Interview Pat McManus

Publié : 14 décembre 2015 par Alain B. dans Interviews, Musique
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Réalisation et traduction: Sandrine CHATEL

Entretien réalisé avant le concert du Pacific Rock à Cergy (95), où Pat McManus, Marty McDermott et Paul Faloon ont pris le temps pour se confier à Sandrine.

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– Pat, d’où vient ton surnom  »The Professor » ?

C’est une longue histoire mais en résumé, nous allions jouer à Dublin tous les mois et à chaque fois à la fin de la soirée tout le monde venait me demander quel équipement j’utilisais, quelles pédales j’utilisais, comment je faisais ci ou ça alors je leur expliquais. Un soir le manager m’a dit que je devais partir et un homme à levé la main en disant ‘Non non non, laissez  »The Professor » tranquille, il nous apprend des choses !’ Voilà, ça a commencé comme ça !

– Justement, avec ce nom « The Professor », donnes tu des cours ?

Oui j’enseigne le violon, un peu la guitare aussi, mais surtout le violon parce que de mon point de vue c’est plus satisfaisant. Dans les débuts de la guitare, il faut apprendre à avoir la dextérité sur la guitare. C’est assez difficile si on est très jeune parce que le manche est large. Le violon est plus petit et plus facile, et c’est un peu plus gratifiant parce que je peux enseigner différentes mélodies rapidement.

– Tu continues de jouer souvent en France depuis tes débuts avec Mama’s Boys. Peux-tu nous parler de cette relation avec le public Français depuis toutes ces années ?

Je pense que nous avons eu beaucoup de chance au tout début lorsque nous avons commencé à tourner en France. Les Français avaient un lien fort avec notre groupe. Nous étions au début d’une nouvelle vague de musique britannique à ce moment là et beaucoup de groupes du Royaume-Uni et d’Irlande ne venaient pas en France. Mais nous oui et je pense que nous avions une relation forte avec le public grâce à ça. Nous avons eu la chance d’avoir tourné avec Scorpions sur la tournée française ‘Love At First Sting’ et cela nous a permis d’avoir beaucoup de fans au fil des années. Donc quand nous sommes revenus jouer en France seuls, nous avions déjà des fans qui nous suivaient. La France est un pays qui nous est cher et nous avons toujours apprécié le public, donc c’est une relation spéciale.

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– As-tu ressenti quelque chose de particulier lorsque tu as été le premier groupe à jouer sur la scène de Paris Bercy le 29 février 1984, juste avant Scorpions ?

Nous n’avions aucune idée que ça se soit passé parce que personne ne nous l’avait dit. Nous y sommes allés, nous avons joué et c’est après avoir fini le concert que le promoteur est venu nous dire ‘Vous savez que vous êtes le tout premier groupe à avoir joué ici ?’ Donc nous étions très honorés et nous l’avons jamais oublié. C’était très spécial pour nous parce que nous l’avons réalisé qu’après. Je pense que s’il nous l’avait dit avant nous aurions été stressés. C’est un privilège d’avoir fait ça.

– Tu enregistres des albums à intervalles réguliers et en quelques années seulement. Où trouves-tu l’inspiration et le temps pour composer en étant aussi souvent sur la route ?

Ça dépend. En général je n’écris pas beaucoup, j’ai des idées quand je suis sur la route mais je n’y pense pas, je les garde dans un coin de ma tête et quand je rentre chez moi j’essaye de développer ces idées. Ça vient comme ça. Et c’est drôle, je crois toujours que le dernier album que je fais sera le dernier, que je n’aurai plus jamais une autre idée, et soudainement après six mois sur la route j’oublie cet album et de nouvelles idées arrivent. Pour chaque album je me dis ‘Je n’écrirais plus jamais un autre morceau, je n’ai plus d’idées !’, mais les idées reviennent donc j’ai de la chance comme ça.

– Y a t’il des musiciens qui vous ont influencés ?

