Interview Distillery – Avril 2020

Publié : 11 avril 2020 par Alain B. dans Interviews, Musique, News
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Par Alain Boucly

La scène Rock havraise a le vent en poupe actuellement, avec de nombreux groupes de qualité, promis à un bel avenir. Distillery fait partie de cette catégorie, avec un second album particulièrement abouti, et une succession de concerts sur des scènes renommées. Il n’en fallait pas plus à Ride The Sky pour s’intéresser de près à ce combo, afin de découvrir leurs secrets…

Merci à John, guitariste de Distillery, d’avoir joué le jeu, et pris le temps de répondre à ces quelques questions pour Ride The Sky.

– Peux-tu résumer les grandes lignes de la carrière de Distillery depuis sa création ?

Le groupe est issu d’une discussion au cours d’une soirée d’amis musiciens, (issus du Metal pour la plupart) qui décident de faire du Hard rock. Le nom du groupe a été trouvé avant même que des compos sortent (rires). Ça a commencé début 2014 par des reprises, pour finalement évoluer très vite vers des compos. Le line-up original se composait de 3 guitaristes, ce qui était intéressant dans le sens où on voulait apporter quelque chose de nouveau. Le premier album, « LH overdrive » est sorti rapidement (en 2016), enregistré et masterisé à la maison. Nous avons eu ensuite pas mal de plans avec des concert vraiment sympas, dont une date à Caen, dans la super salle du BBC.
D’ailleurs nous avons tenté le tremplin Emergenza qui s’est arrêté pour nous à la l’issue de la seconde étape, malheureusement.
Dès l’entame de la composition du second album, quelques tensions sont apparues dans le groupe (qui n’ont rien à voir avec la musique), provoquant le départ de 2 des 3 guitaristes. Fin 2017, nous décidons de rebondir rapidement en embauchant Damien à la guitare et de revenir à une formation classique. Le groupe est constitué ainsi depuis 2 ans et demi. Avec un peu de recul, nous avons décidé de nous investir encore un peu plus parce qu’on se disait qu’il y avait vraiment moyen de faire quelque chose, surtout avec l’arrivée de Damien. Le 31 mai 2019 nous sortons « A Glass of Jack », en CD et Vinyle. Il s’en est suivi quelques dates, dont une en particulier qui nous a marqué.

En septembre 2019 nous avons joué au Magic Mirrors (Le Havre ndr) en première partie de Phil Campbell and the Bastards Sons. Nous avons eu aussi de très bonnes chroniques de l’album, comme celle de Metallian n°114 qui nous encourage à poursuivre. Nous avons de plus en plus d’abonnés sur Facebook et plusieurs clips sur You tube dont quelques live. Je pense que nous souffrons encore d’un manque de visibilité, ce qui peut s’expliquer par la multitude de groupe qui se gèrent en autoproduction, et de ce fait, n’ont pas la possibilité de se distinguer. Le troisième album est en écriture et nous préparons la sortie du confinement pour refaire de la scène !

– On met souvent des étiquettes sur les groupes, et tu n’échappes pas à la règle… Comment définirais-tu Distillery?

Au départ, on cherchait un croisement entre le blues et le hard rock. Cela s’entend sur le premier album. Puis avec le changement de line-up et les compos actuelles, je dirai que l’on joue du Hard Rock qui a tendance à tirer vers le Heavy Metal, parfois un peu stoner. On ne cherche pas à jouer un style en particulier mais à jouer ce qu’il nous plait sans réfléchir à l’étiquette que l’on va nous coller. Après, avec le temps on se rend compte que dans notre style, et bien il n’y a pas ou plus vraiment de place dans les festivals. On a un peu de mal à rentrer dans les concerts metal et en même temps on ne peut pas jouer à la sortie de l’église le dimanche non plus. Il existe des festivals heavy metal, black metal, thrash ou autre, et finalement nous on est un peu dans tout ça et nulle part à la fois. Les gens qui nous offrent la possibilité de jouer nous font généralement confiance, car ils aiment ce que l’on fait, mais aussi parce que nous sommes loin d’être des débutants. Avec le recul, notre musique ne se situe pas dans une mouvance particulière, d’où la difficulté de se faire une place. Après, peut-être que c’est une opportunité de se mettre en avant, je ne sais pas…

– Si tu devais convaincre quelqu’un d’écouter votre musique, que dirais-tu ?

Je lui proposerais d’aller voir un clip sur You tube. En effet, je pense que l’on véhicule une image avec notre musique, et par expérience, souvent les gens accrochent parce qu’ils nous voient ensemble, unis avec nos instruments avec des belles voitures, de belles femmes, sur scène, dans des bagarres, etc. Sans oublier le logo du groupe en fond (en ajoutant à cela notre amour pour le bourbon).

– Quelles sont vos influences ?

Très diverses, nous sommes tous assez éclectiques mais ce qui nous réunit est avant tout des groupes comme AC/DC, Motörhead, Twisted Sister, Metallica, Megadeth, Iron Maiden, Dio, Black Sabbath, Judas Priest, Helloween, classique quoi !

– Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Je réécoute un groupe de thrash des années 80-90 peu connu et qui n’a pas survécu à l’an 2000 : Wargasm. 3 gaziers avec une patate incroyable et surtout d’excellents musiciens peut-être un peu en avance sur leur temps. Leur album « Why Play Around » de 88 est juste une merveille. Ils auraient mérité d’être sur le devant de la scène au même titre qu’un Megadeth, Slayer ou autre.

