Entretien avec le chanteur / guitariste de Lonewolf, Jens Börner réalisé par Marie-France BOUCLY lors du Festival de Vouziers le 29 octobre 2016.
– Depuis quand l’aventure Lonewolf a t’elle commencée ? Peux-tu nous la résumer ?
Le groupe s’est créé en 1992, puis avons splitté 4 ans après. Nous avons enregistré plusieurs démos et 45 tours, comme cela se faisait à cette époque là.
La reformation de Lonewolf a eu lieu en 2001, et nous en sommes à 8 albums sortis depuis cette date.
– Quelle a été la motivation qui t’as poussée à créer le groupe ?
Running Wild ! Quand j’ai écouté l’album « Under Jolly Roger » en 1987, il s’est vraiment passé quelque chose en moi. A partir de ce moment, je savais que j’allais être métalleux et naturellement, j’en ai eu assez de faire de la « air guitar » devant un miroir. Du coup, avec une vraie guitare cette fois, j’ai commencé à jouer les riffs de Running Wild et Grave Digger. La seule chose qui a été plus forte que ça et qui a vraiment changé ma vie, c’est la naissance de ma fille.
– Parles nous un peu de tes influences…
Ce sont essentiellement des racines allemandes avec Grave Digger, Stormwitch, Grave Digger et les vieux Helloween. Ce sont vraiment des groupes cultes que j’ai dans le sang ! Ensuite il y a également le côté épique comme Manilla Road ou Omen qui m’influence énormément, auquel on peut ajouter quelques trucs de Black comme Bathory, dont je porte le tee shirt sur scène aujourd’hui. J’intègre ce style dans les morceaux avec une approche davantage orientée heavy metal.
– Votre dernier album « The Heathen Dawn » est sorti en mars 2016 chez Massacre records. Quelles sont les évolutions par rapport au précédent ?
Le côté épique est davantage mis en avant et il est également beaucoup plus travaillé.
Sur l’album précédent, nous avions eu envie de faire du « teuton » pur et dur, vraiment direct, alors que sur « The Heathen Dawn », on sent un travail abouti avec des titres plus fédérateurs, notamment dans les refrains. On se rend également compte à l’écoute de cet album, de la qualité des arrangements nettement plus élaborés.
– De quoi parlent vos morceaux ?
De beaucoup de choses, notamment certains thèmes qui peuvent paraitre « clichés », mais que je revendique, car c’est lié au heavy metal qui coule dans mes veines. C’est assez diversifié, avec par exemple sur l’album « The Heathen Dawn », le dernier morceau « Song For The Fallen » qui parle des victimes du Bataclan. En précisant bien que cela n’est pas uniquement pour celles qui sont décédées, car les victimes sont également celles qui ont perdu un être cher, qui resteront handicapées ou marquées à vie.
« The Birth Of The Nation » aborde la naissance de l’Allemagne, chose qui m’est très chère, mes parents étant d’origine allemande. D’autres sujets sont abordés, comme le fait de se battre pour ce que l’on croit, sans écouter les influences extérieures ni les personnes qui veulent te cloisonner pour t’empêcher de vivre tes rêves. Que tu aies 20, 30, 40 ou 50 ans, cela ne change rien. Car dans un monde ou tu n’est plus très libre, il faut continuer à te battre pour faire ce dont tu as envie.
– Quelles sont les objectifs que vous vous êtes fixés pour votre carrière ? Certains d’entre eux ont ils déjà été atteints ?
Oui, parce que nous sommes conscient que nous ne sommes ni en Allemagne, ni en Grèce, ni en Pologne, même si il faut bien avouer que cela se passe mieux depuis 7 ou 8 ans. C’est une sacrée chance pour un groupe français qui fait du pur heavy metal, de parvenir à tourner comme on le fait, et ça c’est énorme ! C’est magique d’avoir des anciens musiciens de Running Wild ou le chanteur de Wizard participer aux albums de Lonewolf. Naturellement, il y a toujours l’envie de jouer avec tel ou tel groupe et de tourner davantage, mais il faut rester lucide par rapport à la chance, pour un groupe français, d’être arrivés là ou nous sommes.
