mais je laisse Sylvain vous la révéler.

On te laisse le mot de la fin pour Underground Investigation.
Un immense merci pour cette interview et pour l’opportunité de figurer dans les pages d’un fanzine que je suis depuis… presque ses débuts ! Si notre interview n’est pas censurée on est fiers et heureux d’y être.
Bravo à toute l’équipe d’Underground Investigation pour votre passion intacte, votre flamme, votre exigence, votre soutien à la scène, et le sacré boulot que vous faites depuis tant d’années pour faire vivre le rock et le metal sous toutes leurs formes.
Respect. You Rock, We Love You
Et bien sûr… Long live Underground Investigation!
Par Alain BOUCLY – Photos: ©2025 Alain BOUCLY