Avant de monter sur la scène du festival Retro C Trop à Tilloloy le 26 juin 2016, Ian Anderson, le charismatique fondateur du groupe Jethro Tull, a accepté de répondre aux questions de Ride The Sky.
– En 2018, Jethro Tull va fêter ses 50 ans de carrière. Pensais-tu atteindre cette longévité lorsque tu as commencé ?
Non mais je pense que lorsque l’on commence quelque chose comme ça on pense peut-être deux, trois ou quatre ans. Mais à partir de 1971 / 72, j’ai pensé que les choses se présentaient bien et que cela pouvait durer toute une vie. Et cela s’est passé comme ça, nous avons eu de la chance.
– Qu’est-ce qui te motive pour continuer à monter sur scène ?
En fait je ne sors pas beaucoup de chez moi, donc quand je le fais j’aime avoir une bonne raison. Je fais à peu près 85 concerts par an, ce qui veut dire que je ne suis pas à la maison pendant presque la moitié de l’année. Mais j’ai une bonne raison : je vais travailler. Comme n’importe quel individu je dois travailler, payer les factures, nourrir ma femme et mes chats. C’est ma philosophie, je suis un travailleur. Et je suis un travailleur qui paye ses taxes. Je crois que la société doit être responsable et payer les taxes est quelque chose que j’aime faire. Beaucoup de gens que je connais n’aiment pas et essayent de trouver des moyens pour éviter ça, comme les sportifs, les acteurs, les musiciens, les hommes politiques. Mais pas moi, je paye les taxes que je dois.
– Tu as une énergie incroyable sur scène, quel est ton secret pour ça ?
Depuis ce temps là je mange mes épinards, mes brocolis et mon chou, beaucoup de légumes verts et pas trop de viande. Je ne suis pas végétarien, j’aime juste manger des légumes. C’est là que je trouve l’énergie quand j’en ai besoin !
– Tu touches plusieurs générations de public, comment expliques-tu son renouvellement au fil des années ?
Si on écoute des groupes contemporains comme Muse, on réalise que la musique n’est pas si différente de celle qui sortait au début des années 1970. Ce n’est pas la même chose, mais ce n’est pas très différent. Donc les gens doivent probablement se demander d’où vient la musique d’aujourd’hui, et s’ils sont curieux, ils vont écouter la musique que leurs parents et leurs grand parents écoutent. Ça ne veut pas dire qu’ils retournent en arrière mais plutôt qu’ils cherchent à être inspirés par ceux qui sont à l’origine de cette musique. Si quelqu’un est fan de jazz, il ne passera pas son temps à écouter des groupes de jazz contemporains. Il cherchera dans le passé et écoutera Charlie Parker, Ornette Coleman, Duke Ellington, Count Basie… là où tout a commencé, parce que ça fait partie de la compréhension de la musique. Et c’est pareil avec le rock.
– Comment choisis-tu les titres que vous jouez en concert ? Pourquoi privilégier un titre plutôt qu’un autre ?
– Pourquoi as-tu abandonné la composition de concept-albums tels que « Passion Play » et « Thick as a Brick » ?
Je n’ai jamais vraiment abandonné, les deux derniers albums que j’ai produit sont des concept-albums. « Homo Eraticus » en 2014 et « Thick as a Brick 2 » en 2012 sont des concept-albums avec une histoire, une production élaborée, des vidéos et une tournée. Les dates que nous faisons après les festivals d’été sont une série de concerts qui font partie de cette production avec les écrans vidéo et d’autres musiciens. C’est quelque chose de bien plus conceptuel parce que nous racontons une histoire. Donc je n’ai pas abandonné, je le fais toujours, trop peut-être ! Entre temps nous faisons des concerts comme ici. C’est une expérience totalement différente : pas de soundcheck, quelques best-of sur scène et retour à la maison.
– Pour terminer, as-tu un message pour tes fans français ?
Remerciements à l’organisation du Festival Retro C Trop (Ginger, Ludovic Bocquet) pour avoir rendu possible cet entretien.