Une impression de déjà vu. Les mêmes personnes qui traînent dans la pièce et commencent à râler. D’abord, ce réveil à 6 heures du matin dans cette chambre de « Moon Light » hôtel sis rue des poètes disparus à Paris. L’angoisse me noue les tripes. De grosses gouttes de sueur froide coulent. Je me sens glacé d’effroi. Je me redresse en titubant. Je suis là encore, ça va aller. Ce même rêve dans cette cabine de bain avec des ombres qui rôdent ; je vois parmi eux Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin, Kurt Cobain, Peter Steele, James Ronnie Dio et Jon Lord de Deep Purple. Ces images et ces visages, si familiers, semblent être le film de la vie d’un autre, ou d’autres pour être précis, mais pas le mien. Or, le fait de voir et revoir le même rêve depuis plusieurs jours, laisse dire que cette création, aussi étrange soit-elle, est bel et bien la mienne. « Te voilà de retour parmi nous », me dit Dio. Je me metss à hurler et je me réveille. De simples créations de mon esprit fatigué qui déjante déjà depuis quelques mois. Je ne sais pas exactement comment tout cela a commencé. Ce devrait être ces maudites notes que j’entends tout le temps et qui m’empêchent de dormir ; et peut-être les résidus d’une substance prise il y a quelques années. Quand je m’endors, elles m’arrachent de mon léger sommeil de cette étrange façon. Dans cette cabine de bain Jim Morrison est allongé par terre à côté de Jimi Hendrix ; ce dernier pas encore étouffé par son vomi. Les deux chantent sur un standard blues que je n’arrive pas à reconnaître. Hendrix me dit : « Tu le connais, c’est sûr et tu fais le malin ». Je lui dis que non et ce tube ne figure pas dans mon disque dur. Les deux rigolent. Ils ne savent pas ce que cela veut dire. Hendrix et Morrison ont tellement pompé de coke et d’héroïne et ont fumé tellement de bonne marijuana que la cabine ressemble maintenant à un sauna. Un épais nuage bleu et gris plombe l’espace. Ils flottent et chantent comme des rossignols qui répandent leurs refrains dans les jardins de Samarkand. Je suis à côté d’eux. Je regarde, j’écoute et je plane. C’est normal. Ils sont jeunes, fous et seuls. La voix de Janis retentit dans une autre pièce. Elle discute avec une autre personne qui gratte son instrument. La jeune femme lui sourit avec tendresse. Je connais bien le timbre du garçon le plus moche du collège ; la pauvre Janis parle comme un tas de verre pilé dans sa gorge tétanisée par l’alcool et l’acide. « Summer Time » entonne-t-elle ; Phill Lynott de Thin Lizzy enchaînent et rythme avec sa basse. « Où vas-tu ? » me demandent-ils tous les deux à la fois. Je me lève broyé par un mélange de fascination et d’angoisse. « Tu joues à quoi, là, Abderrahim » ajoute Phil avec sa tonalité caverneuse et solennelle. « Je vais vomir…faut que je sorte de cet endroit ». Janis pense que je suis dans un « bad trip ». J’implore Dieu de me libérer de ce rêve interminable…Je tombe en avant. Comme d’habitude, je me recroqueville et puis je me réveille.
Type: Fiction
Musique: Type O Negative
9 Mars