Interview Psychoïd @ Melun le 16 mai 2018

Publié : 6 juin 2018 par Gauvain G. dans Interviews, Musique
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Bienvenue sur Ride The Sky pour une nouvelle interview avec Psychoïd. L’interview s’est faite le 16 mai 2018 à Melun avec le groupe au complet. Elle se décompose en deux parties: la première qui est une interview dite classique et la seconde qui une partie où le groupe peut me poser des questions; il n’est pas rare d’y trouver de nouvelles questions et de découvrir un peu plus le groupe !

 

Interview :

Je vais poser la première question que je pose à tout le monde : Pourriez-vous vous décrire en quelques mots ? Comme ça vous pourrez vous présenter.

 

Thomas : Alors moi c’est Thomas. Je suis chanteur et guitariste. Donc pour se décrire, on se revendique fièrement comme un groupe de Thrash Old School. Voilà,…
Amaury : Quelques mots on a dit ! [rires] Donc je suis Amaury, je suis batteur et j’ai des poils.
Kiko : Moi c’est Kiko, je suis guitariste et j’aime la bière. (Amaury : toi tu n’as pas de cheveux)
Rémi : Moi je suis bassite, je m’appelle Rémi. J’ai des poils et j’aime la bière.

 

 

Du coup la deuxième question : Quelles sont vos influences ? Donc tu vois [Thomas] ça va répondre plus ou moins à ce que tu avais commencé.

Thomas : Bah nos influences c’est simple : c’est le Thrash des années 80, le Big Four, le Punk, … le Rock N’Roll tout simplement.
Amaury et Rémi : c’est ça !
Kiko : En gros c’est ça, mais on ne va pas cibler en citant des noms de groupes.

Même si le Big Four est un ensemble de groupes.

Kiko : Oui c’est vrai ! Après comme influence on a aussi l’humanité, très important, on l’observe, on la chante, on l’a décrit.
Amaury : Je n’aime pas ce genre de phrase, ça fait prout je trouve. Ça genre : « L’humanité est trop dark… ».
Thomas : Après dans les paroles c’est un peu ça…c’est vrai d’une certaine manière.
Kiko : Disons qu’on ne fait pas de musiques pour le droit des animaux. On n’est pas chez DISNEY.
Amaury : Et pourquoi pas ? Moi je te l’écris ta chanson !
Thomas : Non laisse-moi ça parce que je préfère…
Amaury : Bah alors tu enregistres le split du groupe en direct ! Des deux fondateurs en plus. [rires]

J’ai une autre question du coup pour le bassiste, Rémi : Pourquoi la basse est-elle autant mise en avant dans le mix ?

Rémi : Oui pourquoi ? C’est une bonne question. En fait, la basse a un côté très utile chez Psychoïd. Après au niveau du son qu’on souhaitait avoir, c’était bien de la mettre en avant et qu’elle montre une cohésion avec les guitares. Pas forcément que ça monte au-dessus, mais qu’elle soit présente car elle fait aussi partie des compos.
Amaury : La basse dans Psychoïd soutient plus les guitares que la batterie et je trouve bien qu’elle soit ajustée. Tu vois, Rémi, il ne joue pas en son grave en fait, il monte plus dans les aigues médium pour que ça claque. Et du coup il faut que les gens l’entendent puisque c’est le son qu’on veut.

Voilà une question qui n’a pas trop de lien avec la précédente : Pourquoi avoir fait un morceau instrumental « The End of Times » ?

Amaury : Parce que le leader a un ego démesuré et qu’il se prend pour un artiste. Il veut qu’on l’appelle Beethoven pendant les répets, c’est un peu gênant. Thomas tu as quelque chose à ajouter peut-être?
Thomas : Non c’est exactement ça ! Et j’assume !

Mais si ça peut te rassurer, c’est mon morceau préféré de l’album.

