Merci Alicia de participer à cet entretien, afin de découvrir les multiples facettes de ton univers musical et partager avec les lecteurs tes expériences, dont la dernière en date avec la sortie encore toute chaude de ton premier 45 tours sous le nom d’Alicia F!
J’ai 31 ans et suis fan de Rock depuis l’âge de 11 / 12 ans. J’ai animé une émission Rock hebdomadaire d’une heure par semaine, sur une radio en Loraine, ma région natale, avant d’arriver sur Montreuil ou je vis actuellement. J’essaie de véhiculer les valeurs du Rock en mettant en avant mes influences et brandir cet étendard bien actuel d’un style qui a marqué les époques depuis plus de 50 ans. Je chante aussi un peu…
Vers 12 ans, j’ai découvert Aerosmith avec le morceau « Jaded » extrait de l’album « Just Push Play », dont le clip passait sur MTV. ça a était une vraie révolution lorsque je suis tombé sur cette vidéo. Le visuel et le son me plaisaient tellement que je me suis précipitée sur un post-it dans le bureau de mon père, pour noter le nom ! C’est que qui a été l’élément déclencher de mon intronisation dans le milieu du Rock. Avec mes parents, nous habitions Villerupt à 60 bornes de Metz, ou se trouvait le premier disquaire, en l’occurrence la fnac, à l’époque ou il y avait encore un vrai choix de disques, avant que ça devienne un distributeur d’électro ménager! J’ai donc acheté « Just Push Play » d’Aerosmith, contenant ce fameux titre « Jaded », et ça a été le cataclysme musical, la révolution à tous les niveaux, que ce soit auditif et hormonal, pour être totalement honnête !
Après l’épisode Aerosmith, j’ai découvert d’autres groupes grâce à Radio 21, connue aujourd’hui sous le nom de Classic 21. Puis j’ai eu la chance de rencontrer Sam, un copain de mon père, qui, saisissant mon intérêt pour le Rock, m’a recommandé l’émission du dimanche matin de 9h00 à midi. Les plus grand classiques y sont diffusés, avec tous les groupes légendaires comme Led Zeppelin, les Who, The Kinks… Chaque semaine, j’allumais la radio afin de découvrir ces groupes, sans oublier de noter ceux qui me plaisaient. C’était aussi les débuts d’internet, un bon moyen pour approfondir les recherches sur les groupes que je venais d’entendre. Mais avec un forfait de 3h00 et les connexions aléatoires des premiers modems, ça n’était pas évident de monopoliser le PC familial. D’autant qu’à 13 ans, j’étais encore sous l’autorité parentale ! Cela a été la piste la plus marquante, avec l’ouverture d’esprit aux sonorités plus Rock, Hard Rock ou Heavy Metal, liée à ce que pouvait écouter mon père, mais c’est surtout son ami, beaucoup plus « branché », qui m’a vraiment aiguillé.
Déjà visuellement, c’est un truc qui me parle grave ! J’adore ce côté rébellion et rentre dedans du Rock. Le Rap par exemple ne me parle pas du tout, même si c’est « rentre dedans ». ça n’est pas de la musique, car il manque les vrais instruments ! J’adore voir un musicien en live, s’extasier, vibrer en jouant. C’est la vraie musique, vivante, contrairement à celle qui sort d’un ordinateur. Elle sort vraiment des entrailles, avec toute l’énergie que peut dégager le Rock. Rien de tel qu’une bonne missive qui envoie du bois pour te mettre de bonne humeur le matin ! Un bon AC/DC, c’est quand même sympathique !
Oui, Marc Zermati, le créateur du label Skydog dans les années 70, et qui a été le premier à organiser le festival punk de Mont de Marsan en 1976 / 77. il a été essentiel dans ma découverte de ce style musical. Il y avait également une émission sur Canal Jimmy, chapeautée par Philippe Manoeuvre, qui s’appelait Rock Press Club (diffusé entre 1992 et 1999 ndr). Les sujets étaient développés par plusieurs chroniqueurs, lors d’un tour de table, en montrant des extraits vidéo. C’était une sorte de talk show version Rock, animé par Patrick Eudeline, Isabelle Chelley et Laurence Romance, toute cette nébuleuse de Rock & Folk, dont faisait partie Marc, qui collaborait au magazine avec la rubrique Docteur Z. J’adorais sa façon de s’exprimer, ce côté « rentre dedans » et provoc, pour m’ouvrir la voie sur le Punk et toute l’énergie liée à ce mouvement, représentée par Eddie And The Hot Rods, Dr Feelgood ou encore The Inmates. Il a énormément compté dans mon éducation musicale !