Pat: Il y en a eu beaucoup en fait. Personnellement c’était un groupe irlandais appelé Horslips, parce qu’ils avaient beaucoup de musique irlandaise mêlée dans leur musique. Puis je suis passé à Rory Gallagher, Thin Lizzy, et d’autres, mais j’ai surtout été influencé par des groupes irlandais.

Paul: Assurément Horslips parce que j’aime la musique irlandaise mêlée au rock. Quand j’étais jeune c’était les Mama’s Boys aussi !

Marty: Thin Lizzy je suppose, au début. Et puis des groupes comme Whitesnake ou autres. Toutes sortes de choses parce que j’avais la radio tout le temps. Horslips aussi.

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– Tu as enregistré 4 albums studio depuis 2007, comment sélectionnes-tu les morceaux qui seront joués en concert? Tout en sachant que le public attend plusieurs chansons de Mama’s Boys.

Nous essayons de varier le setlist un peu à chaque fois parce que si nous faisons les mêmes morceaux à chaque fois, ça devient ennuyeux. Nous ne changeons pas particulièrement les morceaux de Mama’s Boys parce que je n’en fais pas beaucoup. J’en fais pour les fans qui sont là et je garde ceux qui sont dans la setlist. Après c’est une sorte de loterie concernant les morceaux que nous jouons ou pas. Nous changeons la setlist chaque soir donc si les gens viennent voir le concert demain il sera légèrement différent. Nous n’avons pas d’idée précise de ce que nous allons faire, nous pensons ‘Nous avons fait ça hier soir, mais nous allons faire autre chose ce soir.’

– As-tu des préférences concernant les covers que tu inclues souvent dans la setlist? Slade, ZZTop, Thin Lizzy ou d’autres ?

Je dirais ZZTop parce que je suis un grand fan, et parce que le groupe est un trio comme nous. Ou un morceau de Rory Gallagher parce que c’est aussi un trio. J’aime les morceaux comme ça: Cream, Eric Clapton, Jack Bruce, Ginger Baker… et d’autres trios. Avec les morceaux de Thin Lizzy, etc.., il y a une autre guitare mais j’aime jouer ces morceaux aussi. Donc si nous faisons des reprises, nous aimons faire des morceaux qui viennent de trios.

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– As tu commencé à écrire le prochain album, successeur de « Dark Emerald Highway » sorti en 2013 ?

Pat: Oui, je n’ai jamais vraiment arrêté d’écrire. J’ai des morceaux écrits et en réalité Paul a déjà enregistré la batterie pour le nouvel album, donc il a fini, il peut partir en vacances !

Paul: Je peux boire de la bière et m’amuser maintenant !

Pat: Oui ces morceaux sont finis. cette fois ci je vais faire les choses différemment. Normalement j’allais à Belfast chez Mudd Wallace qui produisait tout. Mais cette fois je vais en Angleterre chez un ancien producteur, celui des Mama’s Boys et qui a aussi produit Gary Moore, Judas Priest, Y&T… Nous sommes d’anciens amis et je n’ai pas travaillé avec lui depuis longtemps donc nous avons pensé qu’il serait bien de retravailler ensemble et de renouveler cette amitié. En plus ce sera un changement pour moi de ne pas avoir la même production tout le temps, donc Chris Tsangarides va produire le prochain album et je suis très content. J’ai hâte de voir comment sera l’album fini.

– Quand peut on espérer sa sortie ?

Pour la prochaine tournée cet automne.

– Lorsque vous êtes tous les trois sur scène, vous avez toujours le sourire et c’est très communicatif avec le public ! Comment l’expliquez-vous ?

Paul: Parfois c’est juste bien de faire un métier qu’on aime faire et qu’on est heureux de faire. J’aime la musique, la musique que nous jouons; j’aime être dans un groupe avec Pat et Marty, donc quand on se sent heureux on sourit.

Marty: C’est aussi simple que ça, nous aimons ce que nous faisons et nous aimons travailler ensemble, voilà !