Thomas : Ah tu vois que j’ai bien fait de le mettre alors !
Amaury : Tu vois je te l’avais dit : Dès qu’on n’entend pas sa voix c’est de la balle ! On va faire que des instrus ! [rires]

Quand tu parlais tout à l’heure des textes, j’ai trouvé qu’il y avait quelques textes « engagés » et qui ont des paroles assez crûes ; plus ou moins d’actualité, par exemple sur la télé, la violence,… Du coup est-ce que c’est important pour vous d’avoir un minimum d’engagement dans un groupe de musique ?

Amaury : Il y a pas longtemps on avait parlé d’un truc sur le sujet, comme quoi on n’était pas engagés mais …
Thomas : … contestataires ! Parce que dès que tu dis « engagé » ça sonne politique. Alors on en parle aussi mais…
Kiko : … On n’a pas de positions ! On constate et on essaye de raconter l’actualité avec notre œil en fait ; sans prendre vraiment parti. Dans une chanson comme TV’s Grime, où on parle de télé réalité, on va décrire la singerie qu’elle est sans vraiment critiquer dans le fond.
Thomas : Disons qu’on est plus subversifs qu’engagés en fait. C’est plus large ainsi. Mais tous les textes ne sont pas super profonds, quand tu lis les paroles d’Anarchy ou We Kick Your Ass, c’est plus léger. Mais c’est vrai que dans la globalité je n’aime pas écrire pour ne rien dire. J’aime bien qu’il y ait un minimum de réflexion derrière et passer un message tout simplement…

J’avais une autre question par rapport aux paroles ; on peut relever plusieurs interjections et quelques questions de rhétorique dans les musiques subversives. Est-ce important pour vous que le public et vos auditeurs se sentent un minimum concernés par vos textes ? Est-ce si important, comme tu disais tout à l’heure [Thomas] que vos textes aient du fond ?

Thomas : Pour moi en tout cas oui ! Après je ne vais pas parler d’évangiles. Cependant il y a aussi des groupes qui ne font que dans la futilité et ça leur va très bien.
Amaury : Après c’est dur pour nous d’en parler vu qu’on est français et qu’on chante en anglais. Car la majeure partie des groupes que je vais voir chante en anglais, je les comprends mais je m’en fous [rires]; je suis là parce que ça arrache c’est tout. Faudrait, en fait, qu’on demande aux anglais ce qu’ils pensent de ce qu’on chante.
Tout le monde : ce serait en effet une bonne question à poser !

 

Discussion :

Mes questions initialement prévues sont finies ; mais maintenant est-ce que vous vous avez des questions ?

Kiko : Est-ce que tu as trouvé l’album trop court ? Qu’est que tu penses du format niveau temps ?

En vrai, je ne sais pas du tout le temps qui fait mais ça ne m’a pas choqué dans la longueur. Je ne sais pas combien de temps il fait…

Kiko : … Une trentaine de minutes. Et c’est vrai que c’est un format pas très actuel, mais nous notre kif a été de faire un album expéditif.

Après c’est vrai que ça colle bien au genre, c’est une musique qui se veut intense donc je ne trouve pas que ça soit un problème !

Thomas : C’est vrai que si c’est pour faire de 40-50 minutes avec 3-4 morceaux qui ne t’ont pas marqué ; je ne vois pas l’intérêt. Par exemple, Kiko m’a prêté le dernier Municipal Waste. J’adore ce groupe, mais il y a 3-4 morceaux qui se ressemblent énormément et moi ça me dérange un peu. Dans le sens où du coup tu t’y perds: il faut trier ce que tu as aimé ou non. Moi j’aime dans un album ne pas l’avoir l’impression d’écouter toujours la même chose pendant 30-40 minutes, j’aime les choses qui sont diverses ! Et je ne vois pas l’intérêt de combler pour faire un album allant jusqu’à 50 minutes, faire une heure pour faire une heure je trouve ça ridicule. Tu vois, quand tu fais l’amour c’est super mais ça ne dure pas 35 minutes. Donc Psychoïd c’est ça : Ce n’est pas fait pour être long mais pour être bon !