– Il est rare qu’un groupe de Heavy Metal français s’exporte autant, avec de nombreuses tournées à la clé. Comment l’expliques-tu ?
Je crois que la réponse est dans la précédente question ! (rires)
– As tu une anecdote croustillante vécue en tournée à nous raconter ?
Soit je n’en ai pas, soit c’est trop croustillant pour les personnes concernées et je ne peux pas le dire ! Franchement !
– A ce point là ?
Cela a fait partie de la jeunesse du groupe, avec quelques uns de ses musiciens… Si tu parles des groupies par exemple, chacun a ses idées et son approche personnelle face à ce genre de situation. Il est clair de dans le monde de la musique, tu as l’occasion de faire des rencontres, mais je ne suis pas branché groupies. Il y a 2 raison à cela: D’une part, le fait d’avoir vécu longtemps avec la mère de ma fille et d’autre part, je préfère boire un coup avec ceux qui payent pour nous voir. Aujourd’hui à Vouziers, il y en a qui ont fait 800 bornes pour assister aux concerts de Lonewolf et Grave Digger ! Je ne vais pas passer mon temps avec une fille que je ne connais pas alors que tu peux aller à la rencontre du public, discuter, boire un coup avec lui, et le rendre heureux. Tu te rends compte, cela coute très cher de venir d’aussi loin. Si l’on ajoute le cout de l’essence, sûrement l’hôtel et les frais, le budget total est conséquent, juste pour nous voir ! Alors c’est mieux de faire une photo avec ce mec là plutôt que d’aller avec n’importe qui ! Il y a aussi le fait d’avoir une fille que j’aime plus que tout au monde. Du coup je me projette sur elle et je deviendrai fou si elle devenait comme ça, une groupie. Après, je ne condamne pas, chacun agit comme il le souhaite, et cela dépend aussi de la personne, de sa conscience. Et j’ai la mienne qui me dit: « C’est comme ça et pas autrement »!
– Qu’as tu pensé du show de ce soir et du public de Vouziers ?
J’ai trouvé ça génial ! Nous avons été bluffé d’avoir un public aussi nombreux en ayant joué si tôt dans l’après midi. Il faut dire qu’un car a fait le déplacement, et la quarantaine de personnes présente a pu en entrainer 300 autres ! Mais de voir autant de monde que l’on ne connait pas être « dedans » à ce point est une grande satisfaction. Les ventes au merchandising ont confirmé que le show a été apprécié. C’est une journée ou nous avons tout pour être heureux !
– Vous venez d’être confirmé à l’affiche du Paris Metal France Festival qui se déroulera les 6, 7 et 8 janvier 2017. Quelle est ta réaction par rapport à cet évènement ?
Je ne vise pas du tout les parisiens dans mes paroles, mais je ne suis pas du genre à vouloir absolument jouer à Paris. Je suis aussi content de monter sur scène à Berlin ou Athènes ! Maintenant, nous jouons à Paris (Ris Orangis ndr), et ça me fait super plaisir d’autant que ce sera la première fois depuis 15 ans. La dernière fois, ce devait être il y a 16 ans sur une péniche!
– Un dernier mot pour les fans et les lecteurs de Ride The Sky?
Je voudrais vraiment remercier de tout cœur le public qui vient au concert, participe en chantant les refrains ! Et surtout n’hésitez pas à aller à notre rencontre, à discuter, boire une bière, délirer, fumer une clope…. Mais en tout cas, je vous dit vraiment merci, merci…. Car c’est grâce à vous que l’on peut faire ce genre de date, que l’on peut jouer en France et à l’étranger, il ne faut jamais l’oublier.
Je te remercie Jens pour ta patience et ta disponibilité.
Entretien & Réalisation: © 2016 Marie-France BOUCLY
Photos: © 2016 Alain BOUCLY