Pat: Oui, pour moi c’est la musique et quand tout va ensemble comme ça, ça peut être un moment très spécial et nous nous amusons. C’est fait pour être apprécié, on ne veut pas que les gens paient pour voir des musiciens qui regardent leurs pieds ! On doit être en contact avec le public. Et nous aimons la musique, alors lorsque nous voyons le public l’apprécier, ça nous fait sourire.

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– Tu as partagé la scène avec de nombreux musiciens, notamment Andy Powell de Wishbone Ash. Que penses-tu de ce guitariste et de cette l’expérience avec lui ?

C’est drôle, en grandissant Wishbone Ash était un groupe qui m’intéressait beaucoup parce qu’ils avaient un élément folk dans leur musique que j’aimais beaucoup. Et bien sûr les ‘twin guitars’ c’était fascinant pour moi. J’aimais beaucoup Andy comme guitariste, particulièrement le style, la tonalité de sa guitare, le choix des notes. J’ai toujours beaucoup estimé Andy. Pour moi, jouer avec lui a été une opportunité géniale. La première fois que j’ai joué avec Wishbone Ash c’était dans les années 80, et plus tard nous nous sommes retrouvés en France, Andy est venu en Irlande et nous avons joué des morceaux de Wishbone Ash. C’était un privilège pour nous d’être sur la même scène qu’Andy parce qu’il est l’un de mes héros !

– As-tu d’autres projets discographiques ou scéniques avec Andy ?

Et bien ça dépend de combien il me paye !! Non, je ne sais pas, c’est un homme très occupé, je suis un homme très occupé. Si nos chemins se croisent et qu’il se passe quelque chose, nous ferons quelque chose ensemble.

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– Quel est le meilleur souvenir de votre carrière, celui qui restera gravé à jamais dans votre mémoire ?

Pat: Personnellement c’est le Reading Festival avec les Mama’s Boys. Nous ne le savions pas à ce moment là mais nous n’avions pas de contrat d’enregistrement et nous étions le seul groupe non signé à avoir joué au Reading Festival. Donc c’était un vrai accomplissement dans ce sens là, nous avions tout fait nous-mêmes. Nous ne le savions pas à ce moment là, nous l’avons appris des années après par un journaliste. Donc ça restera un souvenir que je n’oublierai jamais, parce que c’était la première fois que nous jouions devant quarante mille personnes, et que j’ai eu l’occasion de voir d’autres groupes ce jour là comme Steve Ray Vaughan qui est passé juste après Mama’s Boys. C’est le meilleur souvenir que j’ai.

Paul: Pour moi, mon meilleur souvenir c’est en mai 2010 lorsque nous avons fait la première partie de Scorpions à Strasbourg. C’était le premier concert en salle en France où nous avons joué devant vingt-quatre, vingt-cinq mille personnes, et faire quelque chose comme ça, surtout avec Pat, est quelque chose que j’avais toujours voulu faire. J’ai même un grand poster de ce concert chez moi. C’est mon souvenir préféré avec le groupe et même de ma carrière.

Marty: Il y en a deux qui me viennent à l’esprit. Le premier était en 1988, je jouais à un festival à Londres. Les Jordanaires jouaient aussi et chaque membre du groupe avait joué à un moment ou un autre avec Elvis. Pendant un morceau, j’ai eu l’impression que l’esprit d’Elvis était sur scène, c’était magique ! L’autre était il y a deux ans, je jouais avec Pat au Patrimonio Festival en Corse. C’était un soir d’été chaud et magnifique. L’ambiance, l’île magnifique et le public ont rendu la soirée magique.

– Avant de se quitter, avez-vous un message pour les fans Français?

Pat: Merci pour tout le soutien depuis toutes ces années, parce que sans vous nous n’aurions aucun intérêt à faire ce que nous faisons, donc tant que vous nous suivez, nous continuerons de jouer et nous vous verrons quelque part sur la route !

Paul: Je dirai juste merci beaucoup pour le soutien, et que Pat est peut-être calme pendant la journée mais il s’éclate le soir !

Marty: Pareil, merci pour tout le soutien, et continuez de venir nous voir, parce que sans vous nous n’existons pas !

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