Amaury : Maintenant on va faire la promo pour les copains : Que penses-tu de la pochette ?

C’est vrai qu’elle claque ! Elle ressort bien, les couleurs sont bien choisies et aussi elle est assez couillu j’ai envie de dire.

Amaury : Le dessinateur c’est Tim Montaigne (NDLR: Thimothée Montaigne, dessinateur notamment de la BD Le Cinquième Evangile chez Soleil) et à la base on lui a juste parlé de l’idée, de ce qu’on voulait un peu près et en fait il a fait le dessin tout seul ! Il nous a juste demandé de temps en temps si ça nous plaisait mais le mec a tout compris ! Et il a fait ça nickel, on est franchement aux anges.

Vous avez trouvé le bon qui a compris direct.

Thomas : C’était inespéré !
Amaury : Alors si toi aussi tu veux une pochette qui déchire pour ton album contacte-le, il assure !

C’est vrai qu’elle se démarque bien, après c’est vrai que ça ne fait pas aussi soigné que les pochettes actuelles. Toutes sont avec des traits ultra lisses, ultra propres ; alors que là ça se remarque encore plus…

Amaury : En fait, quand je pensais à cette pochette, je pensais aux vieilles pochettes d’albums de Thrash, faites à la main. Ma référence était Spreading The Diseases d’Anthrax dont j’adore le style du dessin. Et Tim l’a reproduit, j’en suis complètement fan ! Ça sent les années 80-90 c’est top !

Une question me vient : Pourquoi Psychoïd ?

Amaury : Psychoïd ! Tu dis « Psykod » depuis tout à l’heure. Mais tu sais il y a un vrai problème avec ce groupe, c’est que très souvent, lors de concerts ou de tremplins, ils écorchaient tous le blaze du groupe. On a « Psichoïd » , « Psichoid » (NDLR : avec le son « ch » pour les deux), « Psikod » , …
Rémi : Même l’orthographe…
Amaury : Je pense qu’il y a une malédiction sur le nom du groupe.

Et du coup, pourquoi ce nom ? Cela en valait-il la peine ?

Thomas : On voulait un truc qui sonnait un peu psyché et un côté un peu bizarre, bizarroïde ; Psychoïd était parfait. Tu vois psychose et hémorroïde ? Eh bien c’est ça ! [rires] Mais ce qui est marrant dans l’histoire, c’est que « psychoïd » est un vrai terme psychologique ! Alors que je le savais pas à l’époque car je n’avais pas la culture que j’ai aujourd’hui. [rires] Le psychoïd est un vrai terme en psychanalyse ! (NDLR : « Psychoïde : ayant l’aspect d’un phénomène psychique »)

Ah tiens, tant que j’y suis : pourquoi chanter en anglais ?

Thomas : Tout d’abord, c’était une question d’ambition et puis le Thrash c’est américain. Je ne me vois pas chanter en français.
Rémi : C’est la langue du Rock N’Roll tout simplement !
Thomas : C’est surtout sympa à l’écoute.

C’est sûr qu’il y certaines tournures qui sont plus poétiques en anglais qu’en français

Kiko : Ça sonne mieux.
Amaury : Et c’est plus facile aussi.