Actuellement, la priorité est orientée vers le Punk, et ça n’est pas si réducteur qu’il n’y parait, avec juste 3 accords, bim bam boum et on y va… Sans compter les nombreux sous genres liés à ce style, très intéressants à explorer, ou on retrouve une certaine musicalité. J’apprécie également le Glam Punk, et naturellement mes racines Hard Rock classique et Heavy Metal. J’ai d’ailleurs des tatouages dédiés.
C’est le premier 45 tours de Motörhead sorti chez Skydog ! (en 1978 ndr) Lemmy venait tout juste de se faire virer d’Hawkwind et forcément j’y tiens beaucoup, car c’est introuvable.
« White Line Fever » et « Living Here »
Récemment, j’ai eu l’occasion de revoir UK Subs, emmenés par Charlie Harper, et franchement, les vieux n’ont pas encore décidé de raccrocher les gants. ça fait plaisir à voir !
Il y a 2 ans lorsque j’ai rencontré Tony Marlow…
Comme quoi, je n’avais pas vu les questions !
De fil en aiguille, le répertoire s’est étoffé pour arriver à 8 morceaux, dont quelques compositions.
C’était un peu prématuré de sortir un album tout de suite donc le format 45t était idéal pour une carte de visite. Le choix du vinyle a deux avantages : le son est meilleur qu’en CD et c’est un bel objet qui peut orner les collections de disques. L’album est en préparation avec des textes écrits par moi-même mis en musique par Tony Marlow.
La chanson est pour moi un exutoire au fait de ne pas se sentir en concordance avec ma génération. J’ai toujours senti un décalage entre mes centres d’intérêts, ma mentalité et ceux de mes pairs générationnels. Il s’agit donc d’un texte que j’ai écrit et dans lequel j’expose ce sentiment car pour moi, chanter des thèmes qui me sont proches est très important. Pour moi ça ne vaut pas le coup si ce que je chante n’est pas intimement lié. C’est évidemment un clin d’oeil aux Who que j’adore mais qui prend un peu le contre-pied.
J’ai choisi cette chanson car elle a fait partie des premières que j’ai interprété sur scène. De plus, j’adore son sujet. Puis j’ai aussi remarqué qu’il existait peu de versions féminine de cette dernière alors j’ai sauté le pas. J’ai toujours aimé cette chanson et toutes ses versions déclinées. C’est un hymne, elle me prend aux tripes, quelque chose de viscéral. Des fois c’est inexplicable.
Je trouve qu’il y a un retour vers des choses trop aseptisées, trop cadrées… Quant on voit Cherry Curry des Runaways en corset, bottes et porte jarretelles sur scène, c’est ça le Rock !
Mes tenues, pas toujours très couvrantes, sont aussi le reflet de ce que je suis dans la vie, et ne sont pas réservées exclusivement à la scène. Je les porte aussi bien pour sortir dans la rue, aller au restaurant, en concert.. Je m’en fous et n’ai aucun problème avec le regard des autres, et je les emmerde ! Pourquoi faudrait-il se mettre en jeans, basket, veste et col roulé parce que t’es une nana et que tu risques de te faire emm…. Justement, c’est tout l’inverse et contraire à mon éthique.
Patrice Catanzaro est un créateur de vêtements spécialisé dans l’univers fétichiste, et je suis plus ou moins lié à ce milieu. D’autant qu’avec ma morphologie d’1m54 pour 40 kilos tout mouillé, tu as du mal à trouver des vêtements qui te moulent le corps dans les enseignes classiques. Tandis que les vêtements de Patrice Catanzaro, en matière wet look, vinyle et latex, semblent fait pour moi, tellement je m’y sens bien ! Grâce à ces tenues, je peux m’exprimer librement, sans être comprimée. Oui, je me sens libre ! Après la liberté, ça n’est pas simplement des vêtements, c’est aussi dans l’état d’esprit. Ce sont des vêtements qui sont ultra féminins et qui rendent hommage au corps de la femme.
J’essaie simplement de transmettre ce côté Rock, avec tout ce qui va avec !
Les impacts majeurs ont été l’annulation de nos dates de concerts mais aussi la date de sortie du 45T qui devait être pour début avril mais qui, au final, fut pour le 20 mai. Heureusement, avec Tony comme nous ne sommes pas des défaitistes on a rentabilisé cette période pour composer. C’est ainsi que 3 textes ont pris vie et que Tony leur a trouvé une mélodie. Ce qui, du coup, nous permet d’avoir 3 chansons supplémentaires au répertoire. On a hâte désormais de retrouver nos compères rythmiques, Fredo Lherm à la basse et Fred Kolinski à la batterie pour les travailler en groupe et aussi les planches car le public me et nous manque. Ce sont toujours de super moments de partages.
Vive la liberté et vive le Rock !
Encore un grand merci pour ta disponibilité et la sincérité de tes réponses.