Interview de Bukowski [2013-06 – Hellfest]

Publié : 21 septembre 2013 par Cynthia K. dans Interviews
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Avec Mathieu (Chanteur du groupe Bukowski), on a eu envie de discuter durant le tumulte du Hellfest afin de parler du groupe, de la composition et de la musique en général.

Bukowski - Hazardous Creatures

On est là pour parler de votre nouvel album « Hazardous Creatures », sorti en avril, tu as déjà eu pas mal d’interviews dessus.
J’ai l’impression qu’il y a deux types de personnes ceux qui ne jurent que par celui-ci et ceux qui ont préféré « The Midnight Sons », sorti en 2011, qu’en penses-tu ?

C’est vrai qu’il y a deux types de personnes comme tu dis, mais on s’est donné à fond pour les deux albums.
On compose toujours de la même façon mais c’est vrai que Fred (Duquesne, deuxième guitariste) est arrivé. Il trouvait que dans les albums précédents les chansons étaient trop longues et il voulait quelque chose de plus standard dans le format. On a fait un truc plus « grosse prod ».

Vous allez faire quoi pour le prochain album, rester sur cette ligne ou revenir vers des morceaux plus longs ?

C’est Fred qui a imposé un truc sur le moment, on a suivi. Certaines personnes nous on dit avoir regretté que nos morceaux ne soient pas plus longs. Ils sont plus formatés car notre guitariste est très comme ça, il faut aller à l’essentiel. C’est plus simple pour le passage radio mais à part OUI FM et le Rock Fort Show on ne passe pas, alors autant faire ce qu’on aime.

Parlons de l’arrivée de Fred, pour les concerts, un guitariste en plus ça ne change pas tout ?

Le fait d’être soutenu au niveau de la guitare c’est excellent, je peux me concentrer plus sur la chanson du coup. Avant j’avais deux rôles, c’était très dur, quand tu fais un pain à la guitare ça s’entend, si tu perds le fil dans la chanson ça s’entend. Là, je sais que je peux m’asseoir sur un mec qui assure. Je peux donc alléger ma partie de guitare pour me concentrer sur le chant.
Par contre, il y a ce coté power trio qui a disparu et à la base on ne l’a pas voulu. Niko (le batteur) s’est barré et on a dû s’adapter. Il y avait une connivence entre nous. On est avec un petit jeune maintenant. Nicolas c’était un rocker pur et dur moins technique mais il faisait vraiment tout pour en mettre plein la gueule, tu le regardais jouer, c’était un spectacle à lui tout seul, un showman. Là, on l’a échangé contre un bon batteur très technique mais qui a moins une gueule.

C’est vrai que sur scène Niko en imposait, d’ailleurs je vous ai vu l’année dernière sur scène au Hellfest et votre prestation a été encensée, ça fait quoi ?

Oui, ça a été une des meilleurs critiques des groupes français. C’est des choses qui font que sur une bio ça pète.

Et avec cette nouvelle formation vous arriveriez à nous refaire le même spectacle ?

Ça, c’est que tu ne nous as pas vus au divan du monde (le 15 mai 2013).
Car Fred, au-delà d’être un guitariste, il a un matos de malade. Donc forcément, on a un son de fous furieux.
Le coté power trio me manque mais par contre on a maintenant un son vraiment top. Il a amené un truc niveau technique qui fait une grande différence.

Souvent, quand on passe la formation du power trio les membres, à part le chanteur, sont tous plus ou moins interchangeable c’est votre cas ?

Dans notre groupe, on a mon frère Julien et on dit souvent que c’est un show dans le show, il est formidable ; je ne suis pas le leader on est à deux. Mon frère a toujours été la clé du succès.

Tu gères comment la présence de ton frère, pas trop d’engueulades ?

On s’engueule souvent. Mon frère, il emmagasine tout et il explose. On essaye toujours d’avoir le dernier mot et c’est vrai que c’est assez rare d’avoir deux meneurs dans un groupe. On a deux personnalités et on ne se bouffe pas.
Fred est arrivé avec son coté neo metal, avec son background, il a réussi à nous respecter, à apprendre les morceaux et à rester en arrière.
Tu verras à la fin d’un concert tu me diras « ça valait le coût ».

Que penses-tu de la scène française actuelle et de la place du metal sur cette scène ?

La France a toujours été en retard sur la musique et pas seulement sur le metal. Quand tu regardes quand l’Angleterre avait les Beatles, nous on avait salut les copains. Il n’y avait pas cette créativité. Il y avait beaucoup ou même quasiment que des reprises de standards américains. On était complètement largué là-dessus et on le paie encore aujourd’hui. On n’a pas de grands groupes comme les grecs avec Moonspell ou d’autres groupes connus dans le monde. Mais on est en train de développer le truc et il ne faut pas lâcher.

Ce genre de festival qui a une bonne visibilité peut aider ?

Complètement, ce genre de festival peut permettre de faire connaître le metal français et créer des opportunités. Mais il faut arrêter de faire du metal franco-français et se donner l’opportunité de pouvoir s’exporter, d’où le chant en anglais.

Tu ne penses pas qu’en France on a tendance à tout intellectualiser ?

En France, on veut que les chansons portent des messages alors que les textes américains sont simples mais ont du rythme. C’est pour ça que je dis souvent à mon frère, qui écrit toutes les chansons, de ne pas retranscrire du français en anglais. On utilise des sites pour traduire mais des fois ce n’est pas top.
Dans la musique, il faut faire des choses simples. Si on traduit certaines chansons en français ça donnerait des textes abominables.
Mon frère a compris ça depuis peu. Il écrit des choses plus simple car sinon c’est inchantable. Car ce qui est important au-delà du texte c’est que ça soit musical. Je me suis battu avec lui pour que les textes soient plus simples. On veut faire des refrains que tout le monde puisse hurler en concert.
La culture anglaise est très différente de la culture française, il y a des expressions toutes faites qui ne sont pas traduisibles. Il ne faut pas chercher les textes qui veulent trop dire de choses mais des textes qui sonnent. J’hallucine de la pauvreté des paroles des chansons de Motley Crue mais pourtant c’est génial musicalement.
Mon frère adore la langue française, mais la langue française est des fois trop fournie pour se permettre une simplicité.

Qu’est ce qui t’inspire de la scène française ?

J’adore Noir Désir et on n’a jamais retrouvé ça. Quand j’étais petit mon père m’a fait connaître Téléphone avec « Argent trop cher », « Crache ton venin » et c’était vachement bien.
Je suis fan, en ce moment, de ce que font les Shaka Ponk. Ils n’oublient pas que c’est un spectacle que les gens viennent voir. Le combat entre le singe et le batteur durant le concert est trop top.
On est un peu comme Shaka Ponk, on fait une vraie différence entre le CD et la scène pour que les personnes qui viennent nous voir soient sur le cul.

Interview réalisée par Cynthia Kwiatkowski

Interview réalisée à Amiens