Tu n’as pas à t’embêter avec les rimes, les pieds…

Thomas : Si tu t’embêtes quand même ! Après faut savoir souffrir.
Amaury : Après on ne chie pas sur ceux qui chantent en français, au contraire chapeau ! Après en anglais si tu ne sais pas quoi dire tu cales un « Yeah » à la James Hetfield.
Thomas : “I walk on the street I want a strip” [rires] Tout de suite ça sonne ! Alors qu’en français ça a moins de charme je trouve.
Amaury : « Je marche dans la rue, je voudrais voir du cul »… Non c’est naze.
Thomas : Imagine toi les paroles des Beatles en Français, tu es tout de suite moins fan.
Amaury : C’est pareil pour un peu tous les groupes, regarde ACDC : « TNT, je suis de la dynamite ! » C’est naze. C’est vrai que beaucoup de gens disent que les paroles en français ça sonnent cul-cul con-con mais si tu traduis des chansons anglaises en français, tu te dis : « Mais putain c’est la même chose en fait ! ».
Thomas : Sauf que ça a de la gueule.
Kiko : « Ange de la mort. Monarque des royaumes de morts » (NDLR : Slayer Angel of Death) [rires]
Amaury : En fait les anglophones doivent avoir une perception différente de la musique puisqu’ils comprennent tout !
Rémi : D’ailleurs tu sais qu’à l’époque les groupes de Heavy français comme Blasphème, Satan Jokers… Ils faisaient leurs albums en français puis sortaient une seconde édition en anglais pour l’exportation.
Amaury : Sauf que c’était de la merde… Par exemple Sortilège a fait une chanson « Cyclope de l’Etang » qui était très bien en français ; ils en ont fait une version anglaise : « Cyclops Of The Late » mais c’est pourri…
Rémi : Pour te dire : la langue du Rock N’Roll c’est l’anglais mais pour ces groupes ça n’a pas marché.

Ils étaient peut-être moins inspirés …

Amaury : En fait le problème c’est quand tu passes de bonnes chansons du français à l’anglais ça ne peut pas marcher. Je pense quand tu écris une chanson dans une langue tu ne peux pas te permettre de changer la langue comme ça. En fait, quand tu composes une chanson tu la penses pour une langue pas pour une autre.
Thomas : C’est ce que j’allais dire ! Quand tu écris anglais tu penses anglais !

J’ai une nouvelle question pour vous : Est-ce que ça vous fait plaisir que votre réputation monte au point que vous ayez une interview dans le Rock Hard du mois de mai et une chronique de votre CD ?

Thomas : Bah c’est le kiff ! Je lisais Rock Hard quand j’étais môme, je n’avais pas de groupe mais j’aimais déjà la musique. Après si on m’avait dit qu’un jour je me retrouverai dans ces pages je ne t’aurais jamais cru.
Amaury : C’est ce que je disais il y a quelques années, quand on a formé le groupe avec Thomas, « Ouais un jour on sera dans le Rock Hard ». Sauf qu’à l’époque c’était la grosse blague alors qu’on a vraiment fini dedans ! On était tout content !
Thomas : Un super beau cadeau !

Pour finir, est-ce que vous avez une tournée qui se prépare ?

Amaury : En septembre on a quelques dates… (NDLR : 01/09 : DOUAI, 22/09 : NANCY, 29/09 : Napalm Fest #2)
Kiko : … et une en novembre (NDLR : en octobre ! le 13 à SOLESMES). Après il y a des trucs qui se préparent pour 2019, mais comme il n’y rien de signé on ne pas s’avancer mais il devrait y a voir des événements.

Des gros festoches ?

Kiko : Peut-être bien…
Thomas : On va jouer sur un petit truc, le Hell…fest je crois, sympa, et le Motocu…Motoculbutor un truc comme ça [rires]
Rémi : Par contre on peut parler du Napalm Fest à Evry !

Evry-Grégy-sur-Yerres !

Rémi : Au mois de Septembre , mais je n’ai pas la date en tête (NDLR : le 29 comme écrit ci-dessus).
Amaury : Ça fait vraiment : « Alors je voudrai faire la promo mais je sais plus quand c’est ».
Rémi : C’est la deuxième édition du Napalm Death…
Tout le monde : Napalm Fest !
Rémi : Dans le 91…

Non c’est dans le 77

Amaury : Vas-y Rémi tu as encore un truc à dire ? [rires]
Rémi : Je vais chercher une bière !
Amaury : « Je suis dans Psychoïd depuis 24 ans et je joue de la mandoline ; merde c’est pas ça ! » [rires]

 

Nous remercions chaleureusement le groupe pour s’être déplacé au complet pour cette interview ! Nous remercions aussi Valentin de M.U.S.I.C Records pour nous avoir permis d’organiser cette rencontre.