Je découvre aussi en ce moment les albums de Megadeth qui non pas trop marché ou critiqué (« Cryptic Writings », « Risk »,…). C’est intéressant de voir avec le recul comment un album qui pouvait être réprimé car n’entrant pas dans les codes du groupe à l’époque peut être un pure merveille de composition (je ne dis pas que tout est bon quand même !). Ça m’a un peu fait le même effet qu’avec « Chinese Democracy » des Guns qui est juste un pur album, même s’il n’est pas un « bon album des Guns ».

– Quel bilan faites-vous, près d’un an après la sortie de votre 2ème album « A Glass Of Jack » ?

On est fier de cet album parce que l’on a vraiment progressé depuis le premier. Nous avons pris le temps nécessaire aussi pour travailler le chant, et le son est vraiment très bon,, dans le sens ou on n’a pas à rougir par rapport à de grosses productions. On a rapidement commencé à composer d’autres morceaux : l’inspiration est toujours là et nous savons que nous avons encore une marge de progression. Le public nous suit et nous n’avons que de bons retours de nos live. Non seulement des gens qui viennent nous voir, mais aussi des organisateurs de concerts ou même des techniciens avec lesquels on a travaillé. Comme je le disais précédemment, il nous manque le petit truc qui nous mettra un peu plus en lumière. On fait ça avant tout pour se faire plaisir car bien sûr, à nos âges, on a nos familles nos boulots et nous ne sommes pas dans un objectif de carrière au sens que l’on veut en vivre. Mais on a tous les 5 les mêmes rêves de pouvoir se produire dans des festivals à grande échelle.

– Avez vous commencé à travailler sur le prochain opus et quelles en seront les principales orientations ? Faut il s’attendre à une évolution des compositions ?

Clairement, et ce dès la sortie de « A Glass of Jack ». On a une dizaine de compos en cours. En ce qui concerne une évolution, on se pose justement la question. pas tant sur les compos mais plutôt sur le son et le chant. Est-ce qu’on fait juste une suite, est-ce qu’on se risque à faire autrement ? Disons que l’on a le contenu mais que le contenant nous fait encore réfléchir.

– Avec Dirty Dogz, on vous voit souvent sur la même affiche. Y a t’il une raison particulière ?

Nous avons fait un concert avec eux dans un pub au Havre il y a quelques années quand ils démarraient et on en connaissait certains du groupe parce qu’ils jouaient aussi dans Bloody Rosie (Cover AC/DC). Nous leur avons proposer de faire notre première partie lors de notre release party de « A Glass of Jack » parce qu’on trouvait que leur univers musical était assez proche du notre. Je pense que le côté « AC/DC » nous a rapproché. Et puis les gars sont sympas !

– Comment choisissez-vous les titres de la set list de chaque concert ? Avez vous des morceaux incontournables ?

C’est souvent le sujet où nous avons du mal à nous mettre d’accord au départ. Effectivement nous avons nos incontournables comme « Prisoner of Rock’n Roll », « Insane », « The Power of Song ».  Après, certains d’entre nous souhaitent éviter de faire trop de changement, alors que d’autres aimeraient intégrer des nouveautés. Au final, on trouve toujours un compromis. L’exercice est intéressant en tout cas, même s’il nous coute cher parfois en apéro (rires)

– Quel est ton avis sur la situation du metal en France, et son évolution lors de ces dernières années ?

Je ne suis plus autant qu’avant l’actu du metal français, mais j’écoute ce qui passe entre mes mains ou celles de Damien avec qui nous échangeons énormément. Pour rejoindre un peu ce que je disais avant, si les groupes n’ont pas une étiquette particulière on ne les mets pas en avant c’est parfois dommage. On a eu l’occasion de jouer avec de très bon groupes qui sont parfois encore plus dans l’ombre que nous alors que ce sont de vrais artistes, expérimentés pour certains.

Cela dit, j’ai quand même l’impression qu’il y a un peu moins l’effet de mode qu’à une certaine époque et que chacun écoute ce qu’il veut sans culpabilité. Et puis, le public metal est quand même composé majoritairement de gens très tolérants, ce qui n’est pas le cas de tous les publics !

– Quels sont vos projets et dates de concerts prévues ?

Avec le confinement, de nombreuses dates ont été annulées. Nous en re-planifions certaines mais pour l’instant c’est encore flou. Nous allons continuer à travailler le 3ème album.

– La question que tu aurais aimé que je te pose ?

Comment un groupe de copains qui font ça d’abord pour s’amuser, qui n’en tire aucun revenu et qui a du mal à se faire connaitre tiens encore au bout de 6 ans ? Il y a avant tout l’amitié qui est souvent mise à l’épreuve par la vie et les événements parfois très perturbants et puis les idées. Nous avons vraiment encore de la matière, avec plein d’idées de choses à faire sur scène. J’aime bien lire en ce moment quelques biographies de groupes connus, et en ayant connaissance de leur intimité, tu te rends compte que connu ou pas, les bonheurs et les difficultés sont au final à peu près les mêmes. En tout cas, quand on se retrouve derrières nos instruments à jouer, c’est toujours du bonheur et tant qu’il y aura ça, ça continuera.

– Je te laisse le mot de la fin !

Merci pour l’intérêt que vous portez au groupe. J’espère que mes réponses cette interview est à la hauteur de ce que tu souhaites et que nous aurons l’occasion de te croiser à une de nos prochaines dates !

Merci beaucoup pour ta patience et ta participation à cette interview

Photos prises au McDaid’s et au Tétris / Le Havre
© Alain